Obliger un homme noir à mordre le trottoir, placer son pied sur sa tête, et lui briser le cou sans une once de pitié, persuadé d’être dans son bon droit, car après tout, ce nègre avait essayé de voler sa voiture…et voici la charmante personnalité de Derek, dévoilée au spectateur abasourdi et choqué par la violence froide de la scène et saisi d’une incrédulité qui revient sans cesse au cours de la vie mais qui surprend encore et toujours (et heureusement !) : Ca existe une telle haine ? Suis-je de la même race qu’un homme capable de se comporter ainsi ?…
Pour Derek, la mort brutale de ce Noir sous la puissance de sa Doc Martin de blanc était bien la punition adaptée à son crime. Lui, il est blanc et fier de l’être, et ce nègre, ce sous-homme, est venu toucher à sa bagnole au moment même où il baisait sa copine en plus… il n’a eu que ce qu’il méritait !
De toutes manières, Derek a raison et il le sait bien : tout ce qui ne se conforme pas à son idéal a tort, surtout si c’est lui qui vient lui chercher des noises… et venir voler sa voiture, c’est pas chercher des noises ça ? Qui va lui dire qu’il a eu tort de défendre son bien…Son idéal à Derek ? Ne croiser dans les rues de sa ville, de son pays, l’Amérique, que des blancs, chrétiens, américains… patriotes et prêts à faire leur propre loi puisque la police et le gouvernement ne sont pas capables de faire régner l’ordre pour permettre aux Américains blancs et chrétiens de vivre leur vie honnête d’Américains blancs et chrétiens…
American History X relate la vie d’un leader d’un mouvement d’exrême-droite américain, le « White Power Movement », convaincu de meurtre après avoir assassiné deux hommes noirs qu’il avait surpris tentant de voler sa voiture en pleine nuit. Ca pour les assassiner, il les a assassinés, aucune légitime défense là-dedans, et certainement aucun cas de conscience pour Derek… Pour lui, c’est normal, et c’est bien ça qui est le plus troublant dans ce film… comment un esprit peut-il être malade au point de penser qu’il est dans son bon droit quand il écrase la tête d’un homme sur un trottoir, et tire dans le dos d’un autre qui s’enfuyait…tout ça pour un vol de voiture ??? Et d’où naît cette haine, et suis-je de la même espèce que cet homme ?…
Le film est vu à travers les yeux de Danny, le plus jeune frère de Derek, qui lui voue un culte et adore tout ce qu’il fait et ce qu’il représente, lui et les potes skinheads de son mouvement.
Derek est condamné à 3 ans de prison, ce qui pour un double meurtre, selon les standards américains, semble plus que faible… et je vous rappelle que c’est une histoire vraie… je pense que si un Noir avait assassiné 2 blancs qui volaient sa voiture, il aurait écopé d’un peu plus de 3 ans, mais bon, ne refaisons pas l’histoire, n’est-ce pas… Pour Derek, la légitime défense a été prise en compte, normal pour un homme qui a abattu un homme dans le DOS, et a écrabouillé la tête d’un autre sur un trottoir avec sa chaussure, non ?
En prison, Derek va avoir quelques ennuis… pris en grippe par la plupart des autres blancs qui croient aussi en la suprématie de leur « race » (je déteste ce mot), pour s’être opposé à leur leader, il est brutalement violé dans les douches. Pris en amitié par un co-détenu noir, il apprend assez rapidement, car il n’est pas stupide contrairement à la plupart des autres membres de son mouvement, qu’il s’est complètement planté dans la première partie de sa vie et que ce ne sont ni la couleur ni les croyances qui font l’homme… Un retournement de situation assez radical, il ne fait pas des bisous aux Noirs mais il évolue grandement. L’intervention opportune d’un professeur va également encourager cette évolution, d’autant plus que ce prof qui éveille la conscience de Derek est lui aussi noir.
Pendant le film, par le truchement de flash-backs en noir et blanc (lol) très opportuns car ils donnent une vraie dimension au passé, nous commençons à comprendre ce qui a pu entraîner la chute de Derek, ce qui a pu créer chez lui une telle haine ; attention, on n’excuse jamais, on dévoile, on essaye de comprendre. Ainsi, on apprend que Derek a été très influencé par la façon de voir le monde de son géniteur, lequel les a ensuite abandonnés, eux et leur mère, elle-même complètement dépassée par les événements.
On visionne également une scène durant laquelle Derek s’était fait tirer dessus alors qu’il était en train d’éteindre un feu dans un quartier noir.
Le noir et blanc donne vraiment une vraie impression de passé, et j’ai vu ça comme un symbole de l’obscurité dans laquelle Derek vivait alors.
A sa sortie de prison, nous comprenons que Derek a vraiment expié, dans le sens où il a honte, véritablement honte de ses anciennes actions et ne ressent plus que mépris, aversion et méfiance pour son ancien groupuscule néo-nazi, qui à moment de sa vie, et seulement 3 années auparavant, représentait tout son univers.
A sa grande consternation, il va alors se rendre compte que son petit frère Danny, pourtant un gosse intelligent et brillant, a été embrigadé dans le « White Power Movement » par Cameron, le nouveau chef, lequel méritera bien ce qui lui arivera un peu plus tard dans le film…Bien sûr, Derek lui ne réintègre pas le groupe, au grand dam de ses anciens amis qui se retournent contre lui, y compris son ancienne copine, ne lui pardonnant pas ce qu’ils appellent « trahison », trop cons de toute manière pour se poser la moindre question, à part « Où est la bière ? » et « Et si on allait se faire une petite ratonnade ? »…
Evidemment, dans le reste du film, Derek va essayer de persuader son petit frangin que, oui, lui aussi il croyait que c’était bien de faire partie du groupe, mais que finalement c’est mal. Là, s’arrête mon récit, car je ne suis pas comme certains qui prennent un malin plaisir à dévoiler, dans leurs avis les fins des films, se vantant ainsi de « secouer les indifférences… » ( ???)
J’ai trouvé ce film vraiment très fort, très bien traité et très bien filmé, et merveilleusement bien interprété. J’y ai trouvé un judicieux mélange de drame, d’action, d’humour et de réflexion tous nécessaires pour faire réfléchir sur ce thème douloureux de la haine raciale.
Bien sûr, ça fait mal de savoir que de nos jours, malgré toutes les leçons de l’Histoire, on vous juge encore sur la couleur de votre peau, votre religion, le pays où vous êtes nés, mais j’aime à connaître et à savoir pour essayer de lutter. Essayer de lutter contre des discours de haine qu’on peut parfois me tenir, essayer de lutter contre la haine que suscite parfois ce que je suis, essayer de lutter contre mes propres préjugés évidemment…
La plupart des gens vont se dire, ok, les néo-nazis c’est horrible mais ça reste quand même une minorité… ce ne sont souvent que des pauvres gens lobotomisés qui ont besoin d’en blâmer d’autres, différents d’eux, pour leur vie inadaptée et à qui la haine donne une raison d’être… mais il n’y a pas qu’eux… si on ajoute ceux qui n’aiment pas les Noirs, ceux qui n’aiment pas les Juifs, ceux qui n’aiment pas les Arabes, ceux qui n’aiment pas les homos, etc etc, je pense qu’on atteindra un assez fort pourcentage de la population… ok, ils n’écraseront la tête de personne sur le trottoir, mais c’est quand même grave et dangereux, et il convient de combattre ça au quotidien, y compris évidemment, et en premier lieu, dans son propre cœur et son propre cerveau !!! Que celui qui n’a aucun préjugé me jette la première pierre … aïeuuuuuuuuu !
Derek est interprété par l’acteur Edward Norton, célèbre notamment pour le film Fight Club. C’est un excellent acteur, très crédible dans ce rôle difficile, qui éclaire le film de bout en bout. Au début du film, c’est un pauvre type avec une croix gammée tatouée sur le corps, qu’on croirait limite lobotomisé, en tout cas une boule de haine qui ne sait même plus pourquoi il hait, mais qui hait et qui tue brutalement et quasi-gratuitement.
Puis, on retrouve un homme changé, qui a su se remettre en question, donc intelligent, qui comprend ses erreurs passées et trouve le courage de se battre pour lui et sa famille.
Edward Furlong, lui, joue le jeune Danny, un garçon brillant et intelligent, mais perdu, pour qui ce grand frère est la figure paternelle qui lui a manqué et qu’il imite donc sans ses moindres faits et gestes. On imagine donc son désarroi quand son grand frère adoré vient lui dire « Fais ce que dis, mais fais pas ce que j’ai fait… ». Une excellente performance là aussi, pour ce jeune acteur vu dans Terminator 2 ou Animal Factory.
En conclusion, un très bon film, basé sur un excellent scénario, et servi par une interprétation sans faille. Un film qui s’attache à un cas particulier, et montre que la rédemption existe et qu’il ne faut pas juger à l’emporte-pièce, même quand les émotions et le dégoût nous submergent. Qui nous incite à ne pas juger un livre d’après sa couverture, mais à plonger dedans . A voir.
Caractéristiques techniques du DVD
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Réalisé par Tony Kaye en 2000.
Distribution : Tony Kaye , Edward Norton , Edward Furlong , Stacy Keach , Elliott Gould, Beverly d’Angelo
Interdit aux moins de 12 ans
Langue 1: anglais
Encodage 1: Dolby digital 5.1
Langue 2: français
Encodage 2: Dolby digital 5.1
Sous-titrage 1: français
Sous-titrage 2: anglais
Format image:16:9 compatible 4/3 format d’origine respecté 1.85
Qualité: Stéréo, couleur
Durée: 113 minutes
Bonus :
– Les bandes-annonces d’American history X en VF et VOST et des films à venir
– La biographie et filmographie des Acteurs et du Réalisateur
– Les scènes coupées du film en VOST
Merci de votre lecture !
Bonjour Sheli,
J’avoue que lorsque mes mais m’ont parlé de ce film, la seule chose qui ait pu me donner envie de le voir fut Edward Norton, un de mes acteurs favoris!
Le réalisateur Tony Kaye m’était totalement inconnu au bataillon et on n’arrêtait pas de me dire que c’est un film « pour garçon où ça se bat »…
Comme quoi on ne peut se faire sa propre opinion que par soit même…
American History X a vraiment le mérite d’avoir pris e courage de parler d’un thème des plus horrible et effrayant, d’une façon tellement horrible mais réaliste. Et c’est vrai que des les premières minutes, le ton du film est donné. Les premières citations deviennent tout de suites marquantes et percutantes: « Fous ta bouche sur bord du trottoir ! … et maintenant dis bonsoir ! » … Ouais, ça fous la trouille!!
Bien sûr, il ya a ceux qui n’aime pas le scénario, la mise en scène et qui estiment que le sujet a été traité trop violemment mais American History X est un grand film qui percute; les images et les paroles frappent presqu’impitoyablement et on s’y croirait!
Très bon film avec une mise en scène spetaculaire: j’ai adoré!
Bon article avec de bonnes ironies! 🙂
Loin du traitement habituel des luttes raciales entre gangs ou autres bandes extrémistes, Tony Kaye évoque son récit à travers les yeux de deux frères, tous deux liés à leur attachement commun d’une bande de néonazi fasciste et extrémiste.
Là ou le réalisateur se distingue du film de genre c’est lorsqu’il superpose les histoires des frères et met en parallèle leurs propres évolutions. Ainsi on assiste rapidement à la mutation idéologique du frère ainé et de ses conséquences sur celle de son cadet, ainsi que de sa famille.
Edward Norton et Edward Furlong campent intensément les rôles de ces frères dont la destinée tragique rend l’empathie facile et efficace.
Malgré quelques poncifs l’œuvre reste puissante, et certaines petites maladresses (quelques scènes naïves)AHX en reste une œuvre majeure du 7éme art. A voir ou revoir.
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