Amazon vient d’être condamné à 100 000€ de dommages et intérêts plus 1000€ par jour de retard, Alapage vient de demander le pourvoi en cassation de sa dernière condamnation. Pourquoi de telles condamnations pour de telles enseignes ? Tout simplement, parce qu’elles offrent les frais de transports pour les livres que vous commandez sur leurs sites.
En vertu de quoi le SLF (Syndicat de la Librairie Française) a mis en justice ces deux géants du web ? En vertu, d’un article de loi de Monsieur Jack Lang de 1981 !! Un article de loi d’il y a 26 ans, la naissance de l’internet que nous connaissons ne devait intervenir que 9 ans après ce texte de loi ! Effarant non ?
On dira “Dura Lex, Sed Lex” (La loi est dure mais c’est la loi) ! Certes, mais là je ne suis pas d’accord. La loi peut (et/ou doit) être modifiée surtout quand elle n’est plus en adéquation avec notre temps. Des boutiques en ligne comme Amazon ou Alapage permettent à tout un chacun d’accéder à la connaissance qu’il souhaite de chez lui.
Pourquoi une personne agée ou isolée n’ayant pas d’accès à la bibliothèque ou ne pouvant se rendre chez son libraire ne pourrait pas payer un livre sur internet le même prix qu’elle le paierait dans une librairie ? Pourquoi devrait elle le payer plus cher ? Ne serait ce pas là une forme de discrimination ?? Je pense que les accusations de la SLF sur le non respect de la loi d’Amazon et Alapage relève plus de l’archaïsme que d’une réelle volonté du respect de la loi. Et ne parlons pas de concurrence déloyale, car au final que ce soit chez le libraire ou chez Amazon, le prix pour le client est aujourd’hui le même, mais peut-être plus demain. Et là, on pourrait peut-être parler de concurrence déloyale mais en faveur d’Amazon et Alapage, qui devant faire payer les frais d’acheminement des colis ne seraientt plus compétitifs face aux libraires.
A l’opposé, pour ma part dans ma vie active et familiale, il n’y a guère de place pour aller flaner dans une librairie, parmi la douce odeur du papier. Encore moins de temps, pour choisir un livre, parmi des centaines, sur la simple lecture d’un quatrième de couverture.
Non, pour moi le temps est précieux, je souhaite en garder un maximum pour profiter de ma famille. Donc ma démarche lorsque je souhaite m’acheter un livre revêt plusieurs aspects :
- entendre parler à la télé ou à la radio d’un livre
- consulter les avis d’acheteurs sur les derniers livres sortis (par exemple sur ciao.fr)
- suivre les recommandations d’une connaissance
C’est ainsi que j’ai acheté le dernier Sulitzer après une chronique entendue sur France Info début novembre. (Le livre se lit d’ailleurs d’une traite). Aujourd’hui notre vie ne ressemble plus à celle de nos parents, tout va plus vite, il y a plus de choses à faire mais jamais assez de temps. Et nous nous sommes adaptés à ces changements. Les lois aussi doivent suivrent l’évolution de notre société. On ne peut rester avec des lois qui n’ont plus aucun pied dans notre réalité.
Je ne suis évidemment pas d’accord avec ces décisions de justice, je pense que vous l’aviez compris en lisant ce texte. Ces décisions de justice ne vont avoir qu’un seul effet, faire flétrir encore un peu plus le marché du livre. D’ailleurs je ne suis pas persuadé que l’ensemble des libraires soient forcément d’accord avec leur syndicat sur ces attaques. Pour ma part, je soutiens pleinement Amazon et Alapage qui ont toujours su me satisfaire au cours des nombreuses commandes que j’ai passé chez eux (délais, qualité, emballage).
J’espère sincèrement que la Cour de Cassation suivra l’appel d’Alapage et permettra ainsi à Amazon de pouvoir espérer également garder son modèle économique auquel nous sommes nombreux à être attachés.
Quand au SLF, je lui demande d’ouvrir les yeux et de se rendre compte que leurs actions en justice sont susceptibles
- de porter atteinte à l’industrie du livre
- de permettre une discrimination à l’accès à la culture pour les consommateurs
- de nuire à beaucoup de libraires (du fait de l’impact médiatique)
- d’ouvrir une concurrence déloyale défavorable aux boutiques en ligne
Voilà, j’attends évidemment vos commentaires constructifs à ce sujet et je vous livre ci-dessous quelques liens pour votre réflexion personnelle sur ce sujet :
- La livraison gratuite de livres de nouveau condamnée par la justice sur 01net
- Amazon en appelle à ses clients pour la livraison gratuite des livres sur 01net
- Eléments de réflexion sur la loi Lang de 1981
Edit du 17 décembre 2007 :
- La réaction du SLF suite aux bruits provoqués par cette affaire (merci à Daniel pour le lien)
Une réaction officielle d’Amazon à la réaction du SLF serait la bienvenue afin que chacun puisse comparer les arguments et se faire son propre avis sur la question.
Article extrait de mon blog : http://twof.free.fr/
Vive la loi Lang !
La loi Lang a sauvé la librairie indépendante en France, qui survit depuis péniblement face à la concurrence des FNAC, supermarchés et autres grands vendeurs par correspondance, qui n’attendent qu’une chose : pouvoir proposer des rabais sur le prix du livre et éliminer la concurrence des libraires. N’oublions pas que les disquaires indépendants ont pratiquement tous disparu dans les années 70 face à ces mêmes multinationales car le prix du disque est libre. N’oublions pas, également, que c’est la librairie indépendante qui est la meilleure garante de la diversité culturelle, car les libraires y font un véritable travail de découverte et de sélection que ne font pas les grands groupes, qui se font une meilleure marge sur les best-seller. Alors, oui, vive la loi Lang et bravo au SLF pour son action !
Mon libraire…
En quoi la livraison gratuite entrave-t-elle la concurrence ? mon libraire m’a offert un porte-clef la dernière fois que j’ai acheté pour 60 € de livres, puis-je le dénoncer au syndicat afin qu’une plainte soit déposée ?