Déjà, l’ex-RFA a bien du mal à intégrer celles et ceux de l’ex-Rda, les Wessie snobant toujours les Ossie, et même vice-versa. Angela Merkel, une Ossie, est l’une des rares exceptions confirmant la règle. « ooh, that’s very rude… » avait répliqué une jeune Allemande de Goettingen à un habitant de Derby (R.-U.) employant ces termes. J’avais moi-même employé « flamingant » à propos d’un Néerlandophone belge, qui m’a expliqué les arcanes de l’acception de cette appellation. Au fait, comment dit-on bicot, crouillat, raton, en allemand ? Pardon, mes « cousins », c’est bien sûr de la provoc’. N’empêche, ces pseudos-chrétiens qui veulent vous imposer des imams conformes à leurs souhaits, cela me fait penser à la chanson de Gilles Servat : Koch’ ki gwenn ha koc’h ki du. 

« Duchesse Anne devint reine… Le Breton avait bon dos pour payer deux fois l’impôt… C’est pas ça qu’elle a voulu… Quand le Breton se révolte, la répression est féroce ! ». La répression bretonne est passée, par l’alliance, parfois contre-nature, entre le notable, le hussard noir et le recteur, voire le facteur nommé en pays breton. Gilles Servat le chante, et j’y pense quand je constate la répression de la culture maghrébine en France. Non, n’allez pas croire que je suis « communautariste », et pourtant…

C’est dans un pays, la Bretagne, en dépit sans doute d’un Jean-Marie Le Pen, que l’intégration des immigrés est peut-être la moins mauvaise. Elle s’est faite à Saint-Nazaire, sur les chantiers, dans des fermes, de petits élevages, et admettons-le, dans les bistrots. Rarement dans les églises. Or, pourtant, les Bretonnes et les Bretons sont sans doute les habitants de l’Hexagone les plus attachés à leur culture, leurs valeurs. Paradoxal, non ?

Je viens de lire, et je demanderai la transcription intégrale, car hélas, je ne pratique pas la langue de Goethe, qu’Angela Merkel aurait considéré que l’approche « multikulti » aurait échoué. « Nous vivons côte à côte et nous nous en réjouissons, » indiquent les dépêches en français adaptant ses paroles.
Elle aurait ajouté : « Nous nous sentons liés aux valeurs chrétiennes. Celui qui n’accepte pas cela n’a pas sa place ici. ». Si l’Allemagne était la France, je n’aurais pas ma place à Paris.
C’est quoi, ces valeurs chrétiennes ? L’hypocrisie des jésuites ? Le féroce puritanisme d’un Calvin ? Le libéralisme effréné d’une partie des hauts-fonctionnaires de la HSP (haute-société protestante) ?

J’abomine l’islam, les bibles (il en est plusieurs, comme des évangiles), et surtout ce que des gouvernants en ont fait. Voilà qu’on forme des imams à l’université catholique de Paris ou de Lyon, et dans les universités allemandes. Je vis dans un quartier largement turcophone. Avec des laïcs turcophones. Ceux que, parfois, on expulse. Nombre d’intellectuels, surtout beaucoup de gens qui, pratiquant un islam culturel, restent des amis, des gens que je respecte, pour leur valeur humaine, leur intelligence, leur solidarité, leur humour, &c. Elles et ils parlent le français avec ou sans accent, et je m’en balance : on peut faire des efforts de compréhension, et je ne veux pas leur imposer les valeurs bretonnes, mais qu’ils les comprennent, que nous échangions, confraternellement. Ce n’est pas toujours simple.

Hoest Seehofer, de la CSU bavaroise, a considéré que l’Allemagne n’a plus besoin « d’immigrants aux cultures différentes comme les Turcs ou les Arabes. » Oh que si ! Ne serait-ce que pour insuffler des valeurs comme la solidarité, l’entraide, l’attention aux plus démunis souvent, aux personnes âgées. Ce que, certes, l’islam, aussi est censé véhiculer. Un certain christianisme aussi. Mais de fait ? Je ne glorifie pas davantage le polythéisme celte que d’autres croyances. Je ne vais pas plus acheter des produits labellisés de mon terroir que des produits halal ou casher parce qu’ils sont estampillés conformes : vaste escroquerie, le plus souvent. Je n’ai pas envie que des druides boursiers des universités bénéficient d’un quota. Mais en revanche, je suis sûr que je ne supporte plus qu’on nous fasse prendre des vessies de porc ou de mouton pour des lanternes.

Sarkozy, avec ses manœuvres pour créer un islam à la framçaise, Merkel à présent pour en susciter un à la teutonne, non, cela va, très peu pour moi. J’apprends qu’on veut favoriser le financement d’une église orthodoxe russe je ne sais plus où à Paris (près de la tour Eiffel, un concours d’architecture serait lancé). Et un pardon près de Montparnasse ? Ce petit jeu politico-clientéliste est très, très dangereux. En tout cas, ce sera sans moi. Pas envie d’enrichir un Bouygues ou je ne sais qui avec un Yamoussoukro érigé grâce à mes impôts et que des ouvriers tombent de l’échafaudage. Pour voir un protochanoine d’Embrun et chanoine du Latran se faire voir lors de l’inauguration ? Le même qui lèche la mule de Joseph Ratzinger et prie Carla Bruni de rester au logis sur injonction du Vatican ? La coupe de lie est pleine.