Alice dans les villes de Wim Wenders à découvrir

 

 

 

Le film Alice dans les villes de Wim Wenders sorti en 1974, est porté par deux personnages, celui d’une enfant et d’un jeune adulte. Alice et Philippe qui en quête de soi vont trouver l’autre.

 

 

Un film d’errances

 

Philippe, jeune journaliste allemand traverse les Etats-Unis pour écrire des articles que son éditeur lui a commandé. Mais celui-ci n’arrive pas à écrire, il ne fait que prendre des polaroïds.

La place de la photographie est importante, c’est comme si ce personnage tentait de découvrir une vérité à travers celle-ci. C’est une façon de percer le mystère de la vie, la photographie apporte une autre lumière sur les choses. Ce voyage à travers les Etats-Unis perd très vite son sens premier, lié à l’écriture. Il devient enregistrement du temps à travers la photographie, tentant tout simplement, il me semble, d’apprendre au personnage à se connaître lui-même. Ce voyage est un voyage initiatique, il erre à travers l’Amérique un peu au hasard, son véritable but inconsciemment est celui de la quête de soi.

 

Le personnage d’Alice, cherche d’une certaine manière les mêmes choses quePhilippe. Abandonnée par sa mère, elle reste avec Philippe. Celui-ci ne pouvant pas garder éternellement cet enfant, il décide de la ramener à sa grand-mère. Alice, ne connait pas réellement la ville de sa grand-mère, mais comme pour faire durer le plaisir, comme pour se perdre davantage, elle dit à Philippe que celle-ci habite à Wuppertal. Commence alors la recherche de la maison de sa grand-mère, quête fictive puisque l’enfant sait pertinemment que celle-ci n’habite pas là. Cette quête n’est alors qu’errance, égarement.

Et pourtant, ces deux personnages perdus, qui ne cherchent rien, sinon eux-même, vont trouver quelque chose, ce être ensemble. Un lien très fort se crée alors entre eux, de complicité, d’apprentissage de l’autre, message très fort : au milieu du rien, d’un état de désespoir du soi,une errance à deux se crée et c’est déjà un peu alors la fin de l’errance .

La quête du soi débouche finalement sur la quête de l’autre. Je et son double.

 

La pellicule en noir et blanc appuie cette errance, les images nous semble être plutôt de l’ordre de la réminiscence. Les personnages paraissent comme en dehors de la réalité, ailleurs, cherchant leur propre réalité. Le noir et blanc renforce cette subjectivité là.

 

 

L’errance, le flux, l’espace

 

Le film parle également merveilleusement bien d’espace, et surtout du flux. L’espace est souvent perçu dans sa rapidité, lié au flux, c’est un espace traversé en voiture. Philippe traverse les Etats-Unis, puis lorsqu’Alice et Philippe recherchent la maison de la grand-mère d’Alice. C’est un espace foisonnant, multiple, infini. L’espace est immensité tout comme l’immensité de cette quête de soi.

L’espace est aussi assez souvent transitoire, comme symbole de cet espace de doute intérieur. Transitoire, comme l’hôtel notamment avant ou après le voyage en avion, c’est un espace temporaire, qui attend d’aller vers l’avant. Cet espace parle d’un espace psychologique des personnages, de la quête c’est à dire d’un espace entre deux, entre ce que l’on a à chercher, et ce que l’on trouve. Ce que l’on trouve, qui d’ailleurs n’a peut-être rien à voir avec ce que l’on cherchait, où tout du moins ce que l’on croyait chercher.

 

 

 

Ce merveilleux film de Wim Wenders, est en quelque sorte un L’Illiade et l’Odyssée des temps modernes où le personnage principal part en quête de lui, il est alors traversé par l’autre. L’autre comme un autre soi.