Irak: Bush relie à nouveau la guerre au combat contre Al Qaïda

 

Dans un discours digne de figurer dans le livre des records, le leader du monde libre, George W. Bush a une nouvelle fois tenté mardi de lier le conflit en Irak au combat international contre Al Qaïda.

Dans un discours de 21 minutes, temps dans lequel il a répété le nom Al Qaïda 93 fois, à la manière d’un mantra, le président américain a continué à défendre sa stratégie dans la conduite d'une guerre dont l'impopularité, au sein de la population américaine, ne cesse de croître.


M. Bush tenait son discours sur une base de l'armée de l'air à Charleston, au lendemain d'un débat dans cette ville entre candidats à l'investiture démocrate où il a été, à nouveau, fait référence  à un retrait des soldats américains d'Irak, à court terme.

Alors qu'un nouveau sondage indique que le sentiment anti-guerre s'intensifie, M. Bush a évoqué des renseignements récemment déclassifiés (il serait intéressant que des psychiatres s’intéressent de prés au cas du président américain) pour répondre aux critiques voulant que l'implication des Etats-Unis en Irak les empêche de s'attaquer efficacement au problème du terrorisme international.

"Al Qaïda en Irak est une organisation fondée par des terroristes étrangers, dirigée en grande partie par des terroristes étrangers et fidèle à un terroriste étranger: Oussama ben Laden", a-t-il déclaré face à un auditoire composé principalement de militaires et de leurs familles.

"Ils savent qu'ils sont Al Qaïda, le peuple irakien sait qu'ils sont Al Qaïda, tout le monde musulman sait qu'ils sont Al Qaïda", a-t-il ajouté (visiblement en transe, AlQaïda semble aussi affecter la santé mentale du président Bush, au vu de la répétition incessante du nom Al Qaïda).

Les anti-guerres accusent M. Bush avoir exagéré le lien entre Al Qaïda et les activistes basés en Irak afin de détourner l'attention du rôle joué par les affrontements entre chiites et sunnites dans les difficultés que connaît le pays et d'y justifier le maintien des troupes U.S.

"Les affirmations du président selon lesquelles la guerre en Irak nous protègerait d'Al Qaïda sont malavisées et dangereuses car ce sont les conclusions qui nous ont entraînés en Irak", a déclaré le chef de file des démocrates au Sénat, Harry Reid.

Confronté à une abyssale chute de popularité, G.W. Bush subit des pressions grandissantes à l'approche de la publication, le 15 septembre, d'un rapport sur l'évolution de la situation en Irak que les démocrates et de nombreux républicains jugent crucial pour décider de la marche à suivre.

Pour ceux qui ont suivi tout ou partie du discours de Bush, il apparaîtra intéressant de voir à quel point Al Qaïda semble être devenue une obsession pour le président américain, cependant il est positif de voir qu’enfin, peu à peu, l’opinion publique américaine s’oppose à cette guerre, qui rappelons-le est illégitime du point de vue du droit international, et qui a été menée sur la base d'un mensonge d’état.

Quant à Al Qaïda, il serait temps qu’enfin aussi, dans la mesure où on veut réellement lutter contre le terrorisme, qu’on prenne conscience qu’Al Qaïda n’existe pas au sens traditionnel du terme, mais s’apparente plus à une « marque déposée, un label » plutôt que d’avoir une existence propre comme la plupart des groupes terroristes. Bush semble être un peu Don Quichotte ( je le concède le héros de Cervantès était sans doute plus intelligent) qui lutterait pathétiquement contre des moulins à vent. En Irak, si effectivement, de nombreux groupes djihadistes se rendent coupables d’attentats et des pires exactions, les assimiler à Al Qaïda, comme si ce mouvement était une entité propre ne permettra sans doute pas de trouver une solution à la situation irakienne, d’autant plus que sur ces attaques terroristes se superposent la lutte entre communautés religieuses, qui représentent pour la population irakienne un danger plus important à moyen terme, puisqu’une des conséquences pourrait être, purement et simplement, la disparition de l’Irak en tant qu’entité nationale, et la création de micro états basés sur la confession religieuse ou l’appartenance ethnique, scénario qui si il se réalisait promettrait au Moyen-Orient encore plusieurs décennies de guerre, mais satisferait sans doute la stratégie américaine de mise sous contrôle des hydrocarbures dans cette région du monde.

Quant à savoir si Ben Laden est vivant ou non, si il dirige Al Qaïda (ce qui semble peu probable), peu importe que Ben Laden soit vivant ou non, il est entré dans le domaine du mythe pour nombre d’intégristes et un mythe ne meurt jamais, de là le danger de faire d’Al Qaïda la cause du terrorisme en Irak…si il y a une cause première, elle est sans doute dans l’intervention américaine et les conséquences désastreuses qu’elle a eu…cependant on peut féliciter G.W. Bush d’avoir permis à ses concitoyens d’enfin savoir où se situait l’Irak…