Il est vrai que de par sa posture de chef de l’Etat, le Président de la république est le responsable suprême d’un pays. Aussi, il devrait être tenu pour responsable de tout ce qui arriverait de bien ou de mal  à son pays. Seulement, dans un contexte démocratique, et  où on parle de plus en plus de décentralisation, le Président de la République devrait cesser d’être l’alpha et l’oméga de toute initiative prise par un fonctionnaire.

Malheureusement, de nombreux pays africains tardent à le comprendre. Et, cela constitue  pour moi  l’un des traits caractéristiques les plus perceptibles d’un système autoritaire. Sinon comment comprendre qu’un ministre pour accomplir une tâche  qui logiquement est la sienne soit obligé de rappeler qu’il s’agit d’une prescription du Président de la République. Au Cameroun par exemple, il existe une expression très en vogue «  sur très haute instruction du président de la République… » Ainsi, par exemple, le Ministre de la fonction publique,  pour recruter des jardiniers dira dans son communiqué de presse « Sur très haute instruction du Président de la République, il est ouvert un test pour le recrutement de deux jardiniers pour le compte du ministère… ». Une formule dont l’emploi est presque obligatoire pour tout fonctionnaire, quelque soit son rang. Même un directeur d’école qui reçoit un parent d’élève n’oublierait pas de lui rappeler qu’il le fait sous très haute instruction de … car ici, s’entêter à ne pas le préciser peut avoir des conséquences désastreuses pour le fonctionnaire en question !

Le fait c’est que dans un contexte où nos dirigeants souffrent d’une crise de légitimité connu de tous, il devient important pour eux de trouver un moyen efficace pour se faire accepter. Aussi, le fait pour un Ministre de ne pas dire et en toute sincérité aux populations qu’il n’est qu’un « ouvrier » du Président de la République peut apparaitre pour les conseillers de ce dernier comme une attitude très  suspecte. Car ici, il faut accepter que le Président de la République est immortel et irremplaçable. Et, lorgner son fauteuil constitue un risque énorme ! D’ailleurs, le débat sur les questions de succession à la tête de l’Etat constitue un sujet tabou, surtout parmi les membres du gouvernement !