Afrique : le paradoxe de la croissance et du chômage

Alors que l’Afrique connait une croissance économique importante, son taux de chômage ne diminue toujours pas et les jeunes ne parviennent pas à trouver du travail. Comment expliquer ce décalage entre efficacité économique et taux de chômage stagnant ? Comment, surtout faire en sorte que les Africains puissent récolter les fruits de leur croissance en termes d’emplois ?

 

 

Dans une tribune publiée sur le site internet Slate Afrique, l’homme d’affaire franco-marocain Richard Attiasrépond à ces questions. Après avoir organisé à Libreville, en juin 2012, le New York Africa, auquel participaient de nombreux acteurs de l’économie africaine, il bénéficie aujourd’hui d’une réelle expertise sur les questions économiques et sociales africaines.

Dans sa tribune, celui qui est également à l’origine du Forum de Davosconstate, dans un premier temps, l’écart entre l’évolution des résultats économiques et le développement de l’emploi sur le continent africain :

« Avec un taux de croissance estimé à 4,5% en 2012, l’Afrique est une des régions du monde les plus dynamiques. Pour autant, cette forte croissance a un impact trop limité sur l’emploi et notamment l’emploi des jeunes », regrette Richard Attias.

Pour comprendre ce décalage, il convient d’analyser les problèmes structurels de l’économie africaine.

Une économie handicapée par son manque de compétitivité, comme l’a expliquéJean-Louis Billon, PDG du groupe ivoirien Sifca, qui considère que «sur la compétitivité, on est largué de partout, sur la fiscalité, les coûts de facteur et les infrastructures.»

La seconde principale carence de l’économie africaine est son absence de diversité : l’agriculture et l’exploitation minière sont les deux principales sources de croissance du continent.

Pour sortir de cette situation, et permettre à l’emploi africain, en particulier pour les jeunes, de se développer parallèlement au PIB moyen des pays africains, Richard Attias estime qu’il faut « inventer de nouveaux moyens d’offrir aux jeunes des perspectives d’emploi dans leurs pays. Des solutions réalistes à condition de s’appuyer sur un véritable engagement politique. »Et l’homme d’affaire de donner des exemples : microcrédit, hausse des investissements étrangers, politiques publiques en faveur de l’industrie et de l’emploi, aide au PME…

Le volontarisme des dirigeants devrait donc permettre de sortir de l’impasse, comme l’explique le ministre sénégalais de l’Economie et des Finances, Amadou Kane selonqui «des finances publiques assainies et un cadre macro-économique stable constituent la première base pour l’emploi et notamment pour l’emploi des jeunes.»

Enfin, l’investissement des états dans l’éducation et la formation semble également indispensables à un développement de l’emploi des jeunes dans les pays africains.

3 réflexions sur « Afrique : le paradoxe de la croissance et du chômage »

  1. Les chiffres de la croissance en Afrique, comme dans beaucoup de pays d’ailleurs sont trompeurs, et voici pourquoi.

    Les chiffres qui nous sont donnés, en règle générale sont toujours biaisés. Pour deux raisons :
    1/ Ils ne tiennent pas compte de l’économie informelle : travail au noir, certes, mais aussi le bricolage que vous faîtes chez vous, les légumes que vous faîtes pousser dans votre jardin, et votre voiture que vous réparez dans votre jardin. Tout ça, c’est de la richesse qui est créée, mais pas comptabilisée dans le PIB.
    2/ Le PIB ne tient pas compte de la durée de vie des produits créés, simplement de leur valeur marchande. Quand Peugeot achète 1000€ de matière première, la transforme en France et vend la bagnole 10000€, c’est +9000€ pour le PIB. Peu importe que la voiture tienne 300000km ou qu’elle soit morte à 100000km. Et pourtant, ça compte dans le niveau de vie des gens. Entre acheter une nouvelle voiture tous les ans et en acheter une tous les 10 ans…

    En occident, le calcul du PIB est à peu près pertinent. La plupart de ce que je consomme, je l’ai acheté, avec de l’argent que j’ai gagné légalement en produisant une richesse qui a été comptabilisée.

    Vous vous rendez bien compte que, en Afrique, le point 1 est très important. La moitié de la population vit dans les campagnes, vit du magnoc qu’elle fait pousser, de la flotte qu’elle prend dans la rivière, habite des cabanes fabriquées avec les bamboos coupés dans la forêt, regarde la télé sur un poste récupéré dans une décharge et bricolée. PIB induit ? 0€. Et pourtant, tout ça, c’est une richesse qui est créée.

  2. Venons-en à notre problème : pourquoi le PIB augmente, et pas le niveau de vie Africain ?

    Le PIB augmente parce que l’économie formelle se développe, autour de entrepreneuriat officiel. Mais, dans le même temps, l’économie informelle est détruite. L’agriculture vivrière recule.
    Résultat : l’économie mute, mais ne va pas mieux pour autant, en tout cas pas pour le peuple.

  3. ferbi4, poisson rouge,

    Les USA font preuve d’une « forte » croissance de 2,4% et d’une belle santé economique(par rapport à l’EU) ; pourtant, leur chomage n’a jamais été aussi élevé???

    Pourquoi????

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