Depuis mon dernier article sur l’Affaire Karachi, je vais quotidiennement à la pêche aux informations.

Ne voyant qu’une reproduction récurrente des mêmes papiers sur le Net, un ras le bol de voir sans cesse le nom de Sarkozy ou de de Villepin et Jupé me submergea, et c’est à partir de ce moment là que le cas d’Edouard Balladur a commencé a m’intriguer. Je me suis dis "Allons voir comment réagit l’homme !".

Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, (à mon humble avis), étant donné que cette affaire serait (semble t-il) liée au financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, c’est comme le dit l’adage populaire "silence radio".

Des centaines et des centaines d’articles circulent sur les potentiels protagonistes de l’affaire, sur Nicolas Sarkozy, sur Dominique de Villepin, sur Charles Millon, Alain Juppé… mais c’est quasiment mission impossible de trouver ne serait-ce qu’une toute petite déclaration du "dit intéressé".

Mais où est donc passé Edouard Balladur?

A t-il perdu l’usage de la parole?

Pourtant, avec tant de rebondissements (quasi à la minute) sur cette "affaire d’Etat", il serait presque logique d’entendre ne serait-ce qu’un sussure de la douce voix d’Edouard Balladur.

Moteurs de recherches, Dailymotion, Youtube, tout y est passé… mais rien. Pas de bruits, pas de traces, pas d’Edouard Balladur.

Alors je me suis amusée à chercher et observer ses derniers agissements et dernières interventions.

Par exemple, au mois d’avril 2010, plus précisement le 19, Edouard Balladur était l’invité du Grand Journal de Canal plus.

Lors de l’émission, il a suggéré indirectement à Nicolas Sarkozy de ne pas trop tarder de se présenter aux élections présidentielles de 2012:

" Si j’avais un conseil à donner à Nicolas Sarkozy, au lieu de laisser planer le doute sur la question de savoir s’il se décidera ou s’il ne se décidera pas, je lui suggérerais volontiers de ne pas trop tarder ",

puis a déclaré également:

" L’été 2011, c’est loin. Et s’il le disait plus nettement et plus rapidement, cela aurait l’effet d’un calmant, une sorte de sédatif ",

" Tout le monde sait qu’il se représentera", a-t-il poursuivi. " Je ne connais pas de président qui ne se soit pas représenté à l’issue de son premier mandat ".

En effet, Nicolas Sarkozy est censé se déterminer pour les élections entre l’été et l’automne 2011.

Maintenant que le remaniement ministériel a eu lieu, c’est chose faite. Les rangs sont ressérés derrière le "meilleur candidat de l’UMP" selon Edouard Balladur.

Mais, et c’est là que ça en deviendrait presque "cocasse". Voici quelques extraits d’une interview parue le 25 septembre 2010 dans Le Monde.

" Tout est matière à critique contre le gouvernement et contre le chef de l’État. On assiste depuis des mois à une sorte de cristallisation hostile qui se répand de façon épidémique."

Et à la question " Le comportement de certains patrons vous choque ?",

Balladur répond " Oui. Il faut tenir compte des réactions de l’opinion, surtout lorsqu’elles sont justifiées. Elle a le sentiment que notre système économique favorise à l’excès quelques-uns."

 

Favorise l’excès à quelques uns?

Oui, on peut voir ça comme ça … Puis rentrons maintenant dans le vif du sujet de cet article, le silence actuel de Balladur et l’Affaire Karachi.

Car étrangement, il semblerait qu’en avril 2010, ce môssieur avait de très fortes positions…

Le Figaro, 24 avril 2010…lors de l’interview, l’ancien Premier ministre a affirmé que "dans cette présentation des choses rien ne correspond à la vérité, rien n’est étayé par les faits". "Tout s’appuie pour l’essentiel sur une note émanant d’un agent d’une officine privée de sécurité, note établie en 2002, après l’attentat, et qui amalgame un tissu d’invraisemblances et d’absurdités", ajoute-t-il, faisant référence au témoignage d’un proche de l’ancien président Chirac.

Edouard Balladur précise que les comptes de sa campagne "ont été audités puis remis au Conseil constitutionnel et validés par lui dans une décision publiée au Journal Officiel du 12 octobre 1995". Il s’étonne sur le "délai" de six ans entre une éventuelle "suppression du versement de commissions en 1996" et l’attentat de 2002. Il rejette donc la "responsabilité indirecte dans la mort de onze Français".

Cependant, déjà à cette date, Me Olivier Morice, l’avocat des familles des victimes répondaient :

"Les parties civiles considèrent que M. Balladur ment d’une façon absolument éhontée".

 

Enfin dans cette histoire, ce qu’on peut en conclure pour le moment, c’est que bons nombres de nos dirigeants, sont tous des responsables, mais pas coupables.

Des gens qui d’abord crient au scandale, "Comment ça? Quoi? Moi coupable, mais comment aurai-je pu faire ça au peuple français?",

puis, reviennent sur leurs dires avec la remontée des sources et des nouvelles informations divulguées au grand public "Ah oui, j’avais oublié ce détail. Peut-être que…"

Bref, langues de bois, mensonges, révélations, scoop, indignations, incompréhensions, abus de confiance,voilà des mots qui caractérisent bien le paysage de la politique française et plus si affinités.

Alors Monsieur Balladur, je suis bien impatiente de vous voir sur scène, j’attends votre acte  et votre prestation scénique, histoire soit de rire aux éclats de voir tant de mauvaise foi, soit de pleurer de rire, de voir quelles maximes vous allez encore utiliser pour passer outre la vérité!

 

Messieurs,Mesdames les députés, sénateurs, parlementaires et autres politiciens en tous genres:

 

"Vive la France!"

 

Je finirais sur quelques mots dede Villepin à l’émission de vendredi dernier:

«Bien sûr que les réseaux “officieux” existent. Depuis des décennies, des circuits, des intermédiaires, des cabinets parallèles se sont multipliés. Dire que j’ai été accusé de diriger un “cabinet noir” à l’Élysée sous Jacques Chirac… C’est un comble ! Ils (les sarkozystes) ont réussi le tour de force de me placer dans la position où ils ne voulaient pas eux-mêmes se retrouver. En me mettant sur le dos le cabinet noir puis Clearstream, il y a eu un échange de rôles, car ceux qui fonctionnent avec des officines, des cabinets parallèles, ce sont eux précisément !»

«Il est intéressant de voir que la cristallisation sur moi, ou plutôt contre moi, s’est faite à partir de cette époque (1993 et sa nomination comme directeur du cabinet d’Alain Juppé au ministère des affaires étrangères). Avec Alain Juppé, Maurice Gourdault-Montagne et quelques autres, on s’est battus contre des réseaux parallèles. Il s’agissait notamment des réseaux Balladur-Pasqua, dont les activités étaient tout bonnement intolérables. Ces réseaux ont tout parasité. Il y a tellement d’exemples, qu’il s’agisse de l’affaire rwandaise, de l’Airbus détourné à Alger ou des pilotes enlevés en Bosnie… À chaque fois, des négociations clandestines ont été engagées, toujours par ces mêmes réseaux. Du coup, évidemment, Juppé et moi, on s’est mis à dos tous les cabinets parallèles, qui existaient aussi au ministère de la défense, autour de Léotard, ou au ministère de l’industrie, avec Longuet."


 

Sources:

Le Nouvel Obs – 2012 : Balladur invite Sarkozy à "ne pas trop tarder" à se déclarer

France 2 – Balladur: Sarkozy doit se déclarer au plus vite

Le Monde – Edouard Balladur : "L’Europe à 27 est vouée à l’échec"

Le Figaro – «Le financement de ma campagne en 1995 était légal»

Libération – Les commissions suspectes du réseau Balladur

20 min – Balladur doit publier son compte de campagne

Le trésor de Balladur