Marie-Nadège Sery, la mère du petit Julien, trois ans, disparu le 29 janvier à Bourg-lès-Valence (Drome), a déposé une plainte avec constitution de partie civile pour "enlèvement et séquestration" afin de pouvoir accéder au dossier, a annoncé samedi son avocat Me Abdennaceur Derbel.

"Depuis le début de cette affaire, Nadège Sery et sa famille sont mises à l'écart", a déclaré Me Derbel. "Avec le dépôt de cette plainte, nous sommes désormais partie prenante dans l'enquête. "Une information judiciaire va être ouverte et on va pouvoir accéder au dossier" …

La qualification de cette plainte "est un jugement de valeur qui n'engage que Mme Sery", a précisé  le procureur de la République de Valence Jean-Pierre Nahon. "On ne peut pas parler d'enlèvement" dans le cas de la disparition de Julien, selon le magistrat. Depuis deux semaines, il conduit l'enquête dans le cadre d'une procédure de "flagrance", a-t-il expliqué, "faute d'élément constituant l'existence d'un délit ou d'un crime".

Au parquet de Valence, on s'interrogeait samedi sur les motivations de cette plainte qui donne à la plaignante l'accès au dossier mais qui ne change en rien le déroulement des investigations en cours menées par le Service régional de police judiciaire (SRPJ). Dans le courant de la semaine, un juge d'instruction doit être désigné à la suite de la plainte.

L'enquête sur la disparition de Julien progresse lentement, indiquait-on par ailleurs de source policière. Les emplois du temps de plusieurs personnes connues, dans la région, pour leurs tendances "pédophiles" ont été vérifiées cette semaine. Discrètement, ils effectuent également une enquête de voisinage. Très régulièrement des recherches sont menées sur les berges du Rhône et au barrage de Charmes, en aval de Valence, afin de s'assurer que le fleuve n'a pas rendu le corps de l'enfant disparu depuis deux semaines.

Les enquêteurs tentent toujours d'établir avec certitude ce qui s'est réellement passé le lundi 29 janvier, jour de la disparition de Julien. Dans cette affaire, plusieurs témoignages sont contradictoires, confiait l'un d'eux.

Marie-Nadège Sery, 33 ans, entendue cette semaine en tant que témoin, affirme que son fils a disparu en début d'après-midi alors qu'elle somnolait en regardant la télévision. C'est le frère aîné de Julien qui, vers 15h, en rentrant, a remarqué la porte de l'appartement entrebaillée et constaté la disparition du petit. Les services de police de Valence ont été alertés en fin d'après-midi par la famille.

Nathalie, employée dans une boulangerie du quartier, a affirmé dans sa déposition avoir vu le petit Julien qu'elle connaissait, en fin d'après-midi. "Il est venu acheter deux baguettes. Il était seul, mais j'ai cru que ses parents l'attendaient dans la voiture".

Les enquêteurs devraient s'attacher dans les prochains jours à l'environnement du couple et tenter de comprendre notamment pourquoi il a déclaré six enfants aux services de l'état-civil de la mairie de Bourg-lès-Valence alors qu'à leur connaissance, ils n'en n'ont que quatre (dont Julien).

Les analyses scientifiques ont mis hors de cause, quelques heures seulement après sa mort, Eric Zémia, 43 ans, le beau-père de Julien aperçu par un voisin sortant de l'immeuble vers 15h et portant un grand sac jaune. Eric Zémia est mort le 1er février, après avoir été relâché la veille à l'issue de sa garde à vue. L'autopsie du corps établit que ses blessures mortelles sont "compatibles avec un suicide".

Marie Nadège Sery souhaite que son concubin soit enterré dans la Drôme. Les frères et soeurs de la victime, originaire de La Réunion, veulent rapatrier le corps sur l'île. Le tribunal d'instance de Valence, saisi dans l'urgence, a confié vendredi le corps à Nadège Sery mais les frères et soeurs font appel. L'affaire sera examinée lundi par la cour d'appel de Grenoble.