La pauvreté et la misère peuvent parfois contraindre une personne à l’abandon de sa dignité. Et l’Afrique a pour réputation d’être la terre de tous les affamés à la peau noire dont les ancêtres n’ont pas pu saisir l’unique chance de leur vie d’être déportés vers des horizons moins arides.

La terre des hommes damnés à vie, maudits pour être les descendants du fils maudit de Noé. Le Fouta Djalon, terre natale de la douce et belle Naffysatou Diallo est encore plus damnée que toutes les terres d’Afrique. Et la belle et blonde nègresse  aurait connu un destin bien meilleur si ses ancêtres avaient été vendus esclaves aux  amériques. Là bas elle serait née d’une famille des décennies plus tard qui n’aurait que le lointain et flou souvenir de ses aïeux. Elle aurait sans doute eu un destin similaire à celui de Michelle  Obama ou des sœurs Serena et Venus Williams. Elle aurait mené une vie loin de cette catastrophe géologique, son  pays qui ignore tout de ses richesses. Ses rêves à force d’être jalousement cajolés durant des nuits blanches, sur les routes impraticables du marigot, au bord des feux de bois dans une cuisine en plein air, ont fini par se réaliser. Et adieu le Fouta Djalon qui pue la misère pour les Etats Unis d’Amérique. Le paradis sur terre, le bonheur sans fin, le havre de paix des hommes selon le coeur de Dieu.

 Mais  voilà que le rêve se transforme très vite en cauchemar et la malédiction de la pauvreté refait surface. Cette pauvreté que la douce et belle nègresse blonde qui mérite mieux a fui pour une autre vie. De désespoir en désespoir, la force et la combativité ont cédé au charme de la facilité. Les interdits de l’éducation ont cessé d’influencer sa conscience façonnée pour rester digne dans l’affliction. Puis la mauvaise foi a pris le pas, sans doute accélérée par les contraintes d’un monde qui n’a pas la même définition de la solidarité que là bas en afrique. Un monde sans pitié où tout s’obtient par soi et pour soi. L’idée d’accuser à tort un homme riche naquit petit à petit, les stratégies minutieusement peaufinées jusqu’au jour où la victime entra dans cet hôtel. Et le coup est joué.

 «  Ne t’inquiète pas, je sais ce que je fais. Cet homme a beaucoup d’argent » la conversation qui dévoile tout le plan diabolique et qui étale la déchéance d’une femme qui a perdu jusqu’au dernier point de suture de sa dignité. L’Afrique entière qui s’illustre ainsi de la façon la plus pitoyable que tout le monde lui connaît. L’Afrique des hommes et des femmes indignes qui sont prêts  à tout brader pour satisfaire leur petite soif de bien être. La manifestation la plus flagrante de la noire dont le corps est un autre moyen d’échange permettant d’obtenir certaines choses.

Mais là bas dans le Fouta Djalon où la pauvreté règne en maître absolu, on ne boude pas la dignité pour si peu. On ne délaisse pas la seule chose avec laquelle on entre dans la tombe quand la misère rassasiée de nous déshumaniser nous emporte dans l’au delà. Et chaque soir auprès du feu, pendant que les vieillards content aux enfants les sagesses des rois de leurs clans, ils leur inculquent que seul le travail fait la fierté d’un homme. Et même s’il n’arrive pas à le sortir de sa pauvreté, il lui garanti sa dignité. Sur les routes des champs, pendant qu’elles s’atardent aux corvées en chantant les louanges du pays, les mères marmonnent aux oreilles de leurs fillettes que le corps d’une femme appartient à son seul mari. Et que si elle doit le donner, c’est seulement par amour. C’est cette Afrique là que nous gardons dans nos cœurs et qui guide nos pas. Cette Afrique qui en dépit de la désacralisation de ses mœurs reste toujours une société puritaine et austère quant à ces valeurs morales. C’est pourquoi comme le frère de Naffysatou Diallo, nous refusons de croire que c’est pour de l’argent qu’elle a menti sur son corps dont elle sait qu’il est sacré, et que nullement il ne devrait servir de monnaie d’échange et d’objet de chantage. Ici, nous sommes dignes malgré tout et nous refusons d’apparaître comme la honte de l’espèce humaine. Non, Nafy ne ferait pas ça pour de l’argent. Elle ne saurait en être capable. Car son éducation, ses croyances et sa conscience lui imposent de chercher la voie de la décence sans cesse. Vous devez chercher plutôt ailleurs les causes de son acte.