Il est de bon ton, à droite (mais aussi un peu aujourd’hui à gauche), de s’offusquer du traitement de l’information par Mediapart, notamment depuis l’affaire du présumé compte en Suisse de Jérôme Cahuzac. Ainsi de Jean-François Copé qui, dans Le Parisien, assène aimablement « ce site a publié tellement de choses fausses que je regarde ça avec la circonspection qui s’impose ». Pas un mot, bien sûr, sur le Journal du dimanche de Lagardère (« frère de Sarkozy »), qui indique que Me Isabelle Copé, sœur de Jean-François, conseil de Patricia Cahuzac-Ménard, « est soupçonnée d’avoir ouvert elle-même un compte suisse en 2005 pour y placer de “l’épargne familiale” ». Celle de l’héritage du ci-devant président en titre de l’UMP ? Allez, Jean-François Copé, n’ayez pas l’indignation sélective !
Qui s’étend sur le fait que les époux Cahuzac sont en rude instance de divorce car le ministre du Budget serait soucieux de convoler de nouveau avec Stéfanie Jarre, fille du compositeur Maurice Jarre et de Dany Saval, actrice et ex-épouse de Michel Drucker ? Mediapart ? Vous n’y êtes pas. C’est plutôt les titres des patrons de presse bien en cour du côté de l’UMP.
Les mêmes titres n’ont pas manqué de titrer que Rémy Garnier, l’inspecteur des impôts qui s’était penché sur un éventuel compte en Suisse de Jérôme Cahuzac, mais aussi sur diverses minorations du fait du député-maire de Villeneuve alors dans ses déclarations au fisc, n’excluait pas « à 100 % l’innocence de Jérôme Cahuzac ». C’était pour ajouter, quelques lignes plus loin dans l’entretien avec Le Parisien, qu’il considérait les informations de Mediapart fiables « à 99 % ». Hormis Rue89, personne ne s’est attardé sur ce pourcentage de bénéfice de doute : un pour cent d’incertitude égale « Jérôme Cahuzac est sans doute innocent », du point de vue d’un inspecteur des impôt ayant tenté de le coincer.
Mais personne ne reprochera cette incongrue présentation à la « presse responsable ».
Le JDD prend des gants
Pas d’apparentement terrible à la une ou sur la page d’accueil du JDD de Largadère. Pas question de faire jouxter le titre « Les coulisses de l’affaire Cahuzac » (article de Laurent Valiguié) avec celui de l’article de Cristel De Taddeo et Marie Quenet, « Des enfants risquent de mourir de froid dans les rues de Paris » (entretien avec Éric Moliné, président parisien du Samu social).
Voilà des prévenances que Mediapart n’a parfois pas. « Dans une cité de Calais, la pauvreté en héritage » surmonte de peu un « Florange, Cahuzac : l’effroyable semaine de l’exécutif ». Notez qu’on n’a pas eu droit à « l’effroyable pauvreté » et à « la pénible semaine », Mediapart sait encore se tenir. Ce qui n’a pas empêché Fabrice Arfi, de Mediapart, de rester très en retrait, comme Sud-Ouest, sur les bisbilles ex-maritales du couple Cahuzac. Tout juste était-il incidemment signalé que Patricia Cahuzac-Ménard aurait pu (sur les conseils de Me Isabelle Copé ?) missionner des détectives privés pour retourner le passé de Jérôme Cahuzac à Villeneuve. Sans insistance particulière, loin de là.
Voilà une délicatesse dont ne fait pas trop montre le Journal du dimanche. Des limiers ont été dépêchés durant l’hiver 2011, rédigeant des rapports pour Me Isabelle Copé, sœur de Jean-François Copé, « soupçonnée d’avoir ouvert elle-même un compte suisse en 2005 ». Et le JDD de nous éclairer sur le différent opposant les époux Cahuzac : héberger des SDF avenue de Breteuil ou rapatrier la clinique de l’ancien chirurgien-capilliculteur dans son appartement déserté. Euh, non, pardon, il s’agit là d’une interprétation trop hâtive.
En fait, Jérôme Cahuzac a laissé courtoisement la clinique à sa bientôt ex-épouse, mais il espérait bien obtenir une petite compensation pour avoir laissé à Madame la jouissance de l’appartement autrefois familial.
Commentaire toutefois vachard du JDD : dans l’affaire du présumé compte en Suisse, ailleurs, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, « le parquet aurait déjà ouvert une enquête, à charge et à décharge, sur l’existence du compte en Suisse. ». Tandis qu’en France, « une simple plainte en diffamation » ne mange pas trop pain : saine gestion des fonds du ministère de la Justice.
« ambiance poisseuse »
Le JDD évoque une « ambiance poisseuse ». Et même une « opération orchestrée ». Ce n’est pas exclu, car Jérôme Cahuzac s’est attiré l’inimitié de quelques multinationales. Nous l’avions ici souligné, ce que Mediapart n’a pas trop lourdement évoqué. Mais d’où que vienne une information, le problème n’est pas de savoir prioritairement si la source est intéressée ou motivée par le souci du bien public, mais d’abord de statuer : l’information est-elle crédible, recoupable, soit diversement sourcée.
Mediapart a conclu que c’était bien le cas. Que Marc D., de l’UBS, balance Jérôme Cahuzac parce qu’il est en délicatesse avec son actuel ou ancien employeur, qu’il n’ait pas obtenu un poste auprès d’HSBC où office Antoine, frère de Jérôme, n’est pas tout à fait anodin, ni secondaire, mais ce n’est pas prioritaire.
Bizarrement, dans l’histoire d’acquisition de l’appartement de l’avenue de Breteuil, le JDD semble prendre pour argent comptant les explications du ministre. Il aurait bien pu apporter le fruit de la vente d’un appartement à Charenton, de celui d’un autre appartenant à son épouse, et d’un prêt de ses parents, un ingénieur armement et une professeure d’anglais, tous deux héros de la résistance.
Mais, bémols, François Bonnet, de Mediapart, avait indiqué que le prêt parental est postérieur d’environ un mois à l’acquisition de l’appartement, tout comme la revente d’un appartement, et que l’apport personnel versé par chèque ne pouvait provenir, fin octobre 1994, de BNP-Paribas puisque la fusion entre les deux banques n’est intervenue qu’en 2000. Sur ce dernier point, que le chèque ait été émis par Paribas ou la BNP, que le ministre emploie « BNP-Paribas » est, admettons-le bien volontiers, accessoire.
Mais bon, on achète fin octobre 1994, et en général un notaire exige un chèque de banque couvrant la totalité du prix d’acquisition, et un prêt d’un équivalent de 228 674 euros, la revente d’un appartement pour (aujourd’hui) 148 638 euros, apparaissent postérieurement. Le notaire se serait-il contenté d’un acompte ?
L’acte notarié précise que l’acquéreur déposait quatre millions de francs « de ses deniers personnels » et deux millions deux cent mille francs provenant d’un prêt bancaire dont l’émetteur n’est pas précisé dans le passage que reproduit Mediapart.
Florence Lamblin oubliée
Tout en prenant note des démentis du ministre du Budget, il n’y a guère que les écologistes d’EELV à manifester un soutien circonspect à Mediapart. Duflot s’est exprimée en ce sens, Pascal Durand aussi. Mais Jean-Vincent Placé a pris ses distances : « soit on a des informations, soit on en a pas. ».
On peut en avoir, mais cela ne suffit pas. Tenez, Florence Lamblin a réussi à obtenir, jusqu’à nouvel ordre s’il n’y a pas appel, 10 000 euros de dommages et intérêts du Figaro : le TGI de Paris, statuant en référé, a considéré que « les informations litigieuses sur [sa] vie privée » n’avaient qu’un « lien ténu » avec l’article sur l’évasion fiscale. Il est clair que « le compagnon de la demanderesse » (Isaac Khaski) vende des sex-toys depuis le domicile commun « est sans incidence sur ce qui peut ressortir du débat d’intérêt général. ». Sauf, bien sûr, si on a l’outrecuidance de ne pas trop croire à une histoire de seul héritage familial et qu’on relève que, par ailleurs, de nombreux clients des sites de vente en ligne des concubins Lamblin-Khaski se sont plaints de voir leurs chèques encaissés sans être livrés. Cela a pu finir par représenter quelques coquettes sommes : assurément placées sur un Livret A ?
Comme on peut le lire sur l’édition italienne de l’Huffington Post, « Una precisazione: non si tratta certamente di un "consiglio per gli acquisti", anche perché sembra che il sito di Madame Florence abbia la particolare tendenza di dimenticare di consegnare i prodotti ai clienti, nonostante la merce sia già stata pagata…). ». Hmm… Ce « Madame Florence ! ». De très mauvais goût !
L’ex-élue (à moins qu’elle ne soit que « suspendue ») d’Europe écologie n’a pas encouru les foudres des Verts pour n’avoir pas songé à verser ses 10 000 euros afin de loger des sans abris (remarquez qu’elle s’est peut-être empressée de le faire mais tient à l’anonymat : et puis, c’est sa vie privée).
Et Bayrou dans tout cela ?
Mais bon. Tout cela est question d’interprétation, et voilà que l’affaire Cahuzac devient l’affaire Mediapart. Jean-Michel Apathie accuse désormais Mediapart de « cacher des preuves » et d’être « complice » du maintien au gouvernement de Jérôme Cahuzac.
Celle-là, je ne m’y attendais pas. Edwy Plenel rétorque que « les preuves sont sous vos yeux ». Sur Canal+ (émission Supplément), il a affirmé qu’il avait plus de trois sources dans l’affaire Cahuzac, et que l’information était « béton ». Il relève que l’enregistrement publié n’a pas été réellement démenti par J. Cahuzac (ce qui n’est pas tout à fait exact, le ministre l’ayant évoqué avec… précaution).
C’est quelque peu étrange, il n’y a pas vraiment de pro-Cahuzac et d’anti-Cahuzac, mais des pro-Mediapart, et des anti-Mediapart.
Restons prudemment dans les « non-alignés » (les centristes, donc… de droite ?). Non pas que nous doutions de la sincérité de Plenel ou Arfi, mais du fait que le passé nous a enseigné que la vérité, la véracité, et celle « dite par le droit », soit la judiciaire, diffèrent souvent quelque peu. On peut être sincère, sérieux, documenté (par qui ? là, j’admets que la protection des sources est une ardente obligation), et cependant fourvoyé quant au résultat qui ne dépend pas que de soi.
Ce soir, François Bayrou sera l’invité de France 3. Il lui sera demandé de s’exprimer sur le cas Cahuzac (ou le cas Mediapart ?). Tenez, au risque d’être démenti, je fais d’avance mienne sa formulation. À mon sens, ainsi, on ne pourra pas dire que j’ai tenté de nuire à quiconque. On prend les paris ?
Cette affaire ne sent pas bon…
C’est la République vertueuse !
[url]http://www.cahuzac.com/[/url]
élémentaire, mon cher Watson !!!
comme pour Hélène de Yougoslavie !
Eh les crétins !
Nous à droite nous revendiquons l’esquive du fisc puisque nous considérons que l’état nous suce tout !
Donc de la part de gens de droite, rien d’anormal de chercher à fuir le fisc français…
Mais par contre, bande de crétins, ne défendez pas ces gauchistes qui eux, ne passent leur temps qu’à donner des leçons de ceux qui fuient à kl’étranger pour échapper au fisc !
CQFD
comme disent les guignols:
« Cahuzac », une source d’emmerdes pour le gouvernement……
Ces riches socialiste , qui critique a grande Gu..,.,les entreprenneurs Francais qui eux procure des emploies en France et qui ose leur indiquer de quitter le pays .. et cette gauche Caviar se goinffre dans des Salons ,et taxe au maximum les Francais…
[quote]…le passé nous a enseigné que la vérité, la véracité, et celle « dite par le droit », soit la judiciaire, diffèrent souvent quelque peu. [/quote]
Objection, votre honneur !
Ce n’est pas le droit qui dit, ce sont des magistrats, assez souvent fâchés avec le droit…
Mais oubliez-vous, jeff Tombeur, que Lagardère a volé au secours de DSK dans l’affaire du SOFITEL ?
[url]http://www.come4news.com/plus-pourri-que-moi,-tu-meurs-acte-ii-les-politiques,-la-justice-et-les-think-tanks-477967[/url] et suivants
Bouh………Dallas à côté, c’est de la rigolade ! 😀
Petite qustion…Vous dites Dany Saval « ex de Drucker » …..Que je sache ils sont toujours ensemble….Non ? …….
c’est vraiment les familles tuyaux de poelle, les cahuzac, les jarre, les drucker, à propos ce michel drucker, l’homme qui fait de la lèche, il demande et les fesses et le fric pour passer dans « son » émission » drôle de monde !
Au secours, la gauche caviar est de retour !