Damned, Fabrice Arfi, Dan Israel, Mathilde Mathieu et Martine Orange réunis pour cosigner « Affaire Cahuzac : le gestionnaire de fortune qui sait tout ». En général, c’est surtout le directeur de la publication qui se retrouve devant les tribunaux, mais parfois aussi la ou le journaliste signataire de l’article incriminé. Cela risque de faire du beau linge en salle d’audience… Quoique…
Voici donc qu’après avoir, plus d’une semaine durant, garanti l’anonymat de ses sources, Mediapart évoque Hervé Dreyfus, gestionnaire de fortune, fondateur de deux sociétés financières. Ce serait lui auquel, dans une désormais célèbre « conversation » téléphonique (avec l’intéressé pour interlocuteur puis un répondeur), Jérôme Cahuzac aurait (relevez le conditionnel…) confié : « Ça me fait ch… d’avoir un compte ouvert là-bas, l’UBS, c’est quand même pas forcément la plus planquée des banques. ».
Enfin, ce n’est peut-être pas lui l’interlocuteur. C’est lui « d’après nos sources », indique Mediapart. Il n’y a donc plus qu’à attendre le démenti du mis en cause (et non du mis en examen pour éventuelle complicité d’évasion fiscale ; depuis 2000, les faits doivent être prescrits).
Dreyfus, quelle affaire ?
À l’époque, Hervé Dreyfus était associé avec un « influent financier suisse » : Dominique Reyl. Et alors ? Ce n’est pas parce que certains frères El Maleh, de GPF SA, d’une grande banque suisse, ou de la cave d’un HML de banlieue parisienne, sont aussi frères d’un certain Judah El Maleh, qui ne connaissait pas du tout Florence Lamblin et Issac Kashki, gérants de sociétés de vente en ligne souvent qualifiées – à tort, forcément à tort – d’indélicates (peut-être simplement négligentes ? allez savoir…), qu’il faut faire des rapprochements hâtifs.
Cette manière de procéder traîne dans la boue les intangibles principes déontologiques de la presse responsable ! Perso, il m’est arrivé de prendre le métropolitain parisien avec le sieur Takieddine et peut-être de partager un wagon (car « voiture » serait déplacé) du Marrakech Express avec lui, et pourtant je n’ai rien à voir avec ce monsieur.
Or donc Hervé Dreyfus Finance (désignée ci-après par HDF ou « le gestionnaire ») est fusionnée début 2011 avec une autre société du même Hervé Dreyfus, fondée en 2000. Certes, c’est insolite. Pour éviter d’avoir des délégués syndicaux, un comité d’entreprise, il est largement préférable de scinder ses activités entre TPE. C’est tout à fait légal, et il n’est pas interdit à un dirigeant de siéger dans d’autres sociétés, comme Raymond James Asset Management international (ci-après RJAMI), ce qui est le cas d’Hervé Dreyfus depuis 1994. RJAMI, avec « une quinzaine de personnes » n’a pas tout à fait su optimiser non plus la répartition de ses collaboratrices ou employés, mais le relever est de fort mauvais goût.
Hervé Dreyfus est un familier des Cahuzac. Il aurait pu rencontrer, en une vie antérieure, Antoine Cahuzac, frère cadet de Jérôme, au Crédit commercial de France (ci-après CCF). Et alors ? Je me souviens d’une juriste du CCF qui m’avait reproché de n’avoir pas tiré la chasse d’eau : c’était à son domicile, où j’avais été convié par son mari. Drôle de méthodes de la part de Mediapart, ces insinuations qui n’ont rien de malodorantes en soi…
« Tiens, j’ai un frangin capilliculteur, enfin, chirurgien, moins je le vois, mieux je me porte. Hervé, ne voudriez-vous pas le prendre pour client ? ». La scène se déroule on ne sait où, peut-être devant les lavabos, et Mediapart suppute qu’Antoine Cahuzac refile son aîné à Hervé Dreyfus. « Hasard, MM. Cahuzac et Dreyfus habitent aujourd’hui à quelques mètres l’un de l’autre, avenue Pierre-de-Serbie », indiquent les fins limiers de Mediapart. Les immeubles se relient par les caves et ces grands fous en ont aménagé une pour des rencontres intimes ? Ce serait pour cela que J. Cahuzac refuserait de répondre aux questions de Mediapart sur leurs relations ?
Poux et teigneux
J. Cahuzac pose des implants capillaires (sur la tête de qui ? Michou ? du frère de Dalida, qui avait ses entrées auprès de Mitterrand ? on aimerait vivement savoir : pas d’Hervé Dreyfus, toujours chauve) et dirige Cahuzac Conseil, qui ouvre peut-être son carnet d’adresses à l’industrie pharmaceutique. Il se mouille avec Michel Rocard, du courant « gauche américaine » combattu par Chevènement. Il tente ensuite de se faire appeler spécialiste de chirurgie plastique et esthétique. Oui, et quoi ?
En 1995-1996, Cahuzac Conseil est florissante, et encaisse, en 1998, 38 000 euros grâce à deux factures qui lui rapportent 23 000 euros de bénéfices. Bon… Moi aussi, j’achète les merguez que je revends sur mon braséro en faisant au moins deux fois la culbute : si je pouvais vendre du pinard, ce serait quatre fois, farpaitement légal. Je ne vois toujours pas où Mediapart veut en venir…
Ensuite, toujours à quatre signataires, on nous dit que J. Cahuzac, dans un premier temps, ne se souvenait plus d’être allé à Genève. Il me semble que j’étais en colonie de vacances à Thonon-les-Bains, mais je ne me souvenais plus que les monitrices nous avaient fait visiter Genève, mais, maintenant, cela me revient… Il nous est rappelé que J. Cahuzac n’a jamais démenti l’enregistrement de la conversation téléphonique qui lui est attribué. Eh, le nombre de fois, où, total bourré, avec des potes, on a laissé des messages à des meufs, j’vous dis pas. Si je devais me rappeler de tout…
La conclusion de toutes ces révélations : « aucune enquête n’a été diligentée sur le fond des informations » relatives au compte suisse. Normal : puisqu’il n’existe pas. D’ailleurs, j’ai une ardoise à L’Univers (un bar interlope, cosmopolite, où frayent des quart de mondaines, des rastaqouères, des demi-sels), mais c’est le patron qui le dit : pas moi, je ne me souviens de rien. Et à la date présumée, sur son cahier, nib de nib.
Et Mediapart de suggérer au parquet de lancer une enquête pour « blanchiment de fraude fiscale ». Oh, bientôt, je vais me retrouver poursuivi pour m’être noirci (chè même pô vrai, gris, un poil guett’, tout au plus), et on m’annonce cela par voie de presse !
L’ennui, avec ce nouveau papier, c’est que, d’accord, J. Cahuzac, Hervé Dreyfus, Dominique Reyl, ont refusé de se « confier » à Mediapart en dépit de demandes pressantes et réitérées. Ben, les trois ont peut-être des ennuis de vessie et ont dû filer presto à chaque fois qu’on les sollicitait.
Donc, une nouvelle fois, si on veut chercher à mettre en doute le sérieux de Mediapart, le titre prête le flanc à la critique. Certes, on a bien compris qu’il s’agit de mettre la pression. Selon des sachants bien informés (recevant le Canard enchaîné le mardi soir par coursier), le volatile se gausserait de l’enquête de Mediapart. On attendra donc.
Pas de trace confondante
On attendra que J. Cahuzac se remette à la chirurgie viscérale et prenne une clientèle de CMU, par exemple. Pas sûr qu’il intéresse vraiment dans ce cas la Financière de l’Échiquier, son actuel gestionnaire de fortune. Cachez ce portefeuille que je ne saurais voir, diront les tartuffes.
Pour le moment, Hervé Dreyfus assume sa calvitie. Edwy Plenel, dans La Nouvelle République, résume : « nous n’avons pas la preuve finale, à savoir un document avec le nom de Cahuzac et le numéro de son compte (…) je peux vous dire que nous avons davantage d’éléments, de recoupements d’origines différentes et de sources que je n’en avais dans l’affaire Greenpeace [Ndlr. du Rainbow Warrior]. ». Il demande à J. Cahuzac qu’il dise clairement « cet enregistrement est un faux » (et que sa voix a été « imitée »). On doute seulement que, comme il l’affirme, Mediapart ait déjà « tout mis sur la table ». Il y aura peut-être, au final, une vérité judiciaire, une vérité médiatique, une vérité de conviction. C’est, jusqu’à nouvel « informé », tout ce qu’on peut en conclure.
Voui, Gtyhh, aussi nul que l’enquête judiciaire.
Dans son édition de ce mercredi, [i]Mediapart[/i] indique :
« [i]il ne peut y avoir d’enquête judiciaire pour[/i] “fraude fiscale” [i]sans que le parquet soit saisi par l’administration, après avis favorable de la commission des infractions fiscales (CIF) de Bercy… autrement dit par le ministre du budget. Or on voit mal Jérôme Cahuzac demander à ses services de dénoncer à la justice des faits qui le concernent personnellement et dont il conteste catégoriquement l’existence.[/i] ».
« [i]Pour remédier à cette situation anormale, il faudrait au minimum que la commission des infractions fiscales soit entièrement indépendante, que le parquet puisse s’autosaisir, ou alors que de simples particuliers ou associations reconnues (Transparence international, Anticor…) puissent aller en justice pour des faits de fraude fiscale, sans oublier de rallonger le délai de la prescription.[/i] ».
transparency ira certainement… (William Bourdon est son avocat et il est brillant) mais ne pas compter sur Anticor c’est une officine un peu socialo… enfin c’est ce que je pense