Actualité économique du 14 juin

 

 

 

 

 

 

 

Le secteur automobile en danger ?

 

Secteur clé de l’économie (un emploi industriel sur 10, 2% des salariés), mais également secteur très sensible aux variations conjoncturelles, le secteur de l’automobile pourrait de nouveau connaître des heures sombres. Le numéro 2 de Renault, Carlos Tavares, a prévenu que les constructeurs français allaient droit vers de grosses difficultés et appelé le gouvernement français à réagir. Le problème pour le gouvernement Ayrault est de trouver des réformes qui permettraient de relancer les ventes de voitures tout en restant extrêmement vigilent vis à vis des finances publiques. Car les mesures de soutien au secteur automobile déjà mises en oeuvre ont coûté très cher à l’Etat. Le dispositif de prime à la casse a coûté un milliard d’euros pour 1,1 million de voitures vendues. Quant au bonus-malus, qui a du être révisé en cours de route en raison de son coût trop élevé, a coûté 1,2 milliard d’euros. De plus, en 2008, les deux principaux constructeurs français, Renault et le groupe PSA, avaient bénéficié de quatre milliards d’euros de prêt public. En contrepartie, ils s’étaient engagés à ne pas fermer d’usines en France. Alors que peut faire le gouvernement ? Rétablir une politique de relance par la consommation du style "prime à la casse" ? Son coût pose évidemment problème, mais aussi et surtout, ce type de réforme profite aussi bien aux constructeurs français qu’étrangers. Celle mise en place en 2009 par François Fillon a d’ailleurs révélé que les Français avaient particulièrement acheté des petits véhicules de Renault produits pour la plupart dans des pays à bas coûts. La solution du chômage partiel sera peut-être à l’étude. François Hollande avait d’ailleurs promis durant sa campagne que la France y aurait davantage recours. Le chômage partiel serait financé par une suppression de l’exonération des heures supplémentaires. 

 

Les contrats aidés pour lutter contre le chômage

 

Le gouvernement Fillon avait déjà prévu 115 000 contrats aidés en plus des 225 000 signés au premier semestre. Celui du premier ministre Ayrault prévoit la création de 80 000 contrats aidés supplémentaires. Ils auront une durée de 6 à 9 mois et sont principalement destinés aux jeunes sans qualification. Ce surplus coûtera 400 millions d’euros. L’Etat pourrait demander aux conseils généraux une participation au financement. Par ailleurs, le gouvernement devrait annoncer prochainement le recrutement de conseillers Pôle Emploi pour faire face à l’augmentation des demandeurs d’emplois. L’opérateur public participera probablement au financement à travers des redéploiements de crédits.

 

 

Le plan de François Hollande pour la zone euro

 

Le nouveau président français François Hollande va dévoiler son plan pour relancer la croissance dans la zone euro et pour faire face à la crise de la dette, tout en maintenant les objectifs de réduction des déficits publics. Il a reçu ce jeudi le soutien du président du conseil italien Mario Monti, mais risque de se heurter au refus allemand sur plusieurs points. François Hollande souhaite par exemple que la Banque Centrale Européenne (BCE) soit aux commandes d’une union bancaire qui reposerait sur trois piliers : un fonds de garantie de dépôts financé par une taxe sur les banques, un fonds de démantèlement, et une surveillance centralisée. Non seulement l’Allemagne (mais également la Commission Européenne) souhaite que ce pouvoir soit octroyé, non pas à la BCE, mais à la nouvelle Autorité bancaire européenne. De plus, la chancelière Angela Merkel ne souhaite pas voir ses banques payer une taxe pour financer des banques qui n’auraient pas respecté des engagements et qui se trouveraient ainsi en difficulté. Autre point de discorde avec l’Allemagne, la France souhaite que le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), qui remplacera le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) à compter de juillet prochain, puisse bénéficier d’une licence bancaire lui octroyant le droit d’avoir accès aux liquidités de la BCE. Enfin, Angela Merkel est opposée à l’idée d’euro-obligations communes aux pays de la zone euro pour soulager les pays en difficulté. 

Au niveau des mesures plutôt consensuelles, François Hollande propose des eurobonds pour financer des projets d’infrastructures et d’avenir, une augmentation des moyens de la Banque Européenne d’Investissement, la mobilisation des fonds structurels européens non utilisés et une taxe sur les transactions financières.

 

 

En bref, le taux à 10 ans sur la dette espagnole s’est envolé et a dépassé la barre des 7%, un niveau critique et qui avait conduit l’Irlande, le Portugal et la Grèce à demander une aide internationale. La dette des banques espagnoles vis à vis de la BCE a également explosé pour atteindre 287,8 milliards d’euros. L’institution installée à Francfort n’achète plus de dette sur le marché secondaire  mais elle pourrait décider de s’y remettre pour faire baisser les taux. Mais elle n’y est absolument pas obligée. Le contexte est tendu dans toute la zone euro, que ce soit en Espagne qui doit se coltiner des problèmes sociaux, bancaires et avec ses régions, en Italie où les taux s’envolent également, et en Grèce où les élections législatives de dimanche pourraient décider du sort du pays au sein de la communauté de l’Euro.