Code 1502-08

Localisation : Latitude 1.467° Sud à 1.281° Sud,

et Longitude 78.442° Ouest à 78.263° Ouest,

Stratovolcan, altitude 5.023 mètres,

Cordillère Royale Andine, Équateur.


Le Tungurahua, – Tunguruhua ou Tunguragua, de Tunguri, gorge, et rahua, feu, « Gorge de Feu » -, culminant à une altitude de 5.023 mètres au-dessus du niveau de la mer, est un stratovolcan andesitico-dacitique actif, un cône très pentu, – pentes à 30 et 35° -, de 14 kilomètres de diamètre basal, dominant de plus de 3.000 mètres la vallée à ses pieds septentrionaux, se situant dans le Cordillère Royale Andine, en Équateur, à 140 kilomètres au Sud de la capitale Quito. Des sommets notables, comme le Chimborazo, 6.267 mètres et l’Altar, 5.319 mètres, l’encadrent L’édifice volcanique se dresse au-dessus de la petite cité thermale de Baños de Benasque, 20.000 habitants, implantée sur son flanc Nord, à 5 kilomètres, dans le cadre exceptionnel d’un cirque montagneux, en bordure du fleuve Pastaza. D’autres villes, plus importantes, sont proches : San Juan de Ambato connu comme « Ville des Fleurs et des Fruits », « Cuña de les Tres Juanes », « Ville Cosmopolite » et « Jardin du l’Équateur », 225.000 habitants, 30 kilomètres au Nord-Ouest, et Riobamba, 135.000 habitants, 30 kilomètres au Sud-Ouest.


Du haut de ses 5.023 mètres, le cratère sommital du Tungurahua dépasse, environ 4.900 mètres à cette latitude 1.4° Sud et 1.2° Sud, l’altitude des neiges éternelles. Son sommet est donc recouvert d’un manteau neigeux et, de surcroît, il est l’hôte d’un petit glacier qui souffre de l’augmentation de l’activité volcanique depuis 1999.


Culture et légende autour du Tungurahua.


Au Pérou, les autochtones, de culture kichwa(1), surnomment, affectueusement et religieusement, le volcan « Mama Tungurahua », – la Mère Tungurahua -, et tiennent la même considération pour son congénère voisin, le Chimborazo, adulé comme le père, le « Taita Chimborazo ».


Selon une légende inca, « le Taita Chimborazo et le Cotopaxi étaient des prétendants de la belle Tungurahua. Le Cotopaxi, très belliqueux, cherchait sans cesse querelle au Chimborazo qui, un jour, s’étant mis en colère, provoqua en duel son rival. Il sortit vainqueur du combat et obtint le cœur de la belle Tungurahua. Ils eurent, ensemble, le Guagua Pichincha, le bébé Pichincha qui hérita de la vaillance et de la puissance de son père, démontra sa force et provoqua l’ire de sa mère. La belle Tungurahua devint une furie incontrôlable, le restant toujours ».


Contexte géodynamique du volcanisme quaternaire équatorien.


L’arc volcanique équatorien est partie intégrante de la Zone Volcanique Nord des Andes qui s’étend depuis la latitude 5° Nord, – Volcan Cerro Bravo, en Colombie -, .jusqu’à la latitude 2° Sud, – Volcan Sangay, en Équateur -. Au Sud de cette latitude, le volcanisme actif, ne reprenant que dans la Région d’Arequipa, au Pérou, y est totalement absent. C’est arc volcanique est le résultat de la subduction de la Plaque océanique Nazca sous la Plaque continentale Amérique du Sud-Américaine et les microplaques Altiplano et Andes du Nord.

La croûte océanique de la Plaque Nazca subductante, depuis 12 à 20 Millions d’années, est porteuse de la Cordillère sous-marine de Carnegie constituée des produits volcaniques de l’activité du point chaud des Galápagos sur la plaque Nazca et subductant, depuis au moins 6 Millions d’années, sous la Plaque tectonique Sud-américaine.


L’arc volcanique équatorien se développe, dans sa majeure partie, face à la dite Cordillère, sur une largeur supérieure en sa zone septentrionale, – 100 à120 kilomètres -, alors que dans la zone colombienne, la dite Cordillère n’existant pas, cette largeur n’est que de 30 à 50 kilomètres. Ainsi, alors qu’en Colombie l’arc volcanique n’est constitué que d’un seul alignement de volcans, au niveau de l’Équateur, et particulièrement face à la Cordillère de Carnegie, quatre alignements d’édifices volcaniques, parallèles, s’inscrivent dans les structures du soubassement andin : la Cordillère Occidentale, la Vallée Inter-andine, la Cordillère Royale, – hôte des stratovolcans Tungurahua et Sangay -, et la zone Sub-andine Orientale, – portant le stratovolcan Reventador -, parallèle à la faille de chevauchement.


La Cordillère Royale Andine, hôte du stratovolcan Tungurahua.


À l’Est de la dépression Inter-andine et tout du long de la Cordillère Royale, se situe le troisième alignement de stratovolcans. À la différence de la Cordillère Occidentale où les volcans s’y définissent par la rectitude de leurs centres d’émission et par leur espacement régulier, les édifices volcaniques, dans la Cordillère Royale, sont, sans aucune organisation, dispersés sur une distance de 350 kilomètres et une amplitude d’environ 50 kilomètres. Leur direction est sub-parallèle à ceux implantés sur l’alignement volcanique de la Cordillère Occidentale. Les principaux volcans caractéristiques de cette chaîne sont, du Nord au Sud, Le Soche, le Cayambe, le Pambamarca, la Caldeira de Chacana, l’Antisana, le Sincholagua, le Cotopaxi, le complexe Chaloupes-Sincholagua, le Tungurahua, l’Altar et le Sangay. Le Reventador, bien que d’appartenance inclusive à la zone sub-andine, par sa pétrographie et sa géochimie, est généralement associé au volcanisme de la Cordillère Royale.


La pétrographie des laves, andésites basiques calco-alcalines, andésites riches en phénocristaux de feldspaths plagioclase et de minéraux ferromagnésiens, et minoritairement dacitiques, exclusivement d’âge final du Pléistocène Supérieur et Holocène, de ces stratovolcans, est assez uniforme. Les laves récentes, majoritairement dacítiques, des volcans Cayambe et Soche, constituent une exception. En outre, le Cayambe présente une évolution similaire à celle des volcans de la Cordillère Occidentale, originellement andesitico-expansif avec le Proto-Cayambe, se transformant, caractéristique de la croissance et de la destruction des dômes, en écoulements dacítiques. Enfin, l’existence de deux grands systèmes magmatiques, les caldeiras du complexe Chacana-Chaloupes, caractérisés par une importante activité riolítique mérite une attention spéciale, une évolution pouvant s’avérer indicatrice d’une mutation notoire dans le volcanisme de la Cordillère Royale.


L’érection des édifices volcaniques de cette cordillère s’est produite au cours du Pléistocène Moyen, – 780.000 à 130.000 ans -, voire vers fin du Pléistocène inférieur, au moment de la glaciation de Gunz, – 1.2 Millions d’années à 700.000 ans -, le Nebraskéen dans les régions du Middle West. Au cours des temps, tous ont souffert d’effondrements répétés et d’étapes d’érosion intense qui ont causé de la destruction totale ou partielle des cônes. Subséquemment, la reprise d’activité volcanique a réédifié de nouveaux bâtis. Dans cette chaîne volcanique, le Cotopaxi, le Tungurahua, l’Antisana, le Sangay et vraisemblablement le Cayambe ont une activité s’inscrivant dans les temps dits historiques, – de l’Antiquité à nos jours -, et, tout particulièrement depuis 1532. D’autre part, les datations au radiocarbone permettent d’établir que les cônes « jeunes » du Cotopaxi, du Tungurahua, du Cayambe, du Sangay et, probablement, de l’Antisana ont tous été construits durant l’Holocène.


Étant considérée la fréquence de leurs épisodes éruptifs,- 31 pour le Tungurahua, 78 pour le Cotopaxi en sommeil depuis le 19 Février 1942 et 22 pour le Cayambe en sommeil depuis Mars 1786, lors de quatre derniers millénaires ; 3 pour l’Antisana en sommeil depuis Mai 1802 ; et 3, dont le dernier du 08 Août 1934 et toujours en cours en Novembre 2010, pour le Sangay depuis 1628 -, la hauteur des stratovolcans et la présence d’une calotte glaciaire, les édifices volcaniques inclusifs dans cette cordillère présentent de conséquents dangers lors de futures éruptions si celles-ci consistaient en des coulées de lave, des coulées pyroclastiques, des chutes de cendre, de catastrophiques lahars et vraisemblablement, en cas d’extrusion des dômes ou d’une partie ou de la totalité de leurs cônes, des avalanches de matériaux volcaniques


Notes.


(1) Le quechua est une famille de langues parlée au Pérou, où il a le statut, ainsi que dans d’autres régions des Andes, du sud de la Colombie au nord de l’Argentine, de langue officielle depuis 1975,. Sa variante équatorienne est appelée kichwa, ou quichua. Il se subdivise en de nombreuses variétés. La plus répandue, Sud du Pérou et Bolivie, est le quechua dit « cuzquénien », qui possède une tradition écrite ancienne remontant à l’époque coloniale, – XVI° Siècle -.

Le quechua était la « lingua franca », – non sa langue officielle qui était l’aymara -, de la civilisation inca. L’extension territoriale actuelle du quechua est due au fait qu’il a été promu au rang de « lengua general » par le colonisateur espagnol.