Formation et historique du stratovolcan Tungurahua : Le Proto-Tungurahua.


Au cours de son évolution géologique, depuis le Pléistocène Moyen, – 780.000 à 130.000 ans -, ou fin du Pléistocène inférieur, au Nebraskéen pour les Amériques ou Glaciation de Gunz pour les Alpes, – 1.2 Millions d’années à 700.000 ans -, aux jours présents, le Tungurahua, posé sur une assise de roches métamorphiques, a connu, de façon séquentielle, au moins trois phases d’édification, présentement les seules déterminées, interrompues, pour les deux premières par des effondrements majeurs,


Ce fut, dans un premier temps, entre 1 Million d’années et 750.000 ans, l’érection du Proto-Tungurahua, référencé, par les scientifiques, Tungurahua I. Les diverse études programmées, et les résultats obtenus, n’en permettent pas encore d’en connaître ni son historique ni ses activités. Les seuls points connus sont que cet édifice s’est érigé sur les soubassements métamorphiques de la Cordillère Royale Andine et ne transparait qu’au travers des grandes surfaces inclinées, en son Nord, que sont le Runtún et le Pandoa, et des coulées de laves qui se déterminent sur les flancs, en sa partie orientale, de l’actuel édifice. Les épandages du Runtún et du Pondoa sont entaillés par de larges et profondes vallées, – les Vallées de Vazcún et d’UIba -, et, par les stratigraphies réalisées sur les aplombs qui corsètent ces cours d’eau, il s’y constate un empilement de coulées de laves andésitique basique à andésitique d’une épaisseur approximative de 400 mètres.


Le Proto-Tungurahua, ou Tungurahua I était un stratovolcan andésítique de 14 kilomètres de diamètre, lors d’au moins une explosion paroxysmale, voire colossale, qui avait déclenché au minimum un effondrement sectoriel, donnant naissance à une caldeira, et des avalanches de matériaux volcanique. L’édifice fut plus ou moins détruit et acheva son activité suite à un important épisode volcanique plus siliceux, responsable de l’émission de laves dacítiques toujours présentes sur les versants pentues du Runtún et du Minsa. D’après deux datations radiométriques réalisées par Barberi, en 1988, il peut être estimé que cet édifice, bâtit par accumulation de matériaux volcaniques au cours d’éruptions successives, a été actif de 770.000 à 350.000 ans avant l’ère chrétienne. Mais il est aussi plausible que plusieurs épisodes paroxysmaux ou colossaux se soient déroulés durant ses 350.000 ans d’existence.


Formation et historique du stratovolcan Tungurahua : Le Tungurahua II.


Après une longue période de repos et une intense érosion, l’édifice volcanique érigeant un cône intermédiaire, le Tungurahua II, s’est réactivé vers 10.000 à 12.000 ans avant J.C. En regard des investigations récentes, ses ruines n’apparaissent, uniquement, qu’au travers d’une série de coulées de lave situées dans la partie supérieure du f1anc Sud, zone de l’évent Tiacos, du complexe Tungurahua. Cette unité constitue une séquence, d’environ 100 mètres d’épaisseur, de laves andésítiques recouvrant des coulées laviques du Proto-Tungurahua. Géomorphologiquement, cette période d’activité vulcanienne peut être antérieure à 11 ou 12.000 ans avant l’ère chrétienne car les écoulements de lave du Tungurahua II emplissent les paléo-vallées formées durant la dernière glaciation, glaciation Würn IV dans les Alpes, Wisconsin III aux Amériques, entre 31.000 et 12.000 ans ± 1.000 ans avant J.C.


Le Tungurahua II, a été partiellement détruit lors du dernier effondrement sectoriel provoqué par l’instabilité de son dôme de lave, l’intrusion d’une conséquente arrivée de magma dacítique dans l’édifice volcanique et une éruption explosive cataclysmique ou paroxysmale, vers 2995 ± 90 ans avant J.C, Cet épisode destructeur a produit, laissant une imposante caldeira, en forme de grand amphithéâtre facilement reconnaissable de nos jours, tout particulièrement sur le flanc Sud, un effondrement de matériaux volcaniques d’un volume approximatif de 8 kilomètres cube. L’avalanche, combinée à des lahars, a heurté les reliefs situés immédiatement à l’Ouest du cône et s’est étalée, couvrant une distance d’au moins 15 kilomètres et constituant les plaines de Cotaló et de Pillate, vers le Nord-Ouest, vallée de la rivières Patate, et le Sud-Ouest, vallée du Chambo. Cette vallée fut même obturée par un imposant dépôt de matériaux et entraînant la formation d’un lac de quelques 10 kilomètres de longueur. La rupture du barrage, des décennies après, a généré une nouvelle catastrophe dans un déferlement de boues emportant tout, à son passage, sur des centaines de kilomètres en aval.


Formation et historique du stratovolcan Tungurahua : Le Tungurahua III.


Après l’effondrement du Tungurahua II, dans la caldeira en forme de fer à cheval ouvrant sur l’Ouest de l’édifice volcanique chapeauté d’un glacier, le stratovolcan Tungurahua III, sans atteindre encore la taille du Tungurahua II à la fin de sa croissance, se développe progressivement. Son activité éruptive émanant, exclusivement, de son cratère sommital, reconstruisant le cône, lui a permis de retrouver une taille au moins égale à 50% de celle du Tungurahua II, avant son effondrement. Cette activité s’accompagne de fortes explosions et de panaches et nuages de gaz, de cendres et de téphras s’élevant à hautes et très hautes altitudes dans la stratosphère et dérivant sur de longues distances.


Ces éruptions explosives provoquent, quelquefois, des coulées pyroclastiques et des coulées de laves andésitiques basiques qui atteignent les régions peuplées implantées à la base du volcan. La dernière crise éruptive importante, commençant le 06 Octobre 1999 et s’achevant le 08 Juillet 2009, Indice d’explosivité VEI 3, avait entraîné l’évacuation temporaire de la ville Thermale de Baños de Benasque située, sur le flanc Nord, à moins de 7 kilomètres du cratère sommital. La dernière éruption majeure, Indice d’explosivité VEI 4, s’était déroulée du 03 Mars 1916 à courant 1918, se prolongeant avec une activité mineure ait continué jusqu’au 01 Décembre 1925.


Deux périodes de construction sont référencées dans l’histoire du Tungurahua III. De vers 2995 ± 90 ans avant J.C, – certains spécialistes supputant même 1400 avant J.C -, jusque vers l’an 700, tel en est pour la première, d’importantes extrusions de laves et de nombreuses coulées pyroclastiques se sont succédées. Durant cette période, restant essentiellement andésitique basique la composition du magma n’a pas évolué significativement. La seconde concerne les 1.300 dernières années passées. Les épisodes éruptifs majeurs se sont succédés à la fréquence d’un par siècle. Généralement, ces éruptions explosives, de type strombolien, génèrent des chutes de cendres et de lapillis, une forte activité pyroclastique et, en phase terminale, des coulées de lave, de composition hétérogène, –andésite et dacite -. Des bouchons laviques andésitiques basiques obstruent la colonne volcanique mettant un point final à la crise éruptive. Ce schéma cyclique a été observé lors des trois plus catastrophiques éruptions historiques, dans les années 1773, 1886 et 1916-1918.


Le 05 Octobre 1999, après une longue période de repos, le volcan a repris une procédure éruptive qui s’est achevée le 02 Août 2010. Elle a été ponctuée d’éruptions explosives majeures les 16 août 2006, 06 février 2008 et 28 mai 2010. La pause éruptive a été de courte durée, le stratovolcan Tungurahua III se réactivant le 22 Novembre en émettant, après une série de fortes explosions, des plumes roses qui se sont élevées à 7,6 kilomètres d’altitude.

Tous ces points référencés et explicités, en regard de son âge, – entre 2.300 et 3.400 ans d’activité -, et des considérations volumétriques attachées à l’édifice, il peut s’admettre que le taux de croissance annuel, du Tungurahua III, est d’environ 0.15 kilomètres cubes.