On parle souvent du malheur des handicapés, des souffrances qu'ils endurent, mais rarement, voire jamais, des souffrances subies par leur entourage. Pourtant, s'occuper d'un "enfant" lourdement handicapé de 26 ans, c'est terrible pour une mère qui sait qu'elle ne sera pas toujours là et que sa fille restera à jamais dépendante d'une aide extérieur. Rongée, détruite, Lydie Debaine a fini par noyer sa fille avant de tenter de mettre fin à ses propres jours. Le Tribunal l'a pourtant comprise…

 
Lydie Debaine, cette dame de 66 ans aimait sa fille. Qui peut la juger ? Qui peut comprendre ce qu'est la vie lorsque l'on a 24 heures sur 24 le destin tragique de son enfant sous les yeux ? Que les institutions la refusent ? C'est une souffrance terrible qui peut mener à des drames. Les nerfs finissent par lâcher. C'est probablement comme ça qu'un jour, Lydie a décidé de noyer sa fille, après lui avoir administré plusieurs anxiolytiques.
 
A 26 ans, Anne-Marie n'avait pas de vie devant elle. Prisonnière de son corps, d'âge mental enfantin, migraineuse, épileptique et sujette aux vomissements et à l'insomnie, cette jeune femme vivait l'enfer, et faisait vivre un enfer à sa famille, bien malgré elle.
 
C'est le 14 mai 2005 que tout bascule et que Lydie devient une criminelle devant la loi. Une criminelle parce qu'elle a tué sa fille de manière lucide et avec préméditation. Mais le Procureur ne demande qu'une "peine de principe", c'est à dire du sursis, comprenant la tragédie que vivaient la famille Debaine. « Je n'avais pas le droit légalement, reconnaît l'accusée. Mais elle souffrait trop. J'ai voulu abréger ses souffrances, pas les miennes » aurait d'ailleurs répondu cette mère, selon le Parisien.
 
Coup de théâtre, le jury ne suit pas l'Avocat Général et décide d'acquitter la mère. Le verdict est prononcé sous les applaudissements de la foule présente au procès. Du jamais vu ! 
 
Cette affaire, proche de l'euthanasie tout en étant différente, montre que les français, à travers le jury populaire amical à Lydie Debaine, comprennent un tel geste et que la Justice elle-même ne tente pas de demander la prison ferme pour un acte qui, bien que désigné comme un homicide, n'en est pas vraiment un. 
 
Lydie Debaine a également reçu de nombreux témoignages de soutien et selon Le Monde, a prononcé une dernière phrase à l'annonce du verdict : "Je ne regrette pas mon geste. Mais ma fille me manque"…