Des centaines de policiers et de gendarmes se sont déployés dimanche à Berriane, ville algérienne située dans le nord du Sahara, pour tenter de mettre fin à trois nuits d’affrontements consécutives entre Arabes et Berbères mozabites. Selon des habitants, deux personnes dont un homme de 67 ans ont été tuées et des dizaines d’autres ont perdu leurs foyers depuis que les troubles ont éclaté jeudi soir entre groupes de jeunes masqués dans cette ville de 35.000 habitants.

« Ils brûlent nos maisons, ils volent et tuent. La haine les a rendus aveugles« , a déclaré Slimane Baaziz, membre de la communauté mozabite, au sujet de ses voisins arabes. « Ils détestent les Arabes. Ce sont des criminels qui cherchent à brûler et à tuer. Mais nous ne les laisserons pas faire. Nous allons nous défendre et répondre à leurs attaques« , lançait quant à lui un habitant arabe, Noureddine Bkar.

Ces incidents découlent de rivalités intercommunautaires enracinées de longue date, mais la participation active et violente de jeunes chômeurs les apparente aussi aux émeutes et manifestations survenues ces derniers mois dans d’autres villes et liées aux difficultés économiques. L’intensité des troubles de Berriane pourrait amener les Algériens à considérer cette ville comme un test de la capacité du gouvernement à répondre aux tensions sociales à un moment de mécontentement croissant face au chômage et à la pénurie de logements.

MAISONS ET BOUTIQUES BRÛLÉES

Policiers et gendarmes, appuyés par des canons à eau, sont entrés dans la ville pour faire face à d’éventuels nouveaux débordements dans la soirée de dimanche. Yahia Fehim, gouverneur de la province, a déclaré à Reuters que la ville était en ébullition mais restait « contrôlable« .

Dans les quartiers de Baba Saad et de Kaf Hamouda, on pouvait voir les ruines fumantes d’habitations et de kiosques mis à sac samedi soir par des jeunes munis de pierres et de cocktails Molotov. Une dizaine de boutiques avaient brûlé dans le centre-ville. « Mon oncle de 67 ans a été tué – son corps est encore à la morgue« , déclarait un Mozabite de 32 ans, Mohamed Daghour. « Ils veulent nous exterminer. Nous n’avons pas peur, mais nous sommes déterminés à défendre nos familles et nos biens. » Des camions ont évacué des dizaines de familles des quartiers touchés par les émeutes.

Liées à des différences linguistiques et religieuses, les tensions entre Arabes et Mozabites – Berbères de la vallée du M’zab où se trouve Berriane – ont périodiquement tourné à la violence au cours des vingt dernières années. Selon des habitants, les Arabes s’élèvent contre la domination traditionnelle du commerce privé par les Mozabites, alors que les seconds se sentent exclus des emplois de la fonction publique, en particulier les plus élevés.

Les Mozabites parlent leur langue propre, à l’instar d’autres groupes berbères d’Afrique du Nord, et pratiquent l’islam ibadite alors que la majorité algérienne est d’obédience (sunnite) malékite. Un représentant de la communauté mozabite de Berriane a déclaré: « Nous devons enseigner à nos fils la culture du respect des différences. Nous sommes des citoyens algériens et la constitution protège notre droit de pratiquer librement notre religion.« 

Les troubles de Berriane restent jusqu’ici d’une ampleur limitée par rapport au soulèvement massif de la communauté berbère de Kabylie en 2001, durant lequel une centaine de personnes avaient été abattues par les forces de sécurité.

Par Lamine Chikhi Reuters – Dimanche 18 mai 2008 – Version française Philippe Bas-Rabérin

Des centaines de policiers et de gendarmes se sont déployés dimanche à Berriane, ville algérienne située dans le nord du Sahara, pour tenter de mettre fin à trois nuits d’affrontements consécutives entre Arabes et Berbères mozabites. Selon des habitants, deux personnes dont un homme de 67 ans ont été tuées et des dizaines d’autres ont perdu leurs foyers depuis que les troubles ont éclaté jeudi soir entre groupes de jeunes masqués dans cette ville de 35.000 habitants.

« Ils brûlent nos maisons, ils volent et tuent. La haine les a rendus aveugles« , a déclaré Slimane Baaziz, membre de la communauté mozabite, au sujet de ses voisins arabes. « Ils détestent les Arabes. Ce sont des criminels qui cherchent à brûler et à tuer. Mais nous ne les laisserons pas faire. Nous allons nous défendre et répondre à leurs attaques« , lançait quant à lui un habitant arabe, Noureddine Bkar.

Ces incidents découlent de rivalités intercommunautaires enracinées de longue date, mais la participation active et violente de jeunes chômeurs les apparente aussi aux émeutes et manifestations survenues ces derniers mois dans d’autres villes et liées aux difficultés économiques. L’intensité des troubles de Berriane pourrait amener les Algériens à considérer cette ville comme un test de la capacité du gouvernement à répondre aux tensions sociales à un moment de mécontentement croissant face au chômage et à la pénurie de logements.

MAISONS ET BOUTIQUES BRÛLÉES

Policiers et gendarmes, appuyés par des canons à eau, sont entrés dans la ville pour faire face à d’éventuels nouveaux débordements dans la soirée de dimanche. Yahia Fehim, gouverneur de la province, a déclaré à Reuters que la ville était en ébullition mais restait « contrôlable« .

Dans les quartiers de Baba Saad et de Kaf Hamouda, on pouvait voir les ruines fumantes d’habitations et de kiosques mis à sac samedi soir par des jeunes munis de pierres et de cocktails Molotov. Une dizaine de boutiques avaient brûlé dans le centre-ville. « Mon oncle de 67 ans a été tué – son corps est encore à la morgue« , déclarait un Mozabite de 32 ans, Mohamed Daghour. « Ils veulent nous exterminer. Nous n’avons pas peur, mais nous sommes déterminés à défendre nos familles et nos biens. » Des camions ont évacué des dizaines de familles des quartiers touchés par les émeutes.

Liées à des différences linguistiques et religieuses, les tensions entre Arabes et Mozabites – Berbères de la vallée du M’zab où se trouve Berriane – ont périodiquement tourné à la violence au cours des vingt dernières années. Selon des habitants, les Arabes s’élèvent contre la domination traditionnelle du commerce privé par les Mozabites, alors que les seconds se sentent exclus des emplois de la fonction publique, en particulier les plus élevés.

Les Mozabites parlent leur langue propre, à l’instar d’autres groupes berbères d’Afrique du Nord, et pratiquent l’islam ibadite alors que la majorité algérienne est d’obédience (sunnite) malékite. Un représentant de la communauté mozabite de Berriane a déclaré: « Nous devons enseigner à nos fils la culture du respect des différences. Nous sommes des citoyens algériens et la constitution protège notre droit de pratiquer librement notre religion.« 

Les troubles de Berriane restent jusqu’ici d’une ampleur limitée par rapport au soulèvement massif de la communauté berbère de Kabylie en 2001, durant lequel une centaine de personnes avaient été abattues par les forces de sécurité.

Par Lamine Chikhi Reuters – Dimanche 18 mai 2008 – Version française Philippe Bas-Rabérin

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