Des fabricants indiens de matériels informatiques ont enfin réussi à mettre sur le marché une tablette numérique à très bas coût: 25,5 euros soit  17.800 franc cfa ! Bien moins cher qu’un récepteur TV fabriqué en Chine ou monté au Nigeria et vendu au Cameroun! Cette nouvelle donne ouvre de telles perspectives qu’on est en droit de s’étonner que ni les gouvernements africains ni les hommes d’affaire n’en tirent profit.

L’accès au savoir sera indubitablement le premier bénéfice que les Africains pourraient tirer de la fameuse tablette numérique indienne à 25,5 euros. Le faible développement de réseaux scolaires, universitaires ou publiques de bibliothèques représentent un frein lourd à la popularisation de la culture de la lecture en Afrique sub-sahérienne, en particuliers au Cameroun. N’eut été la présence des Centres Culturels et des Alliances Françaises en Afrique francophone, la situation des étudiants, des chercheurs et des passionnés des lettres serait plus dramatique encore.

La tablette numérique leur permettra certainement d’accéder gratuitement aux dizaines de milliers de documents disponibles sur internet, notamment les ebooks en pdf sur des sites tels que livrespourtous.com. Ils auront ainsi, pour moins de vingt milles francs d’achat de la tablette et quelques milliers d’autres francs pour louer la connexion internet dans un cybercafé pour effectuer des téléchargements, l’équivalent en volumes de plusieurs bibliothèques qui tiendront discrètement dans un cartable.     

L’Afrique accuse un grand retard en matière d’équipements en ordinateurs personnels. D’après les statistiques de l’ONU, le Cameroun comptait en 2005 un ordinateur pour 100 habitants.Il est indéniable que la politique d’exemption de frais de douanes du matériel informatique importé a largement contribuer à faire baisser les prix des ordinateurs personnels au Cameroun. Trouver un ordinateur Pentium 3 d’occasion encore en bon état à 50.000 francs cfa soit à peu près 76 euros ne relève plus de la gageure. Loin de là!

Mais malgré l’accroissement de l’accessibilité économique des ordinateurs, la plupart des foyers peinent encore à voir le bénéfice de s’en procurer. D’autant plus que, d’après les statistiques gouvernementales, plus de 40% de la population gagne moins d’un dollar par jour. En outre, du fait du manque d’instruction dans les établissements et le milieu professionnel ou associatif, l’écrasant majorité de la population urbaine ne sait utiliser un ordinateur que pour saisir des textes, consulter les courriels ou participer aux chats.    
 
C’est une antienne pour les hommes politiques et les intellectuels de l’Afrique sub-sahérienne de dénoncer la fracture numérique entre le Nord et le Sud et de fustiger le défaut de solidarité des pays riches. Au regard de leur mutisme quant aux opportunités que représente la tablette numérique low cost réalisé par des industriels indiens en collaboration avec leur gouvernement, on est en droit de se demander s’ils ne craignent pas de perdre un juteux fonds de commerce: le prétexte de la cherté des technologies pour demander sans cesse de l’aide à l’Occident.