Évidemment, offrir sa propre caricature à un tiers peut paraître très narcissique. À moins que les destinataires soient des parents ou des amis très proches (et mieux vaut dans ce cas l’accompagner d’un autre présent, plus conventionnel). Mais on peut aussi, à l’insu de la personne, si on dispose de quelques photos, s’adresser à un caricaturiste qui croquera de manière sympathique le destinataire. Il est aussi possible d’offrir une séance de pause à l’issue de laquelle la personne repartira avec son croquis. Avantages : contrairement à une séance de prises de vue chez un photographe portraitiste ou un peintre, c’est moins fastidieux pour le modèle et beaucoup plus abordable…


Bonne idée du conservateur du musée de l’Orangerie des Tuileries, à Paris, consacrer une exposition aux portraits d’enfants réalisés par leurs parents. Bien sûr, quelques personnalités contemporaines sont ainsi à l’honneur de cette exposition « Les Enfants modèles » (jusqu’au 8 mars 2010). Mais la séance de pose n’a pas laissé que d’excellents souvenirs à, par exemple, Pierre ou Catherine Arditi, les enfants du peintre Georges Arditi. Pour le comédien, qui l’a confié à l’agence Associated Press, la séance s’apparentait à « une punition pire que le fouet ». Il est bien sûr à présent reconnaissant et ému… à un demi-siècle de distance. Si pour la cinéaste Claire Denis (petite-fille de Maurice Denis), l’écrivain Jean-Marie Rouart (fils du peintre Augustin Rouart), prendre la pose n’était pas une corvée mais un moment privilégié, on ne peut préjuger de la réaction du modèle, tant lors des séances que devant le résultat.

 

De même, si j’ai de bons souvenirs d’avoir posé pour le studio Harcourt ou le photographe Côme Jacquier, j’ai aussi celui de plus d’une heure (qui m’a parue en valoir au moins deux) de séance dans un célèbre studio photographique de Montréal. Et là, contrairement à la photo scolaire de groupe qui fait sauter une heure de cours, seule la perspective d’un résultat vous convenant vous incite à la patience… possiblement contrecarrée par une irritation croissante.

 

Tout autre est la caricature. Elle n’exige souvent qu’un petit quart d’heure d’immobilité toute relative. Et encore, si vous vous en remettez au caricaturiste roumain Stephan Popa, qui figure depuis des années au Guinness des records en tant que « caricaturiste le plus rapide au monde », vous pouvez espérer reprendre très vite vos activités normales : il vous zippe votre expression en moins de temps qu’il ne faut pour zapper deux ou trois pages de publicité. Stefan Popa, dit « Popa’s », parcourt l’Europe et il lui arrive de croquer gratuitement les visiteuses et visiteurs de divers festivals consacrés au dessin de presse ou humoristique. C’est l’anti-Morchoisne ou l’antithèse d’un Mulatier, célèbres dessinateurs portraitistes qui consacrent de longues heures, voire plusieurs jours, à chacune de leurs œuvres. Toutefois, ne vous y trompez pas. Popa’s est un véritable artiste peintre et sculpteur par ailleurs, aux portraits très léchés et réalistes.

 

La caricature présente aussi, à l’heure des « réseaux sociaux », de FaceBook et autres sites visant à créer des communautés, l’avantage de se prêter fort bien à la réalisation d’avatars. C’est d’ailleurs ainsi que je l’ai abordée sur le tard, en demandant à l’ami Pascal Sibertin-Blanc, dit Sib, de me croquer en vue de me fabriquer une icône. Sib est très souvent présent sur des salons informatiques et il lui arrive fréquemment de réaliser gratuitement des caricatures sur les stands des tablettes graphiques Wacom. Benjamin du peintre Olivier Sibertin-Blanc, Sib est un illustrateur dont le talent reconnu revêt de multiples facettes. Il peut aussi, lors de soirées, réaliser au stylet et avec le logiciel Corel Painter, des caricatures de vos invités, lesquelles seront projetées sur écran, imprimées et aussi remises en fichiers sur CD.

 

Il y a un monde entre un « portrait façon caricature » et une caricature de presse ou illustrative. Nistor Flavius Emanuel, « caricaturiste amateur », est surtout un portraitiste qui cherche, au-delà des apparences, à rendre compte d’une expression, d’un sentiment, voire d’un état d’esprit fugitif. C’est aussi bien sûr la démarche de professionnels plus aguerris mais ils tenteront de saisir des traits plus durables du modèle, et si possible de le rendre plaisant. En tout cas, sympathique. Le résultat peut-être très différent selon l’humeur du modèle, la rencontre qui s’instaure entre lui et caricaturiste, et ce qu’il exprime (oui, un bon caricaturiste supporte que l’on bavarde avec lui). Il y a donc de fortes chances que les résultats, à temps de séance et aisance du dessinateur chevronné similaires, soient très différents pour un même modèle. Jean-Paul Vomorin, qui officie gratuitement sur divers salons (ce fut le cas lors d’un salon de la photo à Paris, sur le stand Olympus), n’a pas du tout la même approche que ses confrères du site Caric’Artistes. Lesquels, tout comme lui, peuvent créer des « portraits-charge » d’après photo (plaçant le modèle en situation en fonction des renseignements que vous fournissez sur lui : ses goûts, le sport qu’il pratique, son métier, &c.).

 

Ma plus récente caricature m’a été offerte par les commerçants des galeries marchandes de la gare de Valence (València, Comunitat Valenciana) qui, pour un achat modeste (six euros ou davantage), vous permettaient de poser pour un caricaturiste. Ce fut Vicmi (voir son site caricaturistas.info). Tout comme de nombreux caricaturistes européens, il réalise des portraits sur photos et les livre dans toute l’Europe (et au-delà…). Pour sa part, comptez sept jours minimum après réception de vos photos.

 

Vous pouvez aussi vous adresser à des graphistes spécialistes du morphage (morphing). Dans ce cas, si une seule photo peut suffire, mieux vaut en fournir un petit jeu. Selon son inspiration, le spécialiste pourra procéder à la déformation d’une seule photo ou réaliser un montage. Souvent aussi présent sur divers salons informatiques, Anthony « Rasia » Legrand, formateur et graphiste de Wisibility, procède autrement : il prend lui-même des photos du visage, du torse, des jambes et des extrémités (mains, pieds), puis réalise un montage auquel il applique des distorsions pour livrer un portrait en pied. Sur sa galerie, vous pourrez comparer les modèles « au naturel » puis « rasiarisés ». La différence entre ses prestations et de simples morphages est patente. Mais si vous vous sentez en mesure de créer vous-mêmes des morphages, vous pouvez tenter d’utiliser un graticiel ad hoc. La plupart des logiciels professionnels donnent des résultats vraiment très au point mais le graticiel de Christoph Walter, AnManie, qui existe en VF (version française), peut suffire. Sqirlz Morph, autre graticiel, ou Norrkross MorphX pour Mac (mais il en est d’autres), vous permettront de vous faire la main ou… de vous convaincre de l’utilité de faire appel à un professionnel.

 

Si vous ne voulez pas prendre de risque, commandez la caricature d’un artiste, d’une comédienne, d’une personnalité, d’une sportive ou d’un chanteur dont le destinataire de votre cadeau raffole. La plupart des professionnels proposent ce type de prestation en ligne. Le choix est large. De plus, les tarifs restant généralement raisonnables, vous pouvez commencer une collection. Elle n’aura sans doute pas la même valeur pécuniaire qu’une collection de timbres ou de garde-temps, mais elle sera sans doute aussi, sinon davantage, plaisante…