À MA MÈRE !

Même si j’ai de la peine en constatant que tu ne me reconnais plus, même si je sais que tu vas me répéter une fois de plus que je ne suis pas ta fille. Même si tu demandes des nouvelles de ton père mort à la guerre, en 1917, même si tu me demandes, comme tous les dimanches, si je suis mariée, si j’ai des enfants, même si c’est toi qui m’appelle « maman »,  je te pardonne.

C’est grâce à TOI que je suis devenue ce que je suis, et ne regrette rien.

À 99 ans, tu ne t’es jamais plainte, et tu vis les derniers jours de ton existence dans une bulle, protégée de tout souci matériel, et à l’abri des nouvelles alarmantes, qui plongent notre pays dans une guérilla sociale qui risque bien de faire plus de ravages que toutes les guerres réunies.

Tu ne sais pas, tu ne sais plus, qui gouverne notre pays. Le mot Europe n’a aucun sens pour Toi. 

Les mots : chômage,  agression,  insécurité, sont sortis de ton vocabulaire et de ta mémoire.

Tes yeux ne distinguent plus que les ombres, et tous comptes faits, ce n’est pas plus mal.

En ce jour où l’on fête toutes les mamans du Monde, je me vois mal te faire état de ce qui nous guette, et  refuse de partager avec TOI, l’angoisse qui m’étreint

Alors, ces mots que je ne te dirai pas, ces peurs, ces colères qui m’animent, même un jour comme aujourd’hui, je vais les déposer dans ce texte que tu ne liras pas, mais que j’aurai aimé partager avec Toi.

 

Je vais aller à contre courant de la « bienpensance », une fois de plus.

Fête des Mères, des Pères, des Grand-Mères, des Voisins, la St Valentin (et j’en passe.) ne sont plus d’actualité.

Il est à croire que la France en récession qui voit la consommation des biens et services diminuer de jours en jours, ne sait plus à quel « Saint » se vouer pour lobotomiser une population exsangue.

L’endormissement  par la distraction ne suffira pas à calmer un peuple qui voit ses Hommes et Femmes Politiques s’embourber, engraisser, mentir, condamnés pour avoir trompé ceux qui les ont élus.

Ce n’est pas la petite dernière Sylvie Andrieux qui vient d’écoper d’un an de prison ferme, pour détournement de fonds publics qui me contredira.

L’insécurité règne dans toutes les grandes villes. On tue des soldats, des policiers, on vole à main armée,  on enlève des enfants,  les suicides sont en augmentation, les usines mettent à la rue des milliers de salariés. 

On vend des « morceaux » de notre patrimoine immobilier, à la Chine, au Qatar, à Dubaï aux oligarques Russes. 

Les financiers sont les maîtres du Monde, et nous dictent leurs lois.

Nous ne sommes plus que des esclaves en puissance.

Alors ma petite maman, ne regrette rien, reste bien au chaud dans tes certitudes.

Et tant pis pour moi, je sais que je  vais me faire traiter de tous les noms d’oiseaux, si je me mets à condamner, ces jours de liesse, où tout le monde s’embrasse et promet monts et merveilles, tout en sachant que rien n’est tout beau, tout rose,  tout au long d’une vie, fut elle aussi longue que la tienne.

En Mai 2008 j’écrivais ceci : La fête des mères c’est tous les jours,

Pour rien au Monde je ne changerai d’avis.

Bonne fête maman !

Tu l’écoutais en boucle….

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17 réflexions sur « À MA MÈRE ! »

  1. Néanmoins, pour tous ceux et celles qui ont encore la chance d’avoir une Maman qui a toute sa conscience, n’hésitez pas à déclarer votre Amour et votre reconnaissance, à celle qui vous a permis de « grandir » sans jamais manquer à ses devoirs de mère.

    Bonne fête à toutes les Mamans du monde !

  2. [b]Pour moi elle s’appelait Mama, ça ne change rien, ma langue maternelle est toujours le français. Vivent toutes les Mamans !
    Je vous embrasse SOPHY pour ce joli message (si vous me le permettez)[/b]

  3. [b]poème à ma mère

    J’écris pour vous dire..

    J’écris pour vous dire que je n’écris pas. Je laisse ma page respirer. Je laisse ma main sur le papier .J’écris pour vous dire que c’est la nuit. Que c’est la nuit que souvent j’écris. J’écris pour vous dire que je ne dis rien. Que je n’ai rien à dire. Que les mots sont absents dans ma nuit. Que ma nuit est absente sans mes mots. Que mes mots ressemblent fort à des maux. Que ma nuit est plus vide que le papier. Que ma main n’arrive plus à tracer. Tout cela je vous le dis. Comme je le dis à un mur. Comme je le dis au mur de ma nuit. Comme je le dis à ma mère. Enfermée dans son silence. Enfermé dans mon silence. le silence de sa nuit. Sa nuit qui n’en finit pas. Sa nuit qui n’en finit pas d’ê tre une nuit. Elle. Seule dans la nuit. La nuit de sa vie. La nuit de sa vie qui s’éteint. Qui s’éteint sans aucun bruit. Doucement. Sans aucun bruit. La nuit de sa respiration. Peut être sa dernière nuit. Personne ne sait. Personne ne pense. Chacun vit dans sa nuit. Chacun vit dans le fin de sa nuit…[/b]

  4. Comme j’aurais aimé pouvoir écrire ce magnifique texte que vous nous offrez aujourd’hui, chère Sophy…Tant d’amour et tant de lucidité m’ont fait moi aussi monter les larmes aux yeux .Merci aussi à notre si poétique Mozarine et aux autres…aujourd’hui je suis très fière de notre site qui nous permet cette expression profonde .
    moi j’ai perdu mon « petit oiseau » voici 11 ans mais toujours dans mon coeur il gardera sa place légère et tendre à la fois , source de tant de petits bonheurs passés …

  5. Sophy (et d’autres), je vous recommande [i]Les Ailes du délire[/i], de Danièle Vaudrey,à paraître chez Mon Petit Éditeur (plus ou moins du compte d’auteur).
    Je le chroniquerai bientôt.
    Cette forme aigüe m’a été épargnée (ainsi qu’à ma mère, décédée avant qu’elle en ressente les effets qui l’auraient vraiment perturbée).
    Beau texte, Sophy.

  6. La mienne, Sophy, il y a encore un an, malgré ses douleurs de dos , allait fièrement au bureau de vote , 1er et 2ème tour pour un espoir de changement, pour ne pas revivre 5 ans de sarkozysme. Elle me demandait souvent, à propos de telle ou telle loi, tel ou tel scandale, telle ou telle déclaration si l’avenir des jeunes s’éclaircissait ou s’assombrissait. Si sa dernière petite fille (la mienne!)trouverait une place honnête et utile dans la société…Cela l’inquiétait , elle qui, bien que venue pauvre de Pologne, avait pu et su se construire une belle vie, avec mon père…Une vie fondée sur l’espoir , une vie pleine de rêves simples et si beaux .
    La mienne, Sophy, malgré une enfance proche du martyr, avec une mère qui ne l’aimait pas (et qui me détestait)avait gardé foi en l’homme,aimait les autres et était aimée de tous, souriait aux enfants, soignait les bêtes, écoutait riches et pauvres, étrangers, mal foutus …Peu importait. Simplement, il ne fallait pas toucher à sa couvée..Là je l’ai vue devenir violente, voire haineuse et ne pardonnait plus rien.
    Ma petite maman, je ne parle plus avec elle depuis 2 mois maintenant: les évènements de France et d’ailleurs ont perdu depuis de l’intérêt pour moi.
    Alors bien sûr elle vit dans ma mémoire, mais si mal et si peu…
    Ma mère, Mozarine, du fond de la nuit qui a précédé son dernier voyage , ne parlait plus et ne comprenait plus; ne semblait plus voir ni entendre…Et pourtant…elle parvenait, du fond de sa nuit,à tendre les lèvres pour nous donner un dernier bisou.
    Je pense à toi.

  7. Siempre,

    J’ai lu votre commentaire dans les « débats »!Il y a pleins de mail que je ne reçois plus…Bizarre???

  8. Je renonce à comprendre, Mozarine…entre les images qui s’agrandissent au moment où on les publie, les commentaires qui disparaissent…

  9. Un grand MERCI, à ceux qui sont passés, pendant que je rendais visite à ma « petite maman », si petite, elle rétrécit tous les jours, et se voute au point de ne plus savoir se redresser.

    J’y suis allée comme tous les dimanches matin.
    Elle ne m’a pas reconnue, mai quand je lui ai passé le foulard en soie autour du cou, foulard que je lui offrait pour cette occasion, elle m’a dit il est bien chaud.
    Nous avons une fois de plus refait le « Monde » (le sien).

    Elle ne marche plus, et j’ai maintenant besoin d’aide pour la mettre du fauteuil au lit et inversement. Je lui ai donné à la petite cuillère son repas broyé, et l’ai quittée
    Mais aucune plainte n’est sortie de sa bouche.

    « C’est la vie » comme elle avait coutume de dire…

    Merci à Mozarine qui me fait cadeau d’un très beau poème, Merci à Mum, qui a perdu son « petit oiseau » il y a 11 ans, (je crois dans les mêmes conditions).

    J’ai réussi à émouvoir Fanfanville, et a attirer Jef Tombeur sous cette déclaration d’Amour (détournée).

    Merci à Zelectron, qui parfois est mon premier lecteur quand le doute m’envahit, je lui envoie en avant première mes humeurs. De son côté il m’envoie des idées que je n’exploite pas ou peu, je ne suis agréablement lisible que lorsque je suis spontanée.

    Une pensée particulière pour @Siempe qui vient de perdre sa maman, et avec laquelle j’ai suivi sur Facebook ce long calvaire.

    SOPHY

  10. merci Sophy. La mienne je viens de la quitter. Ma soeur et son mari sont venus avec déjeuner à la maison et passer la journée. Ma mère ne voit que par ma soeur, il n’y a qu’elle qui fasse bien. Toi tu travailles ? ah, j’avais oublié… mais ta soeur elle a besoin !! »
    elle a des problèmes d’audition, « mais non voyons !! quelles réflexions ??? »
    allons c’est l’âge ! d’accord mais quand on ne veut pas corriger un souci ?
    Voilà j’ai vu ma maman qui se plaint toujours que je ne l’appelle jamais ? pourtant c’est à peu près une fois par semaine… et elle ? elle me téléphone ? JAMAIS !!

    allons, je suis pourtant très à l’écoute des personnes âgées, je suis patiente dit-on de moi. Pourtant avec elle, c’est un peu différent. Pourquoi ? simplement parce que je voudrai qu’elle ne change pas, je voudrai la savoir toujours la même.

    Bonne fête Maman. cet été tu fêteras tes 82 ans. J’espère te souhaiter encore longtemps ta fête.

  11. @ Madalen :

    Moi aussi j’ai eu des moments de crise avec ma maman, et mon frère était le préféré.
    Mais quand sont venus les premiers symptômes de la maladie, encore consciente, elle s’est rendue compte que c’était moi et moi seule qui me chargeait de TOUT.
    Et la reconnaissance est venue juste avant que sa mémoire ne lui fasse défaut.

    La paix s’est installée, fini les remontrances (eh oui, même à mon âge, j’y avais droit).

    Quand elle a quitté le Monde des vivants pour vivre dans ses souvenirs, nous avions fait chacune de notre côté notre « acte de contrition », et je sais que lorsque qu’elle partira rejoindre ses copines mortes depuis longtemps, c’est bien la douleur de perdre une maman-enfant que j’éprouverai.

  12. Cela doit être triste pour vous, SOPHY .

    [url]http://www.youtube.com/watch?v=USYvaseTOXo&feature=player_detailpage[/url]

  13. Oui, Véritas :
    Il y a 10 mois je perdais mon époux, et le je suis déconnectée avec ma maman qui n’atteindra surement pas ses cent ans !!

    Ainsi va la vie, après ce sera mon tour……

  14. Ce n’est pas très gai, mais la musique est très belle, et de circonstance.
    Merci Véritas

    {youtube}USYvaseTOXo{/youtube}

  15. je le sais, cela Sophy, c’est pourquoi j’essaie de lui téléphoner le plus souvent possible, d’aller la voir même avec toutes les remarques qu’elle peut faire, souvent banales mais qui « piquent dur » souvent innocentes en apparence.
    Oui lorsqu’elle partira j’aurai du chagrin puisque c’est ma mère et on n’en a qu’une !! Il y a bien des personnes que je connais qui devraient se le dire justement que l’on a qu’une mère et qu’elle est irremplaçable.

    belle journée à venir

  16. à Siempre,

    Toutes mes condoléances,Siempre,je n’avais pas compris que votre maman était décédé!

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