Tu nous as quitté un mois d’octobre il y a bien longtemps, comme Brel et tant d’autres magiciens des mots. Quitté ? pas vraiment puisque tu as été, entre Voltaire et Hugo, de tous mes voyages , de tous mes états d’âme et de toutes mes colères, puisque souvent une de tes chansons me visite quand l’actualité fait des siennes.  Adolescente, si Brel ou Nougaro  me troublaient en parlant d’amour passion ou d’amour sensuel, sur des registres et des musiques bien différents, tes airs de père bourru mais bon, me consolaient, avec ta pipe, tes grands yeux doux , une allure simple et cette moustache d’un autre monde. 

J’ai en effet craqué sur « Les Quatre Bacheliers » , que tu as dédié à ton père, un homme bon, le père modèle qui absout les fautes avec finesse et coeur,  dont je n’ai hélas pas trouvé la video pour la partager avec mes amis de C4N.   Toi qui n’a pas eu d’enfants et t’en tire avec une pirouette. « Quant à moi qui, malgré des tas
De galipettes de fada,
N’ai point engendré de petits,
J’ n’ai pas pu faire d’abrutis. »
    

Tu ne dédaignais pas les chansons grivoises qui choquent les âmes prudes mais sans misogynie, ou si peu, quand le troubadour « du temps jadis » s’acoquine avec Toulouse Lautrec.   Dans les années 70, un jeune guitariste reprenant tes airs les plus célèbres était sûr de remporter un succès fou aupres des filles; on chantait tous en cœur « Les Copains d’abord » , « une Jolie Fleur », « Gastibelza, l’homme à la carabine » ,« Brave Margot », « le Parapluie », « Les Amoureux sur les Bancs Publics ».   Tu aimais les jeunes, de Dassin à Fugain en passant par Maxime Le Forestier qui reprit tes chansons 30 ans plus tard.  

 

Même si l’Académie et Normale Sup t’avaient reconnu à la fin des années 60, nos parents étaient plus stricts, tu dégageais le souffre et nous t’écoutions en cachette,corne d’Aurochs. J’ai prononcé mes premiers gros mots sur tes airs, et rien n’est toujours plus défoulant que de chanter jeunes et vieux cons, le Roi des Cons, « Quand les cons sont braves ».   Cette chanson me trotte souvent dans la tête quand je lis certains écrits et je ne résiste pas à la faire partager même si je n’ai pu trouver ton interprétation, mais celle d’un ami. {dailymotion}xjxtf{/dailymotion}  

 Tu étais contre les guerres et les sectarismes de tous bords. « la Guerre de 14-18 », si jouissive ou « les 2 Oncles », qui me semble préfigurer l’entente européenne, ou encore « Mourir pour des Idées » {dailymotion}x1222e{/dailymotion} que certains extremistes pourraient écouter.  

 

 Tu chantais l’amitié, les bons copains, la fidélité indestructible envers tous les copains, célèbres comme Brel ou Ferré ou anonymes ; tous te le rendent si bien.  

Tu n’étais pas athée, tu adorais les messes en latin  mais tu pouvais de temps en temps bouffer du curé. Pourtant tu as chanté la plus belle chanson contre la peine de mort  pour défendre un curé à tes yeux estimable,  "la Messe au Pendu".

 

  Ton message , c’était l’Amour du prochain, la Tolérance la foi en l’Homme même fautif. Marie -Madeleine t’inspirait plus que Marie.  

 

L’UNESCO te consacre poète universel en 2007, toi qui a redonné vie à tant de poetes disparus, comme Lamartine, Hugo, Villon, ou Antoine Pol que j’ai découvert à travers cette magnifique chanson, Les Passantes.
{dailymotion}xravl{/dailymotion}. Si ce poême est magnifique, combien la musique lui apporte plus de désespérance.  

 

 A 23 ans, après m’être fait voler, j’ai fredonné cette chanson toute en jeux de mots et finesse, « Stance à un Cambrioleur », pour me consoler.  

 Tu parlais si bien de la Mort, la Camarde , de ton envie d’attendre le plus longtemps possible avant de partir .  Je suis venue comme beaucoup d’amis anonymes sur ta tombe si simple, à Sète, un jour de blues où je trouvais la société et les hommes bien cruels, l’envie de te retrouver, toi et tes valeurs si intemporelles et pourtant si peu actuelles ; tu m’as conseillé d’attendre ; mais j’ai toujours ton testament au cœur.   {dailymotion}x4kaek{/dailymotion}  

 

  En ce mois d’octobre, c’est l’ interprétation nostalgique du poême de Lamartine qui a ma faveur.
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Et parce que je vieillis, j’ai une certaine tendresse pour cette chanson si gaie et tendre, "Papa, Maman", magistralement interprétée avec Patachou qui l’a lancé.

 

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 Encore merci Georges, d’avoir si bien accompagné ma vie.