Je ne vais pas refaire l’historique des faits et évènements de ces dernières semaines. Mais une chose est certaine : l’automne risque d’être agité. L’été fut brûlant avec des événements tels que la pseudo révolte banlieusarde en Isère ou encore la stigmatisation raciale des Roms …

Qu’en sera-t-il lors de la chute des dernières feuilles de nos chênes? La France va-t-elle s’enivrer dans le vin de la révolte, à l’heure où le Beaujolais nouveau commence sa mise en bouteille? Il y a 40 ans, les Français découvraient la plage sous les pavés, qu’en sera-t-il cette année?

 

 

greve4.jpgCe n’est un secret pour personne : le peuple de Français a délaissé son travail pour aller donner de la voix et user ses semelles dans les rues des grandes cités. Le système économique Français tourne au ralenti, et les grands pontes commencent à compter les faibles deniers qui tombent dans leurs escarcelles. Ajoutez à cela, un élan psychotique engendrant une affluence record vers les pompes à essence, cumulé au blocage constant des principaux centres pétroliers du pays, et ce sont les automobilistes qui s’en vont faire leur ravitaillement en grande pompe, craignant de devenir piéton. Rassurez vous, il n’est pas encore l’heure de ressortir les vieilles bicyclettes du grenier, mais à ce rythme frénétique, qui sait?

greve6.jpg« Oui », la France va mal. Le gouvernement, élu démocratiquement par les citoyens, continue de réformer le pays à tout va, et de piétiner les divers acquis sociaux, laborieusement glanés au fil du temps. Exit la France d’antan, « bonjour » la France nouvelle. Telle pourrait être la devise de notre « régent » actuel qui n’a de cesse d’avancer au pas de charge et de mettre sur pied la France qu’il souhaite.

 

Le Français n’en peut plus de subir la dictature d’élus qui n’en font qu’à leur guise, sans prendre en compte l’avis de la rue. La rue frémit de plus en plus et c’est une unité citoyenne qui se forme, allant du travailleur au chômeur, et du retraité au scolaire. Tout le monde est sur la brèche du matin au soir et du soir au matin pour faire plier l’état monarque, pensant que la voix des citoyens sera prompt à faire reculer l’élite nationale. Le CPE, en son temps, avait suscité le courroux du peuple avant de s’effondrer, alors cette nouvelle réforme doit-elle aussi craindre une aussi tragique destinée?

Si l’on se fit aux pensées collectives, la réforme des retraites connaîtra la même fin que celle du CPE. Dans l’autre « camp », la cour impériale n’est pas disposée à céder le moindre lopin de texte, et regarde, amusée ou presque, ces manants qui pense encore que leur voix a du poids. Qui cédera le premier? Telle est la vraie et seule question aujourd’hui.

 

greve1.jpgIl n’est nul besoin d’évoquer les chiffres pour parler des manifestants, que ces chiffres soient policiers ou syndicaux, voir même journalistiques. Une chose est sûre, les Français grognent. Toujours plus nombreux, toujours plus solidaires. Un bel élan patriotique d’unité qui force l’admiration. Mais après tout, lorsqu’il s’agit de rébellion à l’autorité, le Français n’est pas le dernier, non? Sourires !

Le Français est un personnage atypique. Il aime son confort, son travail, sa vie individuelle, se moque de son voisin et s’enferme dans sa bulle à longueur de jour et d’années. Mais lorsqu’il s’agit de contester l’autorité gouvernementale, il arbore la veste de l’unité et de la solidarité. Le Français est ambiguë. Dommage qu’il faille attendre que tout aille mal pour aimer son prochain et faire preuve d’unité, non?

 

J’entends, par ailleurs, ici et là, que ces grèves sont inutiles et qu’elles n’aboutiront à rien. C’est probable, mais après tout, personne n’est en mesure de donner l’ordre d’arrivée d’une course avant que la course soit terminée non?

greve3.jpgJ’entends aussi que les lycéens n’ont pas à faire grève, n’étant pas actifs, et que ceux ci font grève pour ne pas aller en cours. Donc, voir un étudiant faire grève est normal pour beaucoup mais un lycéen ça choque. Sans compter les « mauvaises langues » qui, ironiquement, déclarent que les lycéens feraient mieux de passer leur bac plutôt que de faire grève. Le droit de grève est valable pour tout citoyens, non? Je rappelle qu’en 1968, les étudiants et lycéens ont été les fers de lances de la « victoire » prolétaire sur le gouvernement. Il appartient donc à chacun d’entre eux de faire leur choix concernant ce mouvement. Il ne sert à rien de juger la participation de futurs actifs à ces mouvements, étant donné que leur droit le plus entier, est aussi de se faire entendre.

greve.jpgJ’entends aussi que bloquer les raffineries est en réalité une sorte de prise d’otage des non grévistes Français. Soyons clairs, « oui » le blocage pétrolier aura pour conséquences une pénurie de l’or noir. Mais cela démontre aussi les limites d’un système des transports qui n’a d’existence que par le pétrole, et qui affiche une grave dépendance à ce seul moyen d’alimentation. Par ailleurs, comment voulez-vous, que les personnels de ces sociétés puissent faire entendre leur contestation sans bloquer leurs activités? De nombreuses sociétés en France stoppent leurs activités suite à l’arrêt de la production de leurs salariés, mais cela n’a que peu d’importance, étant donné que cela ne gêne personne ou presque. Or, bloquer les entreprises pétrolières paralyse l’ensemble du pays et bloque d’un coup d’un seul, l’ensemble de l’économie nationale. Un coup de maître et une carte importante jouée par le peuple qui espère ainsi fermement, faire plier, par cette paralysie économique, les dirigeants politiques. Le peuple l’a bien compris. L’argent est le nerf de la guerre, et, pour gouverner, il faut prendre d’assaut le pouvoir économique, seul pouvoir directionnel en France.

J’entends aussi que les manifestants sèment le trouble et s’en vont détruire le mobilier urbain, tels des hooligans d’antan. Arrêtons de croire tout et n’importe quoi. Les manifestants n’ont pas pour vocation de détruire, mais de construire une nouvelle épopée de leur vie commune. Lorsque de la casse survient, il faut voir qui en est à l’origine, car les surprises peuvent être de mises. Soyons concrets, les manifestants veulent faire entendre leur voix, et n’ont aucun intérêt à s’en prendre à leur cadre de vie et donc au mobilier urbain. La destruction, tout comme le trouble à l’ordre public, est l’excuse qui permet à l’État de légitimer la présence policière sur les lieux des manifestations. Rien d’autre ne permet de justifier cette présence répressible et il faut bien trouver l’occasion pour introduire la force dans ces douces manifestations d’humeur.

 

 

greve5.jpgUne chose est certaine, les manifestations ne sont pas faites pour favoriser l’économie et arranger les pouvoirs économiques et politiques. « Oui » cela provoque quelques désagréments dans la vie quotidienne. Mais pour autant, les grandes batailles ont dû leur victoires aux plus grands sacrifices. « Oui » la pénurie pétrolière fait peur, « oui » les retraites tardives font peur, « oui » le blocage du pays tout entier fait peur. Mais cela n’aura-t-il pas pour conséquences d’améliorer nos conditions de vie dans quelques mois ou années? Le proverbe dit qu’il faut souffrir pour être belle, et pour ma part, je pense que la France se doit de souffrir pour être encore plus belle, et redevenir ce pays qui, il fut un temps, nous rendait fier.

 

Hier le CPE, aujourd’hui les retraites, et demain? Pourquoi une grève juste sur les retraites alors qu’en France tout ou presque si l’on écoute les médias va mal. L’actualité des retraites fait parler certes, mais cela est il l’arbre qui cache la fôret du malaise social? Une fracture se dessine dans le paysage Français, reste à savoir de quelle ampleur elle sera. Une chose est sûre, à force les platres médicaux ne suffiront plus…