Me fondant sur la précédente liste des candidates et candidats de La République en marche aux législatives, j’esquissais ce que Marianne a « épluché » et qualifié : une endogamie bien chic, bien née, bien homogène… À paritée gendrée, certes, mais unanimité bon genre.

Sur un site correspondant à, voire [ex-]amplifiant, la monographie de la presse (toujours parisienne, voir Balzac, Honoré de) telle que la présente Aude Lancelin, auteure de Le Monde libre (éds Les liens qui libèrent), j’avais tenté, au pifomètre, de discerner les caractéristiques des candidatures de La République en marche pour les législatives. Ni chercheur, ni rétribué pour ce faire, je n’allais pas y consacrer des plombes. Ni ciseler un titre autre que « Une République en marche plus civilisée que civile » (pas terrible, hein ?).  N’empêche, vous pouvez vérifier, j’avais eu le nez creux. C’était à partir d’une liste partielle, la voici complète, et sur le site en-marche.fr, le même visuel que précédemment est utilisé. Par facilité, je vous le refile, même si, forcément, depuis, le nombre des candidates et candidats étant passé de 428 à 521, les chiffres sont, sinon « mensongers », du moins a priori erronés. Pas tous : il serait étonnant que le pourcentage de celles ou ceux « en recherche d’emploi » ou « étudiants » ait doublé ou triplé…

Pomper aux mêmes puits

Étienne Girard et Hadrien Mathoux, de Marianne, se sont coltinés les états de service des composantes de la liste. Toutes pompées dans une eau plus d’ici que de là qui ne va guère au-delà – et même en-deçà –de ce que je pressentais. Je m’appuyais sur un exemple à mes yeux significatif : les postulantes et postulants à la candidature pour Cherbourg. C’est assez édifiant (voir le lien supra). Le « portrait-robot » de Marianne (voir en entier là) cite quelques professions, sans s’attarder comme je l’avais fait, sur des profils (origines sociales, emplois ou non-emploi des parents). Emplois parmi lesquels se détachent, insolites car aussi fort minoritaires, celui du fameux chômeur (désormais comptant pour moins d’un pour cent et non deux), de trois infirmières, et un employé d’état-civil, un gardien de la paix et un pompier. « Bien peu face aux 67 cadres supérieurs », résument les deux confrères. Cadres plutôt très supérieurs, ayant sans doute accédé à la classification cadre de direction sans même passer par celle de cadre intermédiaire. Bref, 75% de CSP+ (ou ++), et même 90% de fort bien professionnellement installés en ajoutant les chefs d’entreprise(s). Si c’est avec cela que la REM (ou LREM ?) compte canvasser les marchés où leurs concurrents Front national sont ovationnés, et converser, et convaincre l’électorat FN, c’est mal barré. 17 lobbyistes, 16 consultants (le cas de l’investie-désinvestie de Cherbourg qui se maintient sans-étiquette), 12 « communicants » (entendez plutôt dir-com de grosse boîte ou groupe). C’est une « France LinkedIn » haut de gamme. Des potes y figurent aussi comme moi-même – sur LinkedIn –, mais pas vraiment dans la même ligue. C’est plutôt des VP (vice-président·e·s). Cadres d’entreprises, entrepreneurs, enseignants plutôt chercheurs (bon, catégorie mixte, si Marianne a pris en compte les rares profs du secondaire), suivis des avocat et hauts-fonctionnaires fournissent 182 du peloton des 298 portant l’étiquette « société civile » (sur un total de 261 hommes et 260 femmes). Mais il faudrait y ajouter l’ex-rejoneadora Marie Sara, devenue femme d’affaires, et nombre d’« autres ». Bref, 4,3% de professions intermédiaires, 2,7% d’employé·e·s, zéro OS ou ouvrière, et on ne sait où caser les retraité·e·s (en minimum vieillesse ? plus qu’aisés ?). Si des circonscriptions ont été laissées vacantes, ce n’est pas vraiment pour favoriser une ou un France insoumise, on s’en doute. Bon, il y a aussi 13 médecins. De laboratoires, hospitaliers capés, ou généralistes établis en banlieue ou milieu rural ?

En de bonnes mains

Je n’ai rien contre « les élites », et même au contraire, surtout si elles ont cravaché pour devenir surdiplômées en menant de front des boulots de misère car issues de milieux dits populaires. Rien contre le généraliste qui vous incise encore un furoncle au lieu de vous expédier chez un dermatologue « de la grande ville ». Mais là, question mixité sociale et expériences de la mouise, des durs ou minables labeurs, c’est vraiment… quoi, inqualifiable en regard du nombre des surqualifiés ?  On nous avait dit : « le changement, c’est maintenant ». Devenu « le renouvellement, c’est tout de suite ». Aussi nouveau que le suivant gadget hyper high-tech destiné à faire passer le précédent, lui ressemblant très fort, aux oubliettes (ou au petit dernier, à la nièce, car chez ces gens-là, monsieur, on ignore tout du Mont-de-Piété). La populace sera peut-être placée en de bonnes et bienveillantes mains, mais représentée, vraiment ? Entendue ? Autant que les enfants des cités confiés au catéchisme de Christine Boutin leur parlant choux, roses et cigognes, immaculée conception et petit Jésus alors que leur grande sœur a déjà subi des tournantes ? Ah oui, au gouvernement, il y a Laura Flessel, aux Sports. Fille ultra-marine d’un météorologue et d’une institutrice. Un profil quelque peu atypique. Et puis, parmi les candidates, une professeure de collège, une ex-salariée de service RH devenue consultante. Qui seront peut-être sensibles à la promotion sociale des bons élèves et bons éléments. Hormis ces deux-trois là et quelques autres, il semblerait, au moins aux yeux des électorats France insoumise et FN, qu’il y ait comme un loup aux longues dents. Il faudra des talents individuels pour dissiper cette impression collective.