Loin de moi l’idée de « descendre » la licence Skylanders, qui a permis à Activision de créer le segment des « jouets qui prennent vie » et d’inventer une nouvelle façon de jouer tout en faisant de gros bénéfices, mais il faut reconnaître que si ces jeux sont plutôt destinés à un jeune public certains éléments peuvent remettre cela en questions. Voyons donc rapidement pourquoi.

5 bonnes raisons de regarder Skylanders Imaginators autrement

5) La raison la plus évidente : l’argent ! De nombreuses variantes colorées ou des décorations alternatives existent (Orange Chain Reaction, Pink Barbella, Cristal Clear Star Cast, Solar Flame Aurora, Mystical Bad Juju…) afin de permettre aux collectionneurs d’épancher leur soif. Or, qui sont-ils ? Les enfants n’ont pas les moyens financiers d’acheter toutes ces figurines, ni même l’envie de les posséder car ils raisonnent différemment, donc on cible forcément un public différent et plus âgé. Si les enfants jouent avec les figurines, les parents préfèrent les garder comme décorations. Concernant les figurines, cette année Crash Bandicoot (image ci-dessous) apparaît en « guest star » dans le jeu, histoire de diversifier un peu plus le public visé (et de le « vieillir » aussi).

4) Le loup-garou Wolfgang aime la musique. S’il a tout du métalleux de base, son arme est une lyre, pas une guitare. Pourquoi ? On le doit au fils de Paul Reiche (« creative director »), qui est un fan de Heavy Metal et qui trouvait qu’une guitare n’était pas assez originale car c’est ce à quoi les gens s’attendaient. Il a donc fallu se creuser la cervelle pour trouver une arme surprenante pour un loup-garou mort-vivant métalleux. Une réflexion un peu trop poussée pour ce qui passerait pour un simple détail dans un véritable jeu pour enfants.

3) La Forêt Enchantée des Elfes :

Vous pouvez consulter un avis dans cette vidéo :

Ce niveau supplémentaire met en scène Stealth Elf mais c’est surtout son Grand Maître Cami Flage qu’on retiendra. Cette femme ninja est complètement allumée : après avoir accidentellement créé des plantes mutantes, elle veut les détruire par le feu, au risque d’incendier toute la forêt. C’est un personnage qui a totalement perdu l’esprit et qui s’en vante presque, ce qui peut être un peu extrême pour des enfants, même si c’est surtout pour créer un effet comique. C’est un des personnages qui confirme que Skylanders est plus sombre qu’avant, et donc moins pensé pour les enfants. On apprécie aussi ce niveau pour les maisons elfiques qui font fortement penser au Seigneur des Anneaux, mais pour s’en apercevoir, il faut avoir plus de 6 ans !

2) Les doubleurs : si la version originale comprend des noms célèbres comme CCH Pounder (Urgences), Dwight Schultz (l’Agence tous Risques), Kevin Sorbo (Hercules) ou John Kassir (Les Contes de la Crypte), la version française n’est pas en reste avec des doubleurs plutôt connus des joueurs plus âgés comme Marc Saez (la voix de Ratchet jusqu’en 2007), Carole Baillien (la voix française de Naruto), Virginie Ledieu (Plus Belle la Vie, Saori Kido dans Saint Seiya) ou encore Martial Le Minoux (l’un des doubleurs d’animés et de jeux les plus connus). Un casting plutôt prestigieux peu en rapport avec les artistes préférés des plus jeunes. Dans Imaginators, on trouve même Gandhi Djuna derrière King Pen : loin de la scène du rap, Maître Gims est certainement là pour « vieillir un peu » le public visé.

1) Si les Skylanders sont des héros plutôt mignons et polissés, les anciens méchants de Trap Team sont loin d’être irréprochables. Devenus « sensei » dans Imaginators, et donc passés du bon côté, ils sont pourtant plus sombres qu’avant, comme l’avoue Paul Reiche (« creator director ») dans une interview au Time. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences. Par exemple, l’ancien méchant Pain-Yatta insiste plus sur son aversion pour les petits quand il parle et a tout de la pinatta psychopathe ! A voir là-bas.

 

J’espère que cet article vous permettra de réfléchir à ce paradoxe  que sont les « jouets qui prennent vie » (toys-to-life) : vendus pour les enfants, ils sont imaginés et conçus par des adultes qui impriment leur style et donc y intègrent une foule de détails et de références que les enfants ne peuvent pas comprendre et dont ils ne s’aperçoivent même pas.