Réalisateur : Julien Rappeneau
Date de sortie : 23 mars 2016
Pays : France
Genre : comédie sentimentale
Durée : 95 minutes
Budget : 5,14 millions d’euros
Casting : Noémie Lvovsky (Rosalie Blum), Kyan Khojandi (Vincent Machot), Alice Isaaz (Aude), Anémone (Simone Machot)
Victor, la trentaine vit seul avec son chat, sa petite amie est partie vivre à Paris et lui promet sans cesse revenir le voir, en amour ce n’est pas la réussite. Il est coiffeur, vit en dessous de chez sa mère, construit des cerf-volants, bref une vie simple dans une ville de province. Une existence tranquille mais terriblement ennuyeuse où tous les jours se ressemblent jusqu’à ce dimanche d’automne où par hasard, il met les pieds dans une épicerie de la commune voisine.
Voilà un film à visionner quand le moral vacille et que la déprime pointe le bout de son nez. Un excellent remède à la morosité ambiante. Une bulle de bonheur, une parenthèse enchantée dans cette vie pas toujours commode. L’adaptation du roman graphique de Camille Jourdy par Julien Rappeneau est une réussite complète où l’on ne s’ennuie pas une seule seconde. Les quelques libertés prises par rapport à l’oeuvre originale ne sont pas gênantes. Divisé en 3 parties, tout comme la BD, chacune narre l’histoire un personnage. Commençant par Victor, se finissant par Rosalie et passant par Aude. Les 3 protagonistes sont complémentaires et ce choix permet d’apporter toutes les réponses aux questions que l’on se pose. Il est drôle également de revoir des scènes que l’on a vu précédemment mais d’un autre point de vue. C’est ludique comme une enquête policière, comme un puzzle dont la pièce finale répond à deux questions en même temps. Le film est malin, frais et plein de saveurs et d’ingéniosité, le principe de la double filature est une bonne initiative scénaristique. Rosalie Blum est bien plus que cela, il est aussi tendre, poétique et un brin mélancolique. Des aspects insufflés par une bande son agréable. Cette histoire porte une réflexion sur le destin, la providence, le hasard, peu importe comment on appelle cette force immatérielle qui nous joue des tours. Une forme d’effet papillon qui transforme un événement anodin (Vincent part acheter du crabe pour sa mère) en une chose beaucoup plus importante avec des conséquences bouleversant la vie à jamais.
Rosalie Blum est truffé d’humour, constant mais jamais gavant, un aspect complémentaire obligatoire pour servir une histoire pas très drôle au final. Le Kolocataire avec ses rêves de spectacles de rues grandioses, les deux amis d’Aude au caractère bien trempé et la mère de Vincent un peu folle faisant dîner et jouer ses marionnettes sont là pour nous faire sourire. Le casting est très bon, Kyan est parfait en trentenaire un peu paumé, timide et rêveur, embarqué dans une relation toxique avec sa mère à qui il ne peut dire non. Anémone est une vraie peau de vache, personnage ambiguë jouant la folie et étant bien consciente de la faiblesse de son fils, appuyant dessus comme sur une plaie. Noémie Lvovsky est une femme sensible et joueuse, elle découvre rapidement son suiveur mais décide de pimenter cette traque. Encore une fois, le personnage est double, pile il est drôle et face il cache une profonde détresse occasionnée par un passé tragique. Puis il y a le trait d’union entre Rosalie et Vincent, Aude, incarnée par la merveilleuse Alice Isaaz. Un petit bout de femme d’à peine 25 ans mais déjà usé par la vie, elle n’a plus d’espoir et plus aucune envie. Elle se retrouve entraînée dans cette entreprise en compagnie de Vincent et de Rosalie, ensemble ils parviennent à redonner un sens à leur vie.
Julien Rappeneau dépeint une monde provincial idéal où il fait bon vivre. Une ville sans repère pour le spectateur, ce qui permet une meilleure immersion. Les intérieurs sont très graphiques, comme dans une bande dessinée, où l’appartement de Vincent, la maison de Rosalie, le bar et l’atelier du Kolacataire et d’Aude donnerait presque envie de passer à travers l’écran. Cette ville est également un lieu où l’on s’ennuie mais où on peut vivre des aventures incroyables si le destin est provoqué.