Réalisateur : Duncan Jones

Date de sortie : 25 mai 2016

Pays : USA

Genre : Action, fantastique

Durée : 123 minutes

Budget : 160 millions de dollars

Casting : Travis Fimmel (Sir Anduin Lothar), Paula Patton (Garona Miorque), Ben Foster (Medivh), Toby Kebbel (Durotan)

Azeroth est un monde paisible, humains, nains, elfes et diverses autres créatures vivent en harmonie malgré des tensions palpables. Cependant le bien vivre ensemble l’emporte sur les dissensions internes. Ce calme est ébranlé quand un portail magique vers un autre monde est ouvert, laissant s’échapper des orcs par centaines fuyant leur monde en proie à la désolation. Une guerre est sur le point de débuter, de conquête pour les uns et de préservation de la paix pour les autres. 

Avant tout, cet article est celui d’un néophyte pas très aguerri sur l’univers Warcraft et comme le film, bien que grand public, s’adresse surtout aux fans, il y a des détails qui sont passés à l’as. La plus grande crainte concernant Warcraft c’est sa nature même : une adaptation d’un jeu vidéo sorti en 1994. Pas besoin de grandes études sur le sujet pour constater que ce genre de procédé ne produit quasi jamais de belles choses. Les rares exceptions étant Silent Hill, Resident Evil et Prince of PersiaOn peut dorénavant ajouter Warcraft à ce tiercé gagnant. Même si le scénario est assez simple, il n’est pas dénué de richesses, profitant d’un monde bien constitué depuis plusieurs décennies par des jeux et des romans. Il sait captiver l’attention et se rendre intéressant. Osons le dire, il n’a rien a envier aux chefs d’oeuvre des épopées mêlant guerre entre le Bien et le Mal et monde heroic-fantasy médiéval que peuvent être les sagas telles Le seigneur des anneaux ou Bilbo, le hobbit. Le film offre une véritable plongée dans la géo-politique, les croyances et le bestiaire de Warcraft. De plus, il dépeint une confrontation entre deux visions du monde, celle des orcs où il faut se battre et celle d’Azeroth où l’on use de diplomatie. Une réflexion qui dépasse le cadre du film et qui ne se contente pas uniquement d’un récit manichéen, chaque camp à des motivations valables.

Visuellement c’est bluffant ! Les effets spéciaux sont magnifiques, Blizzard est connu par les gamers pour la qualité à couper le souffle de ses cinématiques (Diablo 3, Stracraft 2), et bien ici c’est tout aussi beau. Certes, il y a beaucoup de recours au numérique et aux écrans verts, mais cela ne ressemble jamais à du gavage indigeste. La bonne idée a été de mélanger du réel et du virtuel. Une prouesse car cela passe crème pour les yeux ce qui est notamment vrai avec les orcs. Ils sont troublants et effrayants. Le grand mage et le chef de guerre doté d’une fourche en guise de main ne donnent clairement pas envie de vouloir s’amuser. Les décors, les costumes et les armes sont particulièrement bien faits, il y a le soucis du détail. Parfois les soldats humains semblent mal taillés, torse très développé et petite taille donnant l’impression qu’ils souffrent de microcéphalie aiguë, en fin de compte rien d’étonnant quand on connaît l’esthétisme warcraftienne. Un accent a été mis sur les couleurs, chaque lieu est associé à une teinte qui lui donne une ambiance, la magie aussi à l’image du Fel verdâtre et des sorts où des symboles ésotériques gravitent tout autour. Si visuellement c’est plus que correct, niveau bande son c’est tout aussi réussi. Pas de grande musique bien distinctive que l’on pourrait siffloter en sortant de la salle, mais des pistes qui remplissent parfaitement leur rôle c’est à dire insuffler un vent d’aventure et de puissance épique. Tout cela s’associant parfaitement aux scènes de batailles, nombreuses et très bien filmées.

Abordons l’un des points faibles du film : les personnages. Leur traitement est déséquilibré, si les «gentils» sont assez fades (et oui Travis Fimmel de la série Viking n’est pas très convaincant tout comme son homologue orc, Toby Kebbel), les personnages secondaires et les «méchants» sont plus savoureux. Il suffit de voir les charismatiques Guldan et Medivh ou la charmante Garona, pour s’en rendre compte. Cette dernière est d’ailleurs la seule touche de féminité dans ce monde de brutes, et quellle femme ! Esclave qui devient guerrière et pièce maîtresse dans le déroulement de la suite des événements. Autre petit défaut, le rythme, c’est intense, ça va vite, les séquences s’enchaînent parfois trop rapidement passant d’un personnage à l’autre sans réelle transition.

Le fils du regretté David Bowie signe une très bonne adaptation et un premier blockbuster convaincant, lui pourtant plus habitué aux films modestes. Intéressant, riche et beau, la suite va se faite attendre.