Lors des vacances de la Toussaint, poussée par la curiosité, je me suis vue organiser une sortie au Petit Journal, accompagné de volontaires dans mon entourage.


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 Le froid ou l’attente, on ne sait pas lequel des deux est le moins supportable. C’est à Paris, sous un ciel noir, que nous avons patienté des lustres devant les studios du Petit Journal. Lorsqu’enfin un vigile a daigné venir nous chercher. Après avoir signé un papier certifiant que nous ne voyions pas d’inconvénients à être filmés (y’a il quelqu’un qui s’y rend en voyant un inconvénient à être filmé?), il a encore fallu sortir sa carte d’identité, passer au détecteur de métaux, et laisser nos manteaux au vestiaire. L’émission est filmée en direct, mais est différée d’une vingtaine de minutes.

 

Après avoir erré dans la petite salle d’attente bondée, nous sommes rentrés sur le plateau. Chaque spectateur a été placé selon des critères dont nous n’avions pas connaissance, au grand dam de mon amie Lucie : était-ce les moches et les vieux derrière, les beaux et les jeunes devant ? Nous demandons à plusieurs personnes, sans succès.

 

Un chauffeur de salle nous explique de ne pas faire semblant de rire, de ne pas rire quand il ne faut pas, de ne pas non plus se retenir de rire, de ne pas regarder la caméra, mais quand même un peu à la fin, siffler si l’on sait siffler, pour feindre une ambiance festive, applaudir quand il nous le dira, plus ou moins fort. Tout et prévu. Nous sommes serrés sur les bancs. Le banc des moches ?

 

Yann Barthes arrive sur le plateau, certains yeux brillent, mais rien d’extraordinaire ne se passe, si ce n’est que le (tout) petit monsieur nous dit bonjour. Placé devant son prompteur, les essais commencent.Yann bute sur une phrase, on recommence : est ce pour de vrai ? Est ce encore un essai ? On ne sait pas vraiment, tant pis, applaudissons. Yann lit son prompteur, avec de grands talents d’interprétation. Il n’y a pas d’invité, juste la rubrique « art » d’Ophélie Meunier. Tout s’enchaîne rapidement, tout est parfaitement mis en scène, comme une pièce de théâtre, Yann a fini de lire, nous dit au revoir et s’en va.

Nous sommes redirigés vers la sortie. Pour les esprits naïfs, c’est un petit choc tout de même . Comme un goût d’apéritif à peine commencé dans la bouche. On se dit que les cameramans font du beau boulot, et l’on se sent un peu plus manipulé par la télévision qu’avant, même si on n’était pas sans savoir que « la télé, c’est pas la vraie vie ».

 

On sort des studios, pour la première fois et sans doute pour toujours. Pantin devant l’écran, pantin derrière l’écran, on reste perplexe. L’attente est finie, restent le froid, les questionnements sans réponses, et des considérations philosophiques qui tournent à vide. Est ce qu’on va continuer à regarder la télé ? Est on vraiment libre de penser ? Le comment du pourquoi ? Comment savoir ? Mais tout a une faim et on file au Mac Do .