Les derniers mois écoulés n’ont pas été de tout repos pour Recep Tayyip Erdogan encore affublé à l’époque de sa casquette de Premier ministre. Entre la révolte de Gézi Park, les enquêtes judiciaires venues éclabousser nombreux ministres, proches, hommes d’affaires, tous affiliés à l’AKP, son avenir politique était devenu pour le moins incertain !
Malgré ce discrédit, le sultan hermétique aux critiques, confiant en sa bonne étoile, a réussi à sortir avec brio son épingle du jeu : surnommé à juste titre "Teflon", aucune de ses bavures ne parvient en effet à lui coller à la peau. Sous son règne, même les domaines relevant de la sphère privée se sont vus écornés, tant il ratisse large : on a vu les hôtesses de l’air de Turkish Airlines conviées à faire preuve de sobriété en bannissant notamment les maquillages flashy ; le rire à gorge déployée en public pour les femmes a été vivement déconseillé, au nom d’une nécessaire décence, par le vice- Premier ministre Bülent Arenç, etc.
Cette tendance machiste de s’immiscer à tout va dans la vie privée d’adultes majeures et vaccinées, si chère à Recep Tayyip Erdogan, n’est pas près de faiblir du moment que ce dernier à été élu au suffrage universel président de la République. Malgré toutes les casseroles qu’il traîne, Erdogan a fait une bouchée du candidat de l’opposition Ekmelliddin Ihsanoglu. De quoi reprendre du poil de la bête alors qu’il n’en avait pas du tout besoin.
D’ailleurs le président fraîchement élu a fait savoir que cette consultation n’était pas destinée à élire "un pot de fleurs pour faire joli au balcon des institutions de l’Etat mais à élire un président qui administrera l’Etat, un commandant en chef qui permettra le fonctionnement souple" ; avec des prérogatives supplémentaires à son actif, les Turques devraient s’attendre à un paternalisme encore plus exacerbé.
Vent debout contre la politique en cours, Aylin Nazliaka,une députée de l’opposition du Parti républicain du peuple (CHP), s’en est pris à cet autoritarisme préjudiciable pour les femmes, lors d’une séance parlementaire : au cours d’un débat sur une proposition de loi sur les violences conjugales qui sans surprise n’a pas porté ses fruits, le texte ayant été rejeté par le parlement, l’AKP disposant de la majorité absolue, la députée s’est déchaînée telle une furie : " je jure devant Dieu, le diable qui est en moi me demande d’enlever une de mes chaussures et de vous la jeter. Mais lorsque je les regarde ma chaussure et vous, je me dis vraiment que vous n’en valez pas la peine".
Le niveau du propos de Aylin Nazliaka censée défendre la cause féminine est si moche qu’il peut expliquer le succès de ces garde-fous même auprès de certaines, encore attachées à leurs libertés . Quelques unes des fans de cette élue farfelue ont posté sur les réseaux sociaux leurs chaussures assorties de légendes du même style, à la mode d’aujourd’hui. Comme pour mieux desservir la cause qui leur tient à coeur.