titanesque, 100 jours pour changer l’Italie.
Adesso, maintenant proclamait Matteo Renzi en septembre 2012, © Reuters – Giorgio Benvenuti.
Un nouveau personnage de la politique dans la pire comédie italienne, internationalement inconnu, tel un jeune loup aux joues joufflues et aux dents bien longues, qui n’a aucune expérience gouvernementale, il n’a jamais été élu député ou sénateur, mais qui sait, dans une Italie déboussolée, après les scandales du Cavalière, avec sa condamnation, puis l’épisode Mario Monti imposé par le duo Merkosy, et celui furtif de Enrico Letta, qu’il le fit virer, à la hussarde, par une censure votée dans la pénombre de son parti de centre gauche, jeudi 13 février, de la présidence du Conseil, pour prendre sa place. Matteo Renzi secrétaire du parti démocrate Pd et maire de Florence depuis 2009, surnommé le Berlusconi de gauche, le Tony Blair italien devint ainsi président du Conseil à l’âge de 39 ans, le plus jeune chef de gouvernement européen. On imagine l’inconfort de ses collègues chefs de gouvernement et présidents européens qui auront à discuter avec lui lors des sommets, un animal politique qui n’a pas avoir froid aux yeux. Quelle pourra être sa crédibilité, leur attitude, devant une Italie dont ils ne savent plus comment la prendre ?
L’incarico Renzi, le chargé Renzi, nommé par le président de la République italienne pour former son gouvernement ne l’accepta qu’avec réserve, et annonça en février une loi électorale sur l’abolition du Sénat pour récupérer 16 milliards d’euros, puis ensuite, œuvrer à partir de mars sur le fisc pour des réductions d’impôts sur le revenu afin redémarrer la croissance par la relance de la consommation. Toute l’énergie dont il dispose, dit-il, est mise en œuvre pour faire une réforme par mois d’ici le vote européen. Tout cet engagement consistera à un faire choc afin que le pays ne le condamne pas de la manœuvre qui l’a portée à prendre la place de Enrico Letta sans passer par l’investiture populaire.
Pour lui, «faire de la politique n’est pas quelque chose de sale, de laid, c’est réaliser les rêves des gens», a-t-il déclaré dans un dernier discours empreint d’émotion en tant que maire de Florence. En acceptant de tenter de former un nouvel exécutif, il a promis de consacrer «toute son énergie et tout son courage» à un ambitieux programme de réformes.
Renzi, la révolution fiscale en trois mouvements via la «taxe régionale sur les activités productives», Irap, pour changer l’Italie, c’est le titre de la Stampa politique, l’analyse de Carlo Bertini.
Le problème le plus délicat, est celui des promesses non tenues et de l’ambitieuse réforme qui n’apportèrent pas l’espérance qu’elles portaient pour l’objectif d’un leadership. Ce problème Matteo le connaissait, d’autant que des dossiers sont encore sur la table, et ils couvrent d’un voile d’incertitude chacune des options à mettre en place. Comme celles qui récompensèrent les italiens par l’augmentation des déductions fiscales des quotes-parts de l’impôt sur le revenu des particuliers dans le but de relancer la consommation afin de redémarrer la production de richesse.
Mais, en dehors de la remise en cause des taux d’imposition, la première mesure que le nouveau premier ministre devra mettre en place est celle pour relancer la consommation. L’objectif est de récupérer le maximum de revenus possibles, pour que l’Italie trouve les 32 milliards de dollars d’ici 2016 dont la majeure partie sera consacrée à la réduction fiscale pour relancer l’emploi, ce dont souffre l’Italie par rapport à la moyenne des pays développés. Le chômage touche les 12,8 % au niveau national et atteint 41,6 % chez les jeunes. En d’autres termes, tous les efforts qu’il envisage de faire, y comprit l’examen des dépenses et des revenus doivent être mis en place pour récupérer ces 32 milliards expliqua Graziano Delrio, ministre des Affaires régionales depuis le 28 avril 2013. Graziano Delrio, qui est le pivot du futur gouvernement, se consacre actuellement à rassembler les différents dossiers des interlocuteurs, d’une première instance, avec toutes les forces politiques de la coalition avec lesquelles un accord précis en noir et blanc doit être fait sur tous les points pour un gouvernement d’unité nationale. Mais, ce qui fâche concernerait l’introduction du droit du sol pour les enfants d’immigrés nés en Italie, et les unions civiles qualifiées par la droite du Cavalière d’engagement vers le mariage gay.
En matière de fiscalité, l’objectif est de s’orienter vers une réduction notable afin de faire redémarrer la consommation intérieure pour mettre de l’argent dans les poches des classes moyennes et inférieures. Comme la consommation intérieure est trop faible, il faut œuvrer, selon Carlo Bertini, à augmenter les déductions aux faibles taux d’imposition jusqu’à 25.000 € bruts de sorte qu’une personne qui gagne 1.200 €/mois, puisse à la fin de l’année avoir 400 à 500 € de plus, une sorte de demi troisième mois. Avec ces bénéficiaires ne seraient pas exclus les retraités mais des conditions doivent être mises en place pour éviter l’erreur d’un boomerang assuré. Carlo Bertini évoque probablement l’effet boomerang du Mouvement cinq Étoiles de Beppe Grillo le 25 février 2013 qui fut représenté par 109 sièges à la chambre des députés et par 54 sénateurs.
À des niveaux plus élevés, il y aura une réduction du taux de 38 à 35 % pour des revenus jusqu’à 55.000 € bruts, ainsi qu’une hausse pour les revenus dépassant 120.000 € en portant le taux de 43 à 45 %, une mesure plus que symbolique en termes d’opportunité politique, et peut être plus.
La politique envisagée par Matteo Renzi est donc claire, relancer la consommation, par la réduction des impôts des faibles revenus, et augmenter l’imposition pour les hauts revenu, afin de relancer l’emploi. Mais aussi récupérer 32 milliards d’impôts pour l’emploi. Parallèlement à cela, il veut engager une réforme en profondeur sur les institutions. En outre, Matteo Renzi souhaite créer une agence pour combattre l’évasion fiscale estimée à 180 milliards par an.
L’Italie applique depuis plusieurs années en raison de la crise économique des coupes linéaires dans ses budgets, mais elle souhaite se doter d’un système de contrôle des dépenses lui permettant de se fixer des objectifs plus fins et de quantifier l’efficacité de ses mesures. La dette italienne est de 134 % de son PIB.