A ma jeune amie C.
Tu connais les affres du désespoir et je ne trouve pas les mots qui te consoleront.
Le seul à pouvoir te les chuchoter était celui qui t’a lâchement quittée, celui qui dormait à tes côtés et qui te disait "je t’aime".

Ces hommes-là sont-ils conscients du poison qu’ils inoculent dans notre coeur ?
Le monde va t-il si mal pour en arriver à ce point ? Tourner l’amour en dérision n’est-il pas une lâcheté?
Que leur arrive t-il ?
Quelle est cette folie malsaine et destructrice qui a fait de leur cerveau un kleenex jeté à la première occasion ?
Qu’importe : ils se sentent repus et arrogants puisqu’ils en ont fait des provisions jusqu’à la fin de leurs jours.
L’amour devient un jeu dangereux pour de pauvres petites belettes comme nous.
Nous ne comprenons plus rien à rien.
Plus de sens donné à la parole et au geste.
Plus d’engagement.
Seul un rire cynique avant qu’ils nous délaissent tel un chien galeux.

Pourtant, heureux, ils semblaient l’être à nos côtés.
Une petite flamme illuminait leur regard posé sur nous.
Était-ce un leurre ? Un cauchemar ?
Je pense à toi, seule dans ces nuits de souffrance qui n’en finissent pas.
Je pense à toi pour être passée par là.
Ce n’est plus un monde pour nous, en tout cas, pas celui-là chère amie.
Nous sommes obsolètes.
Nous faisons partie d’une époque ancienne où le rêve était encore permis et les sentiments remplis de douceur.
Mon amie, ma jeune soeur, ne sombre pas. Cela te rendra plus forte dans ce monde de grande brutalité, en manque d’empathie.
Tu sais, je n’ai pas non plus oublié L‘AUTRE. Mais le chagrin, avec le temps, prend une toute autre dimension.
Il devient moins règlement de comptes, moins mordant. Il arrive même à se transformer en souvenirs tendres et ça, c’est extrêmement bizarre, mais vrai!
A ceux qui vivent leur relation amoureuse blasée, sordide ou amputée, que ce soit des hommes ou des femmes, je leur dis qu’ils nous emmènent sur des pentes de non-retour et que c’en est presque criminel. En jouant avec nous, ils nous font prendre conscience de la fadeur de leur monde vide de tout sentiment.

La seule chose que je te souhaite petite soeur, c’est que tu ne changes jamais ta vision du monde.
Des vrais humains, ceux qui ont un coeur et qui savent s’en servir, existent. Tu en rencontreras au détour d’un chemin et tu verras, tu oublieras, à ce moment-là, celui qui a brisé ton rêve.
Ne cesse pas de croire en eux. C’est la seule vraie motivation.

Les autres, ceux qui remplissent les 3/4 du monde, ne valent rien. Il faut juste que ton coeur apprenne à les discerner, à les reconnaître de loin et à passer ton chemin.
Je suis certaine que le bonheur à 2 existe, même si de mon côté mon coeur lui en a définitivement fermé l’accès.
Alors, que ta peine s’adoucisse. Laisse-lui le temps de t’apprendre à t’en nourrir et là, elle s’estompera progressivement sans que tu t’en aperçoives.

Et la vie retrouvera les couleurs que toi seule choisiras.

A toi (comme à tous ceux qui souffrent), n’oublie jamais qu’autour de toi, des gens t’aiment.