Cela devait arriver un jour avec internet. Certes, c’est un outil pratique pour communiquer et à la portée de tout le monde. Ainsi, de nombreuses personnes non spécialisées ont voulu tenter l’aventure des médias indépendants. Il y a donc eu une prolifération de sites ou blogs tenus par des gens ayant un sens critique plus ou moins douteux. Mais, pour attirer les visiteurs, les salons spécialisés n’hésitaient pas à donner des accréditations à tout le monde, sans distinction.

Aucune sélection. Aucun sérieux. On s’en moque bien qu’un site soit tenu par une équipe essayant de faire son travail du mieux possible ou par un ado boutonneux venant cracher son venin de gamin trop gâté sur tout et n’importe quoi. Après des années d’anarchie, la situation se retourne. Depuis deux ans déjà, Japan Expo restreint de plus en plus les avantages donnés aux médias, quand on arrive à obtenir une accréditation, alors qu’on déroule le tapis rouge aux grandes chaînes d’information étrangères qui ne savent même pas vraiment de quoi il est question !

Cette année, c’est Paris Games Week (30 octobre – 3 novembre, http://www.parisgamesweek.com/) qui s’y colle. Les accréditations sont données au compte-goutte et de nombreux sites et blogs déplorent cette nouvelle politique. S’il est vrai qu’on ne peut plus laisser n’importe qui assister à ces salons, la sélection est faite sur des critères très discutables : seule la fréquentation compte, pas la qualité du contenu. En gros, on peut écrire des articles mensongers, inexacts, véhiculer des idées saugrenues qui font du mal aux secteurs concernés, tant qu’on attire des visiteurs on nous accueille à bras ouverts. Un site, Gamingway, a déjà décidé de boycotté ce salon, je vous laisse lire la décision de la rédaction ici :

http://gamingway.fr/gamingway-absent-de-la-paris-games-week-cette-annee/

Alors que les développeurs indépendants ont du mal à s’imposer faute de moyens et de publicité, malgré des productions de qualité, on leur retire la possibilité de se faire entendre car seuls les médias indépendants osent s’intéresser à eux. Cette décision fait frémir car cela va inciter encore plus les médias racoleurs à lécher les bottes des grosses boîtes uniquement pour "faire du clic", au détriment de l’information. D’ailleurs, la qualité de cette dernière préoccupe peu les organisateurs.

Cette dérive, déjà constaté l’an dernier par certains (voir Paris Game Week Le Salon de la Honte), s’accentue : après avoir attiré un maximum de consommateurs peu courtois, peu représentatifs du joueur moyen, le salon se recentre sur leurs médias préférés et à leur image. Le joueur est représenté comme un être agressif, barbare, décérébré voire ayant perdu son humanité. Une tirelire ambulante qui a soif de produits violents qui viendront rapidement siphonner son compte, soif alimentée par des médias sans scrupule ni jugeote qui ne font qu’exacerber les instincts les plus primitifs des joueurs. Une décision regrettable qui ne fera que ternir l’image non seulement du salon, mais aussi du secteur dans son ensemble et qui sera nuisible aux joueurs car les éditeurs ne se concentreront plus que sur les produits dont on parle le plus, donc pas forcément les plus originaux, novateurs ou même intéressants.

 

MàJ du 24/09 : Bizarrement, les organisateurs ont changé d’avis et tous ceux qui se sont vu refuser l’entrée sont maintenant invités.