On sait maintenant qu’une pièce métallique, qui aurait cédé (une éclisse qui relie deux rails),  serait à l’origine de l’accident du train Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge vendredi. L’enquête doit examiner toutes les possibilités : défaillance technique, usure ou acte de malveillance. Cette dernière possibilité n’a pas immédiatement été envisagée mais elle ne peut être écartée…

Un responsable de la SNCF a indiqué samedi que l’accident serait « lié à une pièce de métal défaillante dans l’aiguillage de la voie ». Nous devrions savoir très vite après analyse pourquoi cette pièce « a été défaillante ». Cette pièce est « une éclisse » qui s’est détachée et qui est sortie de son logement. C’est une barre métallique qui pèse 10 kg, qui relie deux rails et qui est normalement fixée à ceux-ci par quatre gros boulons… Elle s’est retrouvée au milieu de l’aiguillage, empêchant les roues du train de suivre leur trajectoire normale. Il y aurait 5000 pièces de ce genre sur le réseau SNCF… et il est très rare qu’elles se détachent « toutes seules » ! Il n’y a jamais eu d’accident de train jusqu’à  maintenant du à ce genre d’incident…

C’est le Président de la Région Ile-de-France, Jean Paul Huchon, qui a le premier évoqué la possibilité d’un acte de malveillance. Il a déclaré sur France Info « personne ne peut exclure un acte de malveillance »… Son argument paraît très plausible. « Cette pièce était tenue par quatre boulons… Il paraît bizarre que les boulons aient tous sauté en même temps », a-t-il déclaré…

Un représentant des usagers du RER a, pour sa part, dénoncé la vétusté des aiguillages. «Ils ont été installés il y a vingt-neuf ans, pour une durée de vie estimée à vingt-cinq ans». On ne sait pas si cette vétusté est à l’origine du problème, mais on peut raisonnablement penser que cet argument de « la vétusté » ne prouve rien ! Combien de matériels fonctionnent encore après la date de fin de vie estimée, sans qu’ils ne se passe rien !

Trois enquêtes ont été lancées pour tenter de déterminer les circonstances exactes du drame : ministère des Transports, SNCF et Réseau ferré de France (RFF). Elles parviendront probablement à établir « s’il y a malveillance ou non… » En fait, cela consiste à examiner si la pièce a été démontée sans une usure anormale ou par démontage avec un outil ou des moyens inappropriés. Les experts spécialistes sauront dire aussi si la pièce s’est détachée à cause de l’usure ou du dévissage  progressif d’un ou plusieurs boulons où si elle a été déplacée par « une intervention humaine ».

Le Ministre des transports, Frédéric Cuvillier, a lui-même déclaré : "nous ne sommes pas à l’abri de mauvaises découvertes".  Mais du côté de l’entourage de Manuel Vals, le Ministre de l’Intérieur, on  a fait valoir qu’il était «prématuré» d’évoquer un éventuel acte de malveillance, en recommandant d’être «très prudent» car, à ce stade, il ne s’agit que «de rumeurs».

Il est vrai que tout de suite après l’accident, on n’a pas pensé à cette piste et on s’est mis a évoquer dans les médias, l’Etat de vétusté du réseau et l’insuffisance de la maintenance, faisant croire d’ailleurs, à ceux qui écoutait d’une oreille un peu distraite, que c’était probablement par là qu’il faudrait chercher la responsabilité de l’accident (la cause humaine ayant rapidement été écartée) du fait d’un incident matériel et de l’attitude exemplaire du conducteur du train. Bien sûr, on ne peut pas affirmer avec certitude qu’il s’agit d’un acte de malveillance, car il faut attendre les conclusions des enquêteurs, mais, ayant quelques petites connaissances mécaniques je crois à cette hypothèse. Il serait malvenu de faire un pronostic car il reste à comprendre effectivement pourquoi la pièce s’est détachée… Mais nous serons fixés bientôt !

J’ai hésité à publié cet article hier… pensant qu’ aujourd’hui, il y aurait peut-être du nouveau et que mon texte évoluerait un peu différemment. Or je constate que « la piste d’une défaillance matérielle » reste privilégiée (officiellement ?). Nous avons entendu le Président de la République, à 13 heures à la télévision, lui aussi semble croire à cette piste sans écarter tout à fait d’autres possibilités (par prudence sans doute).

Concernant cette piste de « la défaillance matérielle », Didier Le Reste, qui a longtemps été le secrétaire général de la CGT Cheminots, l’a jugée, ce matin sur France info, « prématurée » et « inadaptée ». « Pourquoi une pièce comme ça qui se serait désolidarisée du rail, se serait envolée et déposée opportunément au cœur de l’aiguille. Et aurait fait dérailler le train », a-t-il dit… Il est vrai que sa question est troublante ! La pièce aurait pu se détacher « sans toutefois aller se loger à cet endroit précis de l’aiguillage » ! Pour lui, « il faut pousser les investigations et ne pas faire, comme son Président qui « livre au bon peuple une version qui pourrait devenir officielle »…

Il convient donc d’attendre notamment les résultats de l’étude du Bureau d’enquêtes  sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), rattaché au ministère des Transports, qui va réaliser « en toute indépendance » (nous dit-on) l’enquête technique. Ces investigations permettront d’identifier les circonstances, les causes certaines ou possibles et d’émettre si nécessaire des recommandations de sécurité pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise.

Comme on dit, tant qu’on n’est pas sûr, « aucune piste n’est écartée pour le moment »… 

 

Sources : Le Nouvel Obs, Le Monde, Libération, La Dépêche, Le Figaro, 20 Minutes, TF1, France 2

(Photo : capture d’image sur le site 20minutes.fr)