Une femme en jupe, et c’est le début des propos machistes, et souvent vulgaires… de la part de ces messieurs. Comme si une femme qui montrait ses gambettes était forcément une fille facile, pire encore… une salope !

Alors voilà, il y en a marre de ces préjugés déplacés et stupides ? Finissons-en  avec le machisme ambiant et sous-jacent qui rime avec machisme. 

Maintenant, il faut le dire haut et fort : "t’es bonne" n’est pas un compliment du tout.

Le 21 mars, "Envoyé Spécial" diffusait un reportage sur le harcèlement de rue. Une émission qui faisait écho à cette démonstration ayant été réalisée en Belgique ( un pays proche de  chez nous) par une jeune étudiante, Sofie Peeters, cherchant à dénoncer le sexisme quotidien et ordinaire, mais qui n’en est pas moins violent pour autant.


On y voit la réalisatrice, habillée en robe et qui se balade tranquillement dans les rues de Bruxelles. Tout au long du parcours, elle va subir les regards dérangeants de ces messieurs, leurs yeux passant systématiquement du visage, aux seins et aux fesses de la demoiselle en question. L’ordre est interchangeable, les sifflements fréquents, les "vous voulez boire un verre ?" et autres "vous êtes charmante mademoiselle", avant un éventuel "salope" si elle ne daigne pas accepter. Effarant, et je vous laisse imaginer d’autres propos du même acabits…

 

 "Allez, c’est pas bien méchant ces réflexions, en plus ce sont des compliments !", rétorquent certains. Peut-être, mais ce harcèlement continuel est un vrai chemin de croix pour les femmes concernées.

On peut s’en rendre compte avec l’excellent film de Jean-Paul Lilienfeld "La Journée de la jupe", avec Isabelle Adjani dans le rôle principal, et qu’Arte a diffusé ce mois-ci.

Les "vas-y comme t’es bonne" et autres "t’es une pute, fallait pas mettre de jupe !" lancés par les collégiens dans le film à l’égard de leur professeure qui, malgré le classement en "zone d’éducation prioritaire" de l’établissement, continue à s’habiller comme elle le veut. Une sorte de rébellion contre le machisme déplacé et ambiant de ces petits mâles en puissance.

Caricature, pour les uns, exagération pour les autres ? Sauf que les retours de plusieurs amis profs confirment malheureusement cette image.

 

Pendant des siècles la jupe était un moyen de différencier les sexes et le genre, symbole de l’oppression et de l’assujettissement des femmes. L’historienne Christine Bard explique dans "Une histoire politique du pantalon" (Editions du Seuil) pourquoi le pantalon était interdit aux femmes :

 

"Le code civil (1804), qui va renforcer le pouvoir des hommes et donner le statut de mineures aux femmes mariée, est en gestation. Actives pendant la Révolution, parfois armées et travesties, les femmes doivent rentrer dans le rang. Leur rappeler qu’elles doivent porter les vêtements de leur sexe est une manière de le leur signifier".

Bizarrement, arborer une jupe de nos jours devient le symbole de l’émancipation. Pour dire "ça suffit !" à ces messieurs qui n’ont aucun respect pour celles qui comptent s’habiller comme elles le désirent. Et cela sans avoir à être culpabilisées si, en rentrant seule, elles ont été victimes d’une agression sexuelle comme le sous-entend la conclusion de cette article de "La Dépêche du Midi" et son cri moralisateur : c’est en partie de ta faute, meuf !

 

Quelle hypocrisie, car c’est bel et bien à l’homme de se contrôler et non à la femme de se cacher pour empêcher les pulsions des mecs.

 

Alors comment sortir de cette fatalité ? 

Il faut bien le dire, peu de plaintes sont déposées car il est toujours difficile d’apporter une preuve de sexisme dans la rue. Des structures existent et des plateformes sur le net proposent à la parole de se libérer. Néanmoins, ces structures sont parfois elles-mêmes victimes d’attaques sexistes. La preuve depuis plusieurs mois à la Maison des femmes de Montreuil.

 

L’éducation me semble de toute évidence prioritaire pour expliquer aux mâles tout puissants et dominateurs que les femmes ne sont pas de vulgaires objets.

 

P.S : Les Belges veulent maintenant punir les insultes sexistes d’amendes.