L’affaire Guéant vient réveiller des cicatrices qui n’ont pas eu le temps de se cicatriser. Car qui oserait dire qu’il ne faut pas faire de rapport avec la désormais triste affaire Cahuzac. Les responsables se placent par leurs actes en dehors de la société qu’ils entendent néanmoins gouverner.   

Une classe politique élitiste et méprisante

 

On savait déjà que le secret d’Etat était employé à bien mauvais escient depuis des décennies. Lorsque les moyens (financiers et matériels) sont utilisés pour cacher à l’opinion publique une fille née illégitimement (uniquement aux termes de la loi), on ne peut déjà plus faire confiance à l’appareil gouvernemental, d’autant plus que le mensonge organisé était un système bien rodé.

Lorsqu’un ministre de la république ose mentir, les yeux dans les yeux, à la représentation nationale jetant l’anathème sur des « journalistes corrompus », on se sent trahi soi-même. Lorsque ce même personnage demande des efforts conséquents à chacun, on osait alors imaginer qu’il se les appliqua à lui-même. Vœu pieu.

Lorsque notre président de la république (actuel et précédent) affirme la main sur le cœur vouloir réduire le train de vie de l’Etat, on est alors effaré des sommes dépensées pour le confort de nos gouvernants. Un salaire plus que confortable pour les ministres (avec les avantages dont ils bénéficient, la baisse annoncée de leur rémunération constitue une perte de leur argent de poche), des avantages matériels inimaginables montrent que le travail de propagande (le pouvoir mérite un traitement particulier) mené depuis des décennies a porté ses fruits. On irait même jusqu’à les plaindre.

Les Français et Françaises ne savant plus comment se payer de la viande chaque semaine apprécieront que désormais les bouteilles de Château Petrus ne seront plus la règle dans les repas officiels. Et dire que nos gouvernants ne comprennent pas qu’il peut apparaitre comme choquant que quelques bouteilles servies au cours d’un repas puissent représenter bien plus que le salaire d’une année, voire même que bien plus que le prix d’une voiture haut de gamme.

 

Claude Guéant, un personnage représentatif

 

Ne nous jetons pas dans l’acharnement, mais considérons les révélations du Canard Enchainé comme symptomatique d’une classe politique totalement déconnecté. Donc M Guéant explique le versement d’une somme de 500.000 € sur son compte bancaire personnel par la vente de deux tableaux d’art (Les experts consultés estiment miraculeux que ces deux tableaux aient pu atteindre la somme de 100.000 €. Là on est à 5 fois plus.) L’excuse des ventes de tableaux est pratique, puisque comme toutes les œuvres d’art, les peintures fluctuent considérablement au niveau de leur valeur.

Peut-être notre ancien ministre (à l’époque des faits, il n’était que conseiller du Ministre de l’Intérieur de l’époque, qui devait devenir plusieurs mois plus tard Président de la République entrainant le même personnage au plus haut sommet. Cela démontre déjà en soi que la classe politique, de droite comme de gauche, reste petite et imperméable) a réussi à plumer un pigeon. Le secret de l’identité de ce « simplet  dépensier » doit alors être conservé. Mais nous ne parlons pas de deux tableaux achetés sur une brocante le dimanche matin sur la place d’un village. 500.000 euros.

Un deuxième reproche est adressé au même personnage, puisqu’aurait été découvert des factures prouvant des paiements importants en espèces. Selon le conseiller, il ne s’agirait pas de fraude mais de primes du Ministère de l’Intérieur payées en espèces (sic !!!). Plusieurs milliers d’euros par mois, selon les dires de M Guéant, seraient concernés.  On s’étonne alors puisque ces fonds remis en espèces sont interdits par la loi depuis le 1er janvier 2002.

En ce qui concerne le versement, deux hypothèses sont alors à envisager :

·        Ou alors le Ministère de l’Intérieur se moque des lois de la République.

·        Ou alors le Ministère de l’Intérieur a réussi à créer une nouvelle caisse noire (Comment ?) pour alimenter ces primes.

 

Un mépris affiché envers les « petits »

 

Il y a des enseignements à tirer de cette histoire mais ne nous bornons pas à M Guéant qui n’est que l’illustration d’un système. 

Le monde politique est hors de la société et il le prouve une nouvelle fois. Pour argumenter ses explications, l’ancien conseiller a évoqué des sommes qui ne sont pas mirobolantes, juste 25.000 € en espèces sur quelques mois. M Guéant considère donc que quelques dizaines de milliers d’euros perçus en espèces, en dehors de toute déclaration fiscale et en plus d’une rémunération conséquente, ne sont pas de nature à susciter questionnement.

On comprend alors le fossé, le précipice entre cette classe politique, qui dépense donc sans compter et la société civile qui peine à boucler ses fins de mois.

D’autre part, les mêmes hommes politiques ne nous expliquent-ils pas à longueur de temps qu’une fois la loi votée, il faut alors l’appliquer et la respecter. Nul n’est censé ignorer la loi précise l’adage, alors il est impensable que M Guéant n’ait pas été au courant qu’il était interdit légalement de recevoir des primes en espèces. C’est donc en toute connaissance de cause, qu’il aurait ainsi trempé dans une fraude fiscale.

Ces mêmes hommes politiques ont beau jeu de s’indigner quand un chef d’entreprise fait savoir qu’il envisage de quitter son pays pour des raisons fiscales. Mais ce même chef d’entreprise ne dispose pas de ces primes échappant à tout contrôle.

Ajoutez à cela les fonds détenus par les députés, les déclarations de patrimoine les plus farfelues et vous obtenez une classe politique qui ne peut plus avoir le sens des responsabilités.

C’est en cela que la classe politique nous mène dans une voie sans issue, et j’entends par là l’ensemble de la classe politique, les extrêmes compris.

Mais comme il faut être pragmatique, je profite de l’occasion qui m’est donnée pour lancer un appel aux connaisseurs d’art qui connaissent M Guéant. Ma fille de 5 ans a réalisé deux chefs d’œuvre alors n’hésitez pas à me contacter pour évaluer ensemble le nombre de zéro à aligner…