Sur son blogue, Jean-Luc Mélenchon fait état de ses taille, poids, pointure et tour de col… avant d’expliquer ce qu’il détient en patrimoine. Ce après avoir été vaguement – et assez petitement – « piégé » par Pujadas sur Antenne 2, auquel il demandait combien, lui, ou le patron de sa chaîne était rétribué et possédait. Partisan de la totale transparence à la suédoise, je n’en suis pas moins réticent sur d’autres aspects (et j’estime que « les turpitudes » de DSK n’avaient pas à être étalées par d’autres que lui-même, s’il le souhaitait, ce qu’il aurait sans doute gagné à faire… compte tenu de la suite). Or donc, nul besoin d’en réclamer plus et encore davantage au tribun du Front de Gauche. Au contraire, saluons l’artiste (au sens propre, aussi), c’est fort bien joué.
J’avais légèrement ironisé sur la passe d’armes entre Jean-Luc Mélenchon et David Pujadas. Méluche expliquait qu’il avait déjà publié son patrimoine une bonne dizaine de fois, renvoyait la balle dans le camp « adverse » (de fait plus souvent partenaire qu’autre chose, en dépit des diatribes, parfois limite de médiocre foi, du chef de file du Parti de Gauche), et je lui accordais que, sans doute, son temps de parole imparti ne lui avait pas permis d’entrer dans les détails de ses biens et revenus.
Bref, comme ce n’était guère, voici trois jours, l’essentiel de mon propos, je m’en tenais sur ce point au rôle du commentateur « sportif » (quand il ne meuble pas avec n’importe quoi : je vous recommande le chapitre sur les journalistes sportifs d’Étienne Liébig, dans Les Nouveaux Cons – saison 2, chez Michalon). Schneidermannn, sur Arrêt sur images donnait le point à Méluche, d’autres à Pujadas, j’hésitais entre le un partout ou le but marqué hors-jeu, peu importe.
Hier, non point sidéré (j’en ai vu d’autres), mais quand même fort interloqué, je signalais aussi sur Come4News que la presse britannique avait révélé que l’Anglaise ayant suggéré des « danses de la sorcière » pour saluer le trépas de Maggie Thatcher s’était faire poser des implants PIP et avait craint des fuites ayant déclenché une fausse couche. Au temps pour l’absolue transparence. On n’ignore rien des revenus ou biens des patrons et vedettes de la BBC, cela implique incidemment de bizarres contreparties, suggérai-je.
Bien joué l’artiste qui, sur son blogue, réitère qu’il considère inestimable ses lavis, photos, ou aquarelles. Il a « doublement » raison, car je peux en dire autant de (certaines) mes photos, dont la valeur marchande ne tient qu’au fait que je suis beaucoup moins connu que Mélenchon qui, sait-on jamais, de par sa notoriété, pourra peut-être en tirer de quoi s’offrir de longues vacances en Amérique du sud, et tant mieux pour lui : il ne l’a pas volé.
Or donc, ce « Tout sur moi (mes mensurations, mon patrimoine, mes projets immobiliers) » est fort bien venu. Il ne s’étend pas trop, prouvant que Pujadas avait tenté de le piéger au final maladroitement puis, oui, Mélenchon a déjà plusieurs détaillé où il en était et se situait avec ses biens et son pognon, et pas que par obligation.
Certes, je n’en déplore pas moins, comme José Bové, que Jean-Luc Mélenchon émarge à Strasbourg pour 6 000 euros (plus frais), et que depuis qu’il est sollicité un peu partout ailleurs, il soit beaucoup moins assidu au Parlement européen qu’il ne le fut (avant la présidentielle, il était quasiment irréprochable, avec un taux de présence dépassant 70 %, contre un peu moins de 60 pendant la présidentielle ; peu pourraient dire mieux, mais l’excuse est faiblarde).
Ce n’est pas à Mélenchon que je reprocherai de profiter d’un système plutôt juteux pour les Le Pen et Louis Aliot (et je ne partage pas totalement le point de vue de Liébig, féroce à l’endroit des nouveaux et anciens cons des institutions européennes). En tout cas, je ne me souviens pas qu’il ait voté les augmentations de rétributions des sénateurs ou députés européens (non, il ne cumule pas, c’est d’ailleurs impossible). Alain Krivine, qui fut, je crois, irréprochable (et qui sacrifia par conviction ce qui aurait pu être une belle carrière), n’a pas vraiment démérité à Strasbourg, mais lors des campagnes, de même, il était peu présent en Alsace.
J’ai dû vendre des centaines (milliers sans doute) de bouquins, Mélenchon cherche à déménager pour mieux loger ses 12 000 volumes, toujours dans ce dixième arrondissement parisien qui nous garde sans doute en partage avant que, peut-être, nous soyons expédiés au vert en fins de vie. Jean-Luc, un conseil : donne ou vend largement, la plupart, on ne les relit jamais (et tiens, hormis les dédicacés des aminches, il faudrait vraiment que je me déleste encore). C’était une incise amicale.
Je n’en considère pas moins qu’il serait bon aussi que le Parti de Gauche dise clairement ce qu’il trouve correct, mauvais, discutable, pernicieux, plutôt satisfaisant, excellent, dans les propositions de transparence et de moralisation de la vie publique du gouvernement. Avec les frais et les facilités diverses, un parlementaire pourrait facilement se contenter de moitié moins de ce qu’il engrange et tant pis s’il ne pourrait reverser autant (pour ceux qui le font) à sa formation.
Par ailleurs, un mandat, c’est peu, mais deux suffisent à vous permettre de passer le flambeau au successeur dans de bonnes conditions (par exemple, en devenant son assistant parlementaire).
Je n’ignore pas les effets pervers. Soit que de vieux caciques placent de jeunes pousses dociles, et qu’une caste politique professionnelle soit remplacée par une autre rajeunie et interchangeable en trompe-l’œil.
En revanche, je ne crois pas du tout que seuls les fonctionnaires brigueront des fauteuils. La politique, c’est un peu comme l’écriture (voir, de Liébig, « Les Auteurs qui se prennent pour Maupassant »). D’une part, même à demi-solde, on trouvera toujours des impétrants. D’autre part, il serait souhaitable et profitable de voir siéger des gens non voués à des carrières linéaires, issus de tout autres milieux, et qu’on ne me dise pas que moins les rétribuer les vouera à devenir corrompus : en ce domaine, l’argent va plutôt à l’argent.
Non cumul, moindre rétribution, limitation des mandats, pourquoi pas ? Le diplôme n’est pas gage d’intelligence ou de compétence, ce que diverses chambres successives à compositions beaucoup plus diverses a établi par le passé ; même si on peut déplorer quelques fluctuations du niveau scolaire général, nous comptons suffisamment de bac+ ayant au moins le niveau de réflexion des titulaires du certif’ ou de brevet d’antan (on le sait, j’ai tout oublié des fractions, et pourtant, je cumule deux certifs, l’un public, l’autre des écoles dites « libres », brevet, bac, &c., &c. – qu’on n’y voit pas acte de candidature, siéger correctement, assidûment, devoir me plonger sérieusement dans tant de dossiers, ce n’est plus pour moi).
Méluche, puisque tu cherches plus grand dans le quartier, pense aussi au local à vélo, il serait grand temps que tu t’y mettes (moi aussi, mais, justement, côté local, cela bloque). Autre digression, c’est plus fort que moi…
Cohn-Bendit, passant du « demandons l’impossible » à une « utopie plausible » en appelle au dépassement des partis, mais n’énonce guère le comment. C’est évidemment aussi une piste, de transparence et moralisation en amont. Le même est plutôt dubitatif sur le bien-fondé des mesures de moralisation.
Cela peut se comprendre. « Juif allemand » (comme nous le fûmes fort nombreux), Daniel Cohn-Bendit est peut-être trop français : j’imagine qu’il a dû quelque peu écarquiller les yeux en constatant que Christian Wulff, ancien président fédéral, se retrouve inculpé pour corruption par le parquet de Hanovre. Lui et sa femme avaient accepté d’un producteur de cinéma un court séjour hôtelier pour un montant de… 500 euros ! Il est vrai qu’il traînait, du temps de sa présidence de la Basse-Saxe, une réputation limite douteuse en matière de favoritisme.
Je vais chroniquer Aux larmes citoyens !, de Charles « Charly » Duchêne, chez JBDiffusion, un essai politique que je recommande tant à Méluche qu’à Dany, dois-je lui laisser payer l’addition (entrée solide, plat du jour goûteux et copieux, bon bordeaux de 2004 qui fait à peine une simple culbute), ou pas ? Au fait, M’sieur Mélenchon, quand vous allez à La Bulle (dans le Xe, et j’imagine que c’est votre choix de ce fait), déjeuner avec Éric Libiot, de L’Expansion (tartare de dorade à la clémentine, effiloché d’agneau, mousse au citron, jaja du mois), pour bavarder écosocialisme, Libiot est en note de frais et vous de votre poche ? Pour se faire assaisonner, ce serait plutôt dommage (Libiot évoque la méthode Coué que s’appliquerait le porte-parole du FDG pour se persuader d’être « sur le chemin de la victoire »).
Méluche aura peut-être contribué, à la marge, à convaincre la rédaction de L’Expansion de prôner un écocapitalisme plus soucieux d’une autre croissance, ce qui n’est déjà pas mince. Cela valait bien un déjeuner, et peu importe qui empocha l’addition.
Bref, Méluche a le cul aussi propre que Wauquiez, mais il expose la rondelle avec beaucoup plus d’humour, et c’était même lui qui avait commencé bien avant l’affaire Cahuzac. Personne ne le lui reprochera (tandis qu’à l’UMP, Wauquiez est à l’exhibitionnisme ce que DSK est peut-être encore aux partouzes ; j’écris pour Google, j’assume).
N’empêche, ce brio n’estompe pas que le Parti de Gauche estime que, pour définir l’organisation territoriale, le choix serait entre le renforcement des pouvoirs des « baronnies locales » ou la sixième République. C’est creux, et je n’ai toujours pas compris ce que le FDG préconisait au juste en la matière : ne rien changer, regrouper autrement ? Ce n’est d’ailleurs pas Mélenchon qui m’a convaincu de laisser sous le boisseau le problème des langues régionales, mais l’exposition des coûts qu’impliquerait le bilinguisme (trilinguisme en Bretagne avec le gallo) dans nos régions et au national. Quant à la récusation du « sarkozysme sportif » au profit du sport populaire (façon Lendits de la Fédération des œuvres laïques ?) et un « service public du sport », j’y vois surtout du clientélisme et je n’ai nullement envie de voir du foot féminin – ou autre – à la télé (ni même autant de tennis et de patinage artistique). Ce n’est pas à un « vrai » ministère du sport de favoriser le financement d’une équipe nationale : que les amateurs s’en chargent (pour l’entretien du stade des minimes, bon, cela se discute) !
Bravo l’artiste, mais je réitère ma question : que pense Eva Joly des mesures de lutte contre la corruption (là, on sait « les mesures sont insuffisantes ») et pour la moralisation de la vie publique (fin du cumul des mandats, oui, mais au-delà ?), et surtout, le Front de Gauche la consulte-t-elle pour entrer dans le détail de ces dispositions ? À quand des propositions concrètes ? À l’instauration de la sixième Rép’ ? La transparence sur les rémunérations des journalistes (pour moi, y compris celles des pigistes, histoire de mesurer l’écart), c’est une idée en l’air ou une réelle proposition ?
Non, la fausse-couche d’Untelle ne m’intéresse pas (voir supra), oui, j’attends des éclaircissements du Front de Gauche, non plus sur le patrimoine de Mélenchon ou des frères Laurent, mais sur déjà, les propositions gouvernementales et les voies pour les améliorer. Bravo l’artiste, mais sur le fond, il faudrait, sans attendre que tout le pouvoir revienne au peuple, se départir du flou artistique…
Après l’affaire Cahuzac, avant les inévitables suivantes, le chahut dans la Zac télévisuelle, c’est distrayant, merci Méluche, mais un présent vaut mieux que deux après, et je préférerais le tenir.
Au fait, Méluche, tu portes à droite (on ne t’en voudras pas) ou à gauche ? Boxer ou slip taille basse, string ou caleçon mi-cuisses ? Allez, encore un effort… pour alimenter mes chroniques.