Au terme de 48h de consultations parlementaires, 124 députés sur un total de 128 acclament ou presque  la candidature de Tammam Salam pour le poste de Premier ministre. La politique étant affaire de famille, ce dernier n’est autre que le fils de Saëb Salam, le célèbre Beyrouthin à l’œillet. Six fois premier ministre de 1952 à 1973, Saëb avait pour slogan « un Liban pas deux » et en aurait fait, dit-on, le combat de toute une vie ! 

En l’absence de Médiapart, argent et politique font excellent ménage au pays des Cèdres, lequel ménage est encouragé par l’étrange absence de tout regard inquisiteur en cette direction : en effet le nouveau premier Ministre, même s’il est loin d’être à plaindre, fait plutôt pâle figure par rapport à ses prédécesseurs que sont en particulier Nagib Mikati et feu Rafik Hariri, tous deux à la tête de gigantesque fortune. 

Détenteur d’un palmarès respectable, deux fois élu député en 1996 et 2009, nommé ministre de la culture, l’homme du jour serait plutôt modéré et ouvert au dialogue. Héritier de la ligne paternelle, Tammam Salam incarne l’homme de consensus, seul capable de rapprocher les deux Axes du 14 et 8 Mars qui se font la tête et communiquent de préférence par médias interposés. 

Interrogé sur le fâcheux dossier qu’incarne l’arsenal du Hezbollah, il a fait preuve de pragmatisme : oui à l’arsenal quand il a une fonction de protection du pays, de résistance contre les agressions israéliennes et non quand il est utilisé pour disposer d’un ascendant sur la scène politique. Peu trouveront à redire sur cette vérité de La Palice, formulée ainsi. 

Il y aurait en effet chez le personnage un certain penchant pour la novlangue, laquelle fait des émules dans la région :  particulièrement galvaudée par les politiciens, elle est expurgée de tout ce qui a trait à la subversion, à la critique. Ainsi épurée, les problèmes épineux n’ont plus le droit de cité et donnent à la population l’illusion que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ensoleillés !  

La méthode devenue monnaie courante a longtemps fonctionné et reste à savoir si elle peut perdurer encore longtemps quand une région ne tient plus que sur un fil de rasoir. Le voisin va de plus en plus mal ; on dit que le nombre de victimes a atteint les 70000 alors que ce chiffre a largement été dépassé depuis belle lurette.

Tamam Salam fils d’une Damascène, issu du Mouvement du 14 Mars, a dénoncé les ingérences de tous bords en terrain voisin ;  il a préconisé en paroles à l’instar de toute la classe responsable, la politique de distanciation par rapport au conflit syrien ! Il y a les échéances législatives qui approchent à grands pas et jusque là aucune loi électorale consensuelle n’a su émerger pour remplacer la loi  de 1960  que fustige avec virulence une partie des Libanais ; la composition du cabinet avec en perspective un « Gouvernement d’intérêt national » reste le plus épineux à composer. C’est que les défis qui attendent Tammam Salam ne manquent pas et à lui désormais de jouer pour les relever.

La novlangue ne suffira toutefois pas à elle seule, mais animé comme il est de cette volonté de faire bouger les choses dans le bon sens, on ne peut qu’espérer que ce nouveau Premier ministre parviendra à faire inverser la tendance actuelle afin d’amorcer une véritable reconstruction du pays.

 Il s’appelle Tammam Salam. C’est pas mal, juste cinq lettres en tout et pour tout pour la composition d’un prénom suivi d’un nom ! En plus Tammam peut signifier la perfection, Salam est le joli nom de la paix. Prénom et nom qui augurent une ère positive… A moins que par un de ces tours de passe passe qui nous sont devenus familiers, on remplace le L de Salam par m, on obtiendrait Samam qui signifie empoisonneur. D‘une paix parfaite on passerait à une envenimation parfaite…