En une minute, via le Web ou les réseaux ouverts étendus, près de 640 000 Go de données passent d’un point à un autre : en transit, plus de 204 millions de courriels, des transactions commerciales, des dizaines de millions de photos, six millions de pages Facebook consultées, 1,3 millions de clips visualisés sur la seule plateforme YouTube, &c. Cela n’est pas près de s’amenuiser car, vers 2015, il est estimé que le nombre des appareils connectés sera le double de celui des habitants de la planète.
Les calculs ont été conduits par des équipes d’Intel, le fournisseur de processeurs : chaque minute, environ 640 000 Go de données passent d’une machine, d’un appareil connecté, à un autre… Ce serait bien davantage si des équipements ne tombaient pas en drapeau, des sites n’étaient pas en surcharge, &c.
Les courriels, pourtant nombreux (près de 3,5 millions échangés à la seconde), ne forment pas la masse majeure de tout ce poids.
Rien que sur Flicker, 20 millions de photos sont visualisées chaque minute, 61 000 heures de musiques sont écoutées sur la seule plateforme Pandora, et les visiteurs de YouTube visualisent 1,3 million de vidéos de durées diverses.
Le commerce en ligne, qui nécessite des connexions sécurisées, ou la simple visite de pages Facebook (277 000 connexions à la minute, six millions de pages vues), le téléchargement d’applications pour mobiles (47 000), les quelques 100 000 nouveaux tweets, ne forment pas que de petites rivières, mais des fleuves données dont le débit évoque celui du Nil ou de l’Amazone…
Dans l’ordre, en termes de masses de données : YouTube, les consultations Google, Facebook, Twitter, les créations de comptes LindeIn, les téléchargements musicaux via Pandora, le commerce électronique, les téléchargements d’applications et ensuite les courriels.
Dans le même temps, soit au rythme de trois à la seconde, des personnes se font voler leur identité, d’autres contractent des virus, se font gruger de diverses manières, &c.
Vu le nombre de personnes détenant plusieurs appareils connectés, l’ensemble équivaut à l’actuelle population mais cela devrait être le double en 2015, dans moins de trois ans. Le hic, c’est que pour visualiser autant de vidéos à la seconde vers 2015 qu’à présent (30 heures), il faudrait… cinq ans. D’où les efforts pour augmenter la bande passante et le débit (notamment avec la fibre optique) ou mieux compresser les données…
Comme par hasard, Intel diffuse ces chiffres au moment où la société vante plus activement son prototype de plateforme de communications de future génération dont le nom de code actuel est Crystal Forest, qui succèdera à Jasper Forest. Les processeurs devraient atteindre 16 cœurs (on en est à six chez le concurrent AMD) et traiter 160 millions de paquets à la seconde. Le maximum atteint actuellement est de l’ordre de cent millions.
Crystal Forest avait été annoncée en février de l’an dernier, en promettant une compression et une cryptographie améliorée (et plus sécurisée) des paquets pour dépasser un débit de 100 Go/s. Sa disponibilité était annoncée pour la fin 2012.
Pour sa part, voici un peu moins d’un an, le Cisco Visual Networking Index prévoyait un trafic de 1,3 zettabytes fin 2016 (110,3 exabytes/mois). La croissance annuelle de la masse des données échangées devrait déjà dépasser 30 % par rapport à 2011. Le trafic par personne (considérant que d’autres personnes ne seront pas connectées) devrait tripler pour atteindre 15 Go. Et près du tiers de ce trafic sera traité par des mobiles (téléphones, tablettes… hors unités centrales ou ordinateurs portables). Il est déjà prévu que, l’an prochain, les communications sans fil dépasseront les filaires. Le trafic aux heures pleines sera quintuplé, celui aux heures creuses quadruplé.
En 2016, qui voudrait visualiser l’intégralité des vidéos transitant chaque mois devrait vivre… six millions d’années. Le trafic vidéo via l’Internet devrait représenter encore plus de la moitié du total (ce qui est déjà le cas, mais de peu), et cette estimation ne prend pas en compte le peer to peer. En Europe occidentale, le trafic Internet mensuel devrait représenter la capacité de cinq milliards de DVD.
Cisco, Intel et consorts ont sans doute intérêt à gonfler quelque peu les chiffres, mais il faut se souvenir que, par tête, en 1998, on se situait à un Mo échangé par mois (l’Internet graphique, multimédia, était récent) et que le total global était de l’ordre d’un exabyte/an vers 2001 et déjà estimé au même montant quotidien pour cette année (365 fois plus, donc).
Cela étant, certaines prévisions misent sur le succès de la télévision en trois dimensions (3DTV) et une très demande de jeux localisés sur le cloud (le nuage). Ce qui se vérifiera ou non. Une chose est sûre : soit les progrès compenseront, soit la congestion guette.
Le collapsus congestif a été envisagé dès 1984 et se manifesta en octobre 1986. Des correctifs de meilleur contrôle ont depuis été apportés.
Selon Johan Wibergh, d’Ericsson, en 2018, il y aura 6,5 milliards d’abonnés à un service de téléphonie mobile (500 millions fin 2012). Mais il reste confiant. Alors…