Selon l’Acoss, le salaire brut moyen des Français a augmenté de 2,1% en 2012, soit un gain de 0,9% de pouvoir d’achat http://www.challenges.fr/economie/20130313.CHA7209/le-salaire-moyen-par-tete-atteint-2-410-euros-bruts-par-mois-au-4e-trimestre-2012.html). Le salaire moyen est-il une donnée qui a du sens ? Car, depuis plusieurs années, la pauvreté ne cesse d’augmenter en France. En 2012, ainsi, la pauvreté touchait environ 14 % de la population française. Certes, c’est moins qu’en Allemagne ou en Espagne, mais elle augmente plus vite depuis deux ans (voir http://www.challenges.fr/economie/20121205.CHA3860/la-pauvrete-progresse-en-france-mais-moins-vite-qu-ailleurs.html et http://www.inegalites.fr/spip.php?article270). Mais comment peut-on publier des résultats pareils qui laissent à penser que les pauvres s’enrichissent ? Il ne faut pas se contenter de ces simples résultats et réagir à ce qu’on essaie de nous faire croire !

Ce chiffre mensuel moyen brut de 2410 € n’a, tout seul, strictement aucun sens. Il faut le comparer à l’augmentation du coût de la vie et aux impôts. Ce qu’il faut regarder, c’est le revenu disponible après tous les prélèvements pour voir ce que chaque foyer a à disposition pour vivre. D’une famille à l’autre, les inégalités peuvent être très élevées.

Un autre chiffre intéressant est le patrimoine moyen : lui aussi aurait fortement augmenté avec une hausse de 5% en 2011 (voir http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20130121trib000743878/pendant-la-crise-le-patrimoine-national-augmente.html). D’un côté on a un pouvoir d’achat qui recule et de l’autre une population qui s’enrichit. N’y aurait-il pas une certaine contradiction ? Oui et non.
En réalité, ces chiffres sont à prendre avec précaution. Certes, la moyenne augmente, mais tout dépend comment on la calcule. Concernant le patrimoine, l’augmentation n’est d’ailleurs due qu’à la flambée de l’immobilier. Mais ces chiffres concernent 2011 : actuellement, l’immobilier recule parfois de 20% (voir http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/l-immobilier-s-enfonce-dans-la-crise-les-prix-ploient-26-02-2013-1632567_240.php). Ainsi, ces chiffres publiés assez récemment ne peuvent pas décrire la réalité d’aujourd’hui car ils reposent sur des données qui ont rapidement évolué en quelques mois. On peut donc s’attendre à de fortes baisses dans les années à venir !

Autre remarque : une moyenne ne sert à rien sans d’indication sur la dispersion. Ici, la dispersion permettrait d’avoir un aperçu des inégalités. Certes, le salaire moyen augmente, mais qu’en est-il des inégalités ? Comment peut-on prétendre que le pouvoir d’achat des Français augmente quand le chômage, le coût de la vie et les impôts augmentent aussi ? Il y a une solution qui vient rapidement à l’esprit : les inégalités continuent à se creuser entre des pauvres de plus en plus pauvres et / ou nombreux et des riches de plus en plus riches. On peut donc obtenir une hausse du salaire moyen qui va de paire avec une hausse des écarts entre les riches et des pauvres. Remarquons par ailleurs que tous les articles révélant ces chiffres ne donnent aucune indication concernant l’évolution des inégalités en France. Est-ce pour rassurer les Français afin de ne pas trop les déprimer car les mauvaises nouvelles s’accumulent ? Quoi qu’il en soit, on nous ment d’une certaine manière en nous faisant croire que, malgré la crise, tout va bien car on s’enrichit !

Attention donc aux études menées à la hâte et aux résultats publiés sans informations permettant de juger de leur pertinence. En statistiques, il faut, en plus de la moyenne, donner la dispersion (qui permet de voir si la série est assez bien regroupée autour de la moyenne ou pas) et la médiane (qui permet de trouver la valeur correspondant à 50% de la série). C’est un minimum pour voir les données de façon objective. Mais, quand on traite des données sociales, il n’est pas toujours bon de publier tous ces chiffres car les gens pourraient s’apercevoir que la situation économique et sociale n’est pas fameuse alors qu’on peut les rassurer en ne leur fournissant que les chiffres qu’ils veulent entendre… Soyez vigilants !