Alors que s’enfle déjà la polémique entre Marcela Iacub et Le Nouvel Observateur (et de fait, l’ensemble des médias reprenant le sujet) et Dominique Strauss-Kahn, diverses citations ou paroles de chansons, des adages viennent à l’esprit. Comme le « à bon chat, bon rat » de Boris Vian, La Petite Tendresse de Paolo Conte, ou le fameux « qui aime bien, châtie bien ». La chercheuse est-elle devenue fouineuse, et DSK s’offusque-t-il surtout qu’un tabou soit levé ? On n’a pas fini d’en gloser… Tentons de situer, sur le plan de l’analyse des médias ou du « sociétal », ce qui peut faire débat.
L’Argentine Marcela Iacub, juriste et universitaire, est sans doute la plus gauloise des féministes hédonistes. Ce courant, illustré aussi par diverses féministes britanniques ou américaines, allemandes, n’est pas tout à fait inexistant en France, mais Marcela Iacub en est le fer de lance car elle l’a théorisé de la manière académique que néglige par exemple Virginie Despentes (King Kong théorie).
Ainsi donc, elle a été à la halle, au charbon, vérifier l’intuition de Paolo Conte :
Les cochons, ils ne vieillissent pas,
ils deviennent des saucissons (quelle tendresse !)
mais les hommes, tant qu’ils vieillissent,
ils deviennent des cochons…
Le rat de laboratoire de Belle et Bête (Stock, à paraître le 27 prochain) est donc DSK, « être double, mi-homme, mi-cochon », homme de droite dont « le communisme sexuel auquel il aspire en tant que cochon me réjouit », consigne la laborantine. Elle en rajoute : « l’homme est affreux, le cochon est merveilleux même s’il est un cochon ».
Mesures de rétorsion imminentes de Sinclair et DSK
DSK a écrit au Nouvel Observateur pour faire part de son dégoût à l’endroit de qui séduit pour convaincre une formation politique et un électorat en se prévalant de convictions socialistes pour les exploiter financièrement, ou quelque chose comme cela. Ah non, c’est un écœurement provoqué par « le comportement d’une femme qui séduit pour écrire un livre, se prévalant de sentiments amoureux pour les exploiter financièrement ».
Marcela Iacub n’a nul besoin de séduire, elle est séduisante, à divers titres, et on peut supposer qu’elle n’a eu nul besoin d’exprimer des sentiments amoureux quand des propensions libidineuses suffisaient amplement pour l’approche du sujet. Lequel fut abordé en 2012, alors que DSK était transmué en phénomène de foire, en personnage de « libertin » au sens que ne lui connaissaient pas encore les prémisses des Lumières.
Le Nouvel Obs’ publie de « bonnes feuilles » mais aussi un entretien avec l’auteure qui fut bien reçue par Anne Sinclair. Laquelle lui a semblée s’être formée une conception d’un monde « séparé entre les maîtres et les serviteurs, entre le dominants et les dominés, et c’est normal (…) comme si l’on vivait dans la société de l’Ancien Régime ». Il faut sans doute nuancer, dans la mesure où – ce fut l’un des arguments de la défense de DSK dans l’affaire du Carlton de Lille – en matière, intime, femme de ménage ou femme du monde, prostituée ou demi-mondaine, cela peut-être, pour certaines et d’aucuns, toute une (et tout un en réciprocité masculine).
Anne Sinclair s’offusque et évoque de même des suites judiciaires.
Éric Aeschimann et Jérôme Garcin, de Stock, l’éditeur, ont évoqué une métaphore animalière et un très grand livre.
Ce n’est certes pas parce qu’il révélerait qu’en nombre d’hommes existerait une part de cochon ou qu’en Marcela Iacub et d’autres femmes le porcin cohabiterait avec l’humain. C’est en fait tout un mais cela n’a de valeur que mondiale, et non « universelle » : les asexuel·le·s seraient-elles ou ils moins humain·e·s et non point tout autant que d’autres « trop » humain·e·s ?
N’ayant pas lu le livre, je ne me prononcerais pas sur la valeur littéraire ou épistémologique (avancée réelle en sciences humaines, études féministes et de genre, ou constat établi sur un échantillon non seulement trop réduit mais présentant le biais d’appartenir à une caste particulière qui n’est pas celle des ouvriers agricoles saisonniers du pourtour de l’Europe occidentale).
Plaisirs de nantis ?
La chercheuse a entretenu une liaison (à divers sens du terme) avec son sujet de fin janvier à fin août de l’an dernier, soit après l’affaire Nafissatou Dialo (mai 2011-décembre 2012) et alors que se dévoile celle du Carlton de Lille (avril 2011…). En pleine connaissance de cause, donc. Ce qui n’empêche pas Iacub d’énoncer une contre-vérité dans son court entretien avec Aeschimann. L’idéal du « cochon » n’est pas la partouze qui n’exclut personne « ni les vieux, ni les moches, ni les petits », car c’est là la conception de la « cochonne » ou du « cochon » idéaliste, nuance de très grande taille, de dimensions phalliques ou clitoridiennes démesurées, mythiques, statuesques.
Mais il est fort réel que des « débauchés » ne le sont pas que dans le luxe et les palaces, et que des exhibitionnistes en Clio obtiennent autant de succès que d’autres en Bentley auprès de voyeurs de toutes conditions qui seront à l’occasion conviés à poursuivre en HLM ou hôtel particulier.
Iacub s’est dite (ou plutôt écrite) « amoureuse de l’être le plus méprisé (…) de la planète ». Le syndrome de Stockholm ne touche pas que les otages et avec Le Plaisir de tuer, le psychiatre Michel Dubec l’avait (maladroitement pour diverses raisons) illustré. Quête et illusion mystiques que celles de la « nonne qui se détourne de la grandeur de l’amour divin pour se vautrer dans les ordures » ou artifice littéraire ? Notre Jean-Baptiste Vianney (curé d’Ars canonisé) en escarpins se serait faite confesseure en totale empathie avec un pénitent, gigolo de son épouse intéressée par son potentiel symbolique, bien plus contrit d’avoir échoué à préserver son impunité que d’autre chose ? Admettons ce fil bleu romanesque.
Quelle indignité humaine ?
Ce qu’on ne comprend trop, c’est la réaction du pénitent geignard après cette « atteinte méprisable » à sa vie privée et à la « dignité humaine ». Il s’agit surtout, croit-on comprendre, d’un hommage : qui se frotte à un écrivain ou une auteure n’est pas enfant de chœur, surtout lorsqu’elle ou il fréquente le milieu universitaire ou littéraire.
Le Nouvel Observateur se serait avili avec « une publication commerciale et crapoteuse qu’on croyait réservée à la presse de caniveau ». Pas davantage en fait que les sites académiques qui publient des notes de lectures confiées à des membres de comités d’évaluation avant publication. Certes, il ne s’agit pas d’une étude, mais d’un essai. D’une philosophe du droit, du genre, de la sexualité dont l’Histoire de la pudeur publique (Fayard) vaut bien celle des lieux d’aisance, latrines, feuillées, &c. (Histoire des commodités, de R.-H. Guerrand, étude sur l’urbanisme, le courant hygiéniste, &c.).
Pour sa part, Anne Sinclair, très peu confraternelle, dénonce « un récit trompeur et fielleux » d’une « perverse » mis en valeur par « un hebdomadaire à scandales ».
L’hédonisme réhabilité
Pour Iacub, entre adultes consentants, ni les églises, ni les États, n’ont à s’immiscer dans l’intime ; de même, on peut soutenir que nul·le ne devrait violer les confidences d’autrui, de quiconque. Jérôme Garcin, du Nouvel Obs’, a estimé que « l’expérience a transformé Marcela Iacub en écrivain ». Il y a deux aspects. D’une part la dénonciation du personnage public, soit d’un homme acceptant d’être le « caniche » d’une riche héritière, et peut-être le prête-nom d’intérêts divers pour s’approcher de l’une ou l’autre des facettes du pouvoir. De l’autre la défense et illustration d’un libre-arbitre, notamment dans le domaine sexuel, de manière discutable.
Iacub, de bonne foi (ou non ? mais comment départager ?) considère que Nafissatou Diallo n’a pas été violée mais offusquée de ne pas trouver un pourboire en rapport avec le service rendu (en fait, aucun : DSK aurait jugé superflu de rétribuer la prestation supplémentaire, en tout cas, si je comprends bien l’extrait et l’entretien que Iacub accorde à L’Obs’). « Horriblement offensée, mais pas violée ». Mais qu’en sait Iacub lorsqu’elle entame une relation suivie avec DSK ? Peu importe, au fond, elle était libre de vouloir décortiquer le personnage… L’autre question à laquelle elle ne répondra pas de sitôt (un jour peut-être…) est liée au degré de ressentiment qu’elle aurait pu éprouver. A-t-elle bien approché DSK en vue d’un livre, ou pour d’autres motivations (qui pouvaient exclure ou non un livre qui aurait pu être tout autre), et le résultat n’est-il pas le fruit d’un dépit amoureux, n’a-t-elle finalement – même si elle prend l’initiative de rompre – pas été traitée autrement qu’une Nafissatou, une Estelle, Jade, Ines ? Même au bout de sept mois…
Iacub décrit « un salopard jouissant de l’humiliation d’autres personnes qui ne savent même pas qu’elles sont humiliées ». Dont elle-même, finissant par se déciller ? En découvrant vraiment un égoïste, un égotiste profond, dont « la pauvreté spirituelle » et l’« absence de sensibilité » confinent à la stupidité.
Dominique Strauss-Kahn est-il davantage blessé par des propos offensants ou par le fait qu’une affaire encore en cours (il demeure mis en examen depuis décembre dernier) le visant prendra en compte le portrait d’un imposteur qui a toujours déclaré n’avoir eu de rapports qu’avec des partenaires consentantes alors que, selon Iacub, ce consentement passerait au second plan ? Celui qu’elle décrit – les extraits suffisent à l’estimer – déplore davantage les conséquences que ses actes. C’est donc en défenseur d’une « morale » présumée commune qu’il va aussi devoir répliquer.
DSK et Anne Sinclair ont chacun de leur côté, par des canaux différents, fait savoir qu’ils intenteront des actions judiciaires (peut-être, il est trop tôt pour le dire, en exigeant un retrait du livre par référé).
Pognon contre pognon ?
Daniel Schneidermann, d’Arrêt sur images, a eu le bon réflexe journalistique de rapprocher Titan le grizzly de DSK le cochon. Effectivement, Maurice M. Taylor Jr., patron de Titan International, dit le Grizzly, et le DSK, celui de Iacub, sont les deux faces d’un même caractère de La Bruyère. L’un est un Tapie de la droite la plus décomplexée qui n’hésite à suggérer de tuer les avocats, l’autre un avocat d’affaires censé défendre des thèses apparemment opposées. Du temps de La Bruyère et de La Fontaine, placets et libelles nommaient ceux qu’ils peignaient de manière anonyme. À présent, éditeurs d’ouvrage ou de presse ne risquent que des procès, et non point les galères ou le masque de fer.
Marcela Iacub est-elle un autre Michael Moore, soudain pris d’affection déçue pour Roger Smith, George W. Bush, les marchands d’armes, ou la direction de Nike ? C’est davantage, à mon sens, ainsi, qu’il faut appréhender sa démarche. Moore vit très bien de ses droits d’auteur, et peu le lui reprochent, cet aspect doit rester accessoire.
Iacub eusse-t-elle fourni un roman à clefs que ses personnages auraient été tout autant transparents. Eusse-t-elle usé d’un alias et autopublié électroniquement qu’un article de Libération (qui l’emploie à l’occasion), repris par de nombreux titres, lui aurait sans doute permis d’engranger davantage. Puis de faire le tour des studios et plateaux car la coïncidence entre l’approche de l’héroïne et narratrice avec les thèses qu’elle défend n’aurait échappé à personne. En matière d’autopromotion, sa stratégie n’est pas forcément la bonne, ni la plus lucrative. Par la suite, comme la Pauline Réage d’Histoire d’O, ou la Catherine Robbe-Grillet des romans signés Jean de Berg, elle aurait peut-être marqué davantage l’histoire littéraire.
DSK et Anne Sinclair, surtout l’éditiorialiste et éditrice déléguée de l’Huffington Post, savent fort bien que seuls ou presque Le Canard enchaîné et Mediapart peuvent être profitables, mais que le modèle n’est pas reproductible pour tous. Pour une enquête longue et ardue, ou même abonder le budget piges des correspondant·e·s de guerre, il faut aussi des articles complaisants générant de l’espace publicitaire, mais aussi « du cul, du cul, du cul » comme aux Guignols de l’info.
Voyez d’ailleurs la couverture que réservent les diverses versions de l’Huffington à Charlotte Gainsbourg dans Do Not Disturb ou le Nymphomaniac de Lars Von Tier. Que les scènes des doublures soient floutées dans Nymphomaniac ou que des noms fictifs aient été attribués à DSK et Sinclair dans Belle et Bête, quelle fondamentale différence ?
Par ailleurs, pour tirer la couverture médiatique sur elles, des personnalités politiques ne se privent pas de faire état de leurs charmes. Ainsi, Le Canard enchaîné n’a sans doute pas inventé que Rachida Dati aurait répliqué à Claude Goasguen que ce dernier éprouvait du ressentiment pour elle car elle aurait éconduit ses avances sexuelles. Le Daily Mail considère que Rachida Dati a concouru elle-même à sa promotion en laissant fuiter le nom de divers amants (“she encouraged constant speculation about her ‘secret" lovers”). La presse « de caniveau » est parfois bonne à prendre.
Du « genre » de Iacub
On pourra aussi s’interroger par la suite (et peut-être y contribuera-t-elle) si Marcela Iacub a évolué en « genre ». Soit si son identité sexuée ou ses orientations sexuelles ont ou non été affectées par son expérience. Ou si son exemplarité influera ou non sur la perception des normes.
Que décrit le Osez coucher pour réussir – travailler pour baiser plus, d’Étienne Liebig (éds La Musardine) sinon une forme particulière de prostitution à laquelle (je n’en sais rien) Marcela Iacub a proposé une variante qui pourrait être « oser coucher pour se réussir » (ou se rater) ? L’argument n’est pas diriment de ce qui précède (ses motivations premières n’étaient pas forcément le succès commercial ou pas uniquement des revenus supplémentaires).
Peut-être exposera-t-elle un jour ce que l’expérience a pu induire dans ses rapports avec les hommes en général, tout comme des journalistes étant passé·e·s à l’horizontale pour obtenir de l’info principalement (et peut-être aussi des gratifications sexuelles : tous les partenaires professionnellement intéressants ne sont pas rebutant·e·s) diront peut-être si cette forme prostitutionnelle est ou non marquante, susceptible d’influer sur leur perception des rapports sociaux sexués, ou anodine.
« Il y a de la scandaleuse et talentueuse Catherine Millet dans Marcela Iacub », a estimé Thierry de Cabarrus dans Le Plus. Peut-être. Depuis quand ? Et qu’en résulte-t-il ? Pour l’auteure mais aussi pour ses lectrices (et même ses lecteurs, qui couchent pour réussir ou favoriser – ou pas – la réussite de partenaires).
Qu’a-t-elle risqué, que risquent-ils ou elles ? L’identité sexuelle n’est pas seulement liée au départage homme-femme-autre mais aussi à d’autres types d’évolution du rapport avec soi-même et les autres.
Signalons au passage que Stock ne risque pas grand’ chose du fait du type de l’ouvrage, à la fois fictionnel et documentaire. L’injure, provenant d’une ancienne amante romancière, est difficile à qualifier. L’attente à la vie privée semble sans doute manifeste, ce qui relève du contentieux civil, mais en l’espèce, l’auteure s’est fait prendre pour elle-même, n’a pas usurpé une autre identité que la sienne, et n’a pas extorqué des « aveux ». Et puis, très sérieusement, qu’ajoute-t-elle vraiment à ce qui a pu être écrit antérieurement sur DSK ou Anne Sinclair. Des révélations toutes nouvelles, il faudra lire le livre d’un bout à l’autre, mais surprendront-elles vraiment ?
Ce n’est pas, quelque soit ses qualités littéraires, qui s’apprécieront diversement, un livre anodin.
Tel quel, authentique DSK ?
Selon Libération, qui a obtenu d’autres extraits, DSK aurait quasiment monnayé le premier rendez-vous avec Marcela Iacub : il lui écrit en texto « toi qui aimes écrire, dis-moi ce que tu voudrais que je te fasse tout à l’heure ». Thé ou café, jus de fruit ou alcool ? Goret ou tofu ? Prose ou alexandrins ?
Quant à Anne Sinclair, elle a proposé la botte à tout auteur, toute publiée ayant des livres à défendre : donne donc à l’Huffington des chroniques, pour pas un rond, cela te fera de la visibilité. Elle aurait d’ailleurs approché Marcela Iacub en ce sens, et c’est ce qui a peut-être facilité leur rencontre.
Selon Iacub, Anne Sinclair n’aurait divorcé de DSK que pour sauver sa respectabilité (ou trouver un meilleur cheval favorisant sa notoriété, c’est selon…).
Iacub, pour sa part, était persuadée de la version DSK tel qu’il a déposé dans l’affaire du Carlton. Aucune culpabilité pénale, pas de questionnement moral.
DSK aurait révélé à l’auteure « à quel point c’est beau d’être une truie dans le rêve interminable d’un porc ». Le rêve n’a pas tourné au cauchemar, semble-t-il, mais à la désillusion. Marcela Iacub ne fut sans doute pas répudiée, mais le « verrat » a dû se lasser, distancier.
L’anamnèse du sujet et de son appareil reproductif laissera indifférent (au fait, un verrat produit environ 250 ml à l’issue d’une éjaculation durant cinq à dix minutes).
Mais l’approche de l’animal politique semble intéressante. Le débraguettage de l’homme public, ex-ministre, ex-dirigeant du FMI, ex-chef de courant au PS, révèle beaucoup.
DSK est-il un parangon de cette espèce sûre d’elle-même et naïve à la fois, tellement convaincue que toute flatteuse, tout courtisan, lui voue une admiration sans arrière-pensée et lui restera durablement attaché ?
Fréquenter une auteure et journaliste exposait à des risques qu’il ne pouvait ignorer. S’est-il imaginé être recherché pour se faire épouser ? Parce qu’il fascinerait ad vitam ?
En tous cas, les vieux et moches peuvent présenter quelque intérêt : on retiendra de ce livre qu’il satisfera au moins cette partie du lectorat et celui de celles qui s’affichent avec des vieux et moches, même désargentés… ce qui leur valait commisération (ou de passer pour vénales si le repoussoir avait quelque fortune) sera considéré tout autrement. De même, les femmes « moches et vulgaires (…) les laiderons » y trouveront peut-être aussi matière à consolation.
Too much ado about not much? De ce point de vue, ce livre est agréable.
Mais cela ne m’empêchera pas de relire d’abord Animal Farm, A Fairy Story, d’Orwell. Sur les politiciens, je doute que Belle et bête en reste un durable concurrent. Affreux, sales et pas si méchants : verra-t-on DSK figurer dans un prochain film d’Ettore Scola (auteur d’Affreux, sales et méchants) ? On en doute aussi fort. Mais bien sûr le différend entre Anne Sinclair et Marcela Iacub évoque fort ce film. Du moins, c’est l’angle de la presse pipeule : jalousie de Sinclair vite remplacée.
Éric Rohmer n’est plus là pour porter le livre de Iacub à l’écran, ni Claude Chabrol. Mais cette seconde, troisième affaire DSK ferait sans doute un meilleur film que l’épisode Diallo. À mon sens, on y songe déjà : attendez-vous à savoir que…
Excusez-moi, mais permettez-moi de vous demander pourquoi vous dépensez autant d’énergie et de talent pour des faits qui au final n’intéressent que les concernés.
Que Monsieur « DSK » soit un « cochon » et cette écrivaine une « chatte », je reprends là vos propres mots, le Français lambda s’en moque complètement.
Sans vouloir soutenir quiconque, je constate que les Français sont excellents, comme chacun le sait, pour descendre et achever leurs prochains. Jalousie « bien latine ».
Mais non, Caro, cela leur échappe. Le titre est une chose, les thèmes abordés sont plutôt politiques et sociétaux. Quant aux Français, ils sont en fort « bonne » compagnie, croyez-le bien. D’ailleurs, c’est repris par toute la presse étrangère.
Merci pour la mention du « talent ».
Je n’en pense pas moins que vous-même avez sans doute suivi ces affaires avec au moins un intérêt distrait : il ne peut en être autrement car l’ascension d’un homme public, les réactions d’une « pipeule », &c., confinant à la tragicomédie, ne laissent pas tout à fait indifférent.
Excellent article… comme d’hab !
Heu, Caro, je dirai que c’est la Marcela qui étale sa vie privée, et on peut en effet se demander pourquoi ? Heu, j’ai une petite idée…
Clémentine Autin, aussi pour [i]Le Nouvel Observateur[/i], a depuis exprimé que Iacub serait « [i]une intellectuelle qui propose depuis longtemps de décriminaliser le viol[/i] ». Ce qui est un peu rapide, et emporte-pièce.
Pour Autin, la sexualité « [i]ne peut être réellement libérée que si son moteur est la recherche du désir de l’autre[/i] », admettons, mais simultanément ou alternativement ?
Autin n’est pas de ces féministes « coincées » (une minorité, existante) mais dire que Iacub « [i]sert le machisme ambiant[/i] », cela reste à démontrer de manière autre que lapidaire. On ne voit pas trop comment et pourquoi Iacub « [i]nierait les rapports de domination qui existent entre le masculin et le féminin[/i] » dans la mesure où, justement, elle laisse entendre qu’ils peuvent être inversés (ce que diverses féministes hédonistes soutiennent). Ou en tout cas, plus complexe que ce qu’on a voulu en faire (y compris pour l’emporter politiquement, et à juste titre rétablir sinon l’équilibre, du moins réduire le déséquilibre).
Question féministes médiatiques, celles qui lèveront le bouclier le sont-elles moins (et beaucoup plus ou moins subventionnées, rétribuées d’une manière ou d’une autre) que Iacub ? Écrire que Iacub « [i]n’est jamais du côté des femmes[/i] », c’est une chose, l’établir une autre.
D’abord, les femmes, comme les « travailleurs » ne sont pas coulées dans un même moule, ensuite, ce qu’elles expriment, car ce sont des humaines autant que d’autres sont humains, diverge, se nuance, &c.
Au moins certaines branches du féminisme ne prétendent pas dicter aux femmes ce qu’elles doivent penser ou ressentir. En tout cas, je ne vois pas en quoi Iacub s’oppose aux avancées juridiques favorisant la parité, &c. Ou alors qu’on me le démontre.
La peau d’Anne chez Le Nouvel Obs…édé –
Quel beau coup éditorial ! L’alibi de la démarche artistique permet tout. Ne pas marquer dans son autofiction les initiales du porc saigné à blanc tout en laissant le journal promoteur faire figurer la photo du cochon déchu en couverture pour annoncer le bouquin, chapeau bas ! Les temps de crise décontractent jusqu’aux sphincters littéraires. http://pamphletaire.blogspot.fr/search/label/Strauss-Kahn
Tâchons, Decrauze, de prendre du recul. Accordons le bénéfice du doute à Marcela Iacub. Et ne doutons pas a priori de son humanité.