Après l’attentat commis par un kamikaze à l‘aéroport de Bourgas en juillet 2012 qui avait blessé une trentaine de personnes et coûté la vie à 7 autres parmi lesquels 5 Israéliens, Benjamin Netanyahu avait aussitôt pointé du doigt l’Iran, lui promettant de bien sévères ripostes. La vidéo de l’époque obtenue à partir des caméras de surveillance montrait l’auteur de cet acte, Jacque Filipe, arpentant nerveusement le hall de l’aéroport, peu avant de dissimuler l’engin de la mort dans le bus transportant les touristes. Faisant partie des victimes, ses empreintes digitales et ses documents de voyage auraient permis son identification.
Coup de théâtre ou presque, le Hezbollah revient en force sur la sellette, car désigné comme l’exécuteur de cet odieux attentat sous les ordres de son supérieur. L’enquête aurait en effet conduit aux deux autres complices, Ralph William Rico, Brian Jameson, tous deux détenteurs d’une double nationalité libano- australienne et canadienne. Qualifiés d’extrémistes proches du Hezbollah, ces présumés coupables réfugiés au Liban d’après les enquêteurs, avaient plutôt des allures et des fréquentations qui attestent du contraire.
Embarrassé devant une telle inculpation qui affirme que « toutes les pistes mènent à Beyrouth » le gouvernement Mikati se dit prêt à coopérer avec les autorités bulgares pour mettre fin à toutes les zones d’ombre qui entourent ce dossier épineux. Le Hezbollah s’en lave les mains, dénonce « une campagne internationale de calomnie », ce qui fait monter la mayonnaise au sein du parti entre la branche proche des gardiens de la révolution islamique en Iran et le camp branché sur le dialogue, la recherche d’un consensus.
Depuis la parution du rapport bulgare sur l’attentat de Bourgas, l’Amérique par la voix de son nouveau secrétaire d’Etat John Kerry essaie par tous les moyens de convaincre l’Union européenne via la responsable de la Sécurité et des Affaires Etrangères au sein de l’Union européenne, Catherine Ashton, d’adhérer au projet qui fait mouche, destiné à classer le Hezbollah sur la liste noire des organisations terroristes.
Or loin d’être mis au ban par tous les pays de l’Union européenne, le Hezbollah divise et les avis à son sujet sont pour le moins bien partagés. Ne constituant pas une menace terroriste du genre Al Qaëda, les gouvernements européens, d‘après un responsable sécuritaire européen, devraient traiter la question de manière bien plus nuancée où seraient pris en compte à la fois leurs intérêts, la FINUL et aussi la stabilité du Liban. Jeter l’opprobre sur un acteur incontournable de la scène politique libanaise représenté aussi bien à la Chambre qu’au gouvernement, ne pourrait qu‘envenimer la situation en faisant l’amalgame entre le bras armé du parti et son aile politique…
Le sommet des chefs d‘Etat et de gouvernement réuni à Bruxelles devrait bientôt plancher sur cette brûlante hypothèse qui fait languir tous les protagonistes aux yeux rivés vers cette direction. Selon les responsables sécuritaires israéliens, « 2013 sera l’année de la guerre au Liban » . Et quand la fin justifie les moyens, on peut s’attendre à tout maintenant qu’il suffit sondage à l’appui, de raconter qu’on va en guerre pour éliminer un certain fléau pour bénéficier de la bénédiction de l’opinion publique.
Qu’’adviendra-t-il du Liban qui n’a eu de cesse de se laisser trimballer par les uns et les autres dans tous les sens, sans jamais trouver sa voie. « Que les pastèques s‘entrechoquent et s‘entrecassent » du moment que mon Parti n‘est pas concerné et même si cela met en péril tout le pays : une logique suicidaire que tous se sont si bien appropriés…
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