Montebourg voulait nationaliser Arcelor Mittal, et il a (provisoirement ?) échoué. En Bolivie, sans trop de forme de procès, le Hollande local, Eevo Moralès vient d’envoyer police et armée pour déloger l’entreprise espagnole de fourniture d’électricité, Electropaz, et ses filiales. Plus de 700 policiers et militaires occupent les locaux. EDF et GDF ont bien été inspirées de ne pas jouer avec les tarifs de l’énergie en Bolivie.
Et hop, on envoie la police et l’armée. Cela se passe en Bolivie. Les tarifs de fourniture d’électricité ne semblaient pas justifiés par le gouvernement bolivien. Electropaz, et Elfeo, filiales de l’espagnole Iberdrola, sont expropriées. Hier, samedi, Eevo Morales, le président bolivien, a donné l’ordre d’investir par la force toutes les filiales d’Iberdrola. Edeser et la Compañia Administradora de Empresas sont aussi sous séquestre.
Le motif : les tarifs n’étaient pas équitables, et les zones rurales étaient davantage frappées par des tarifs élevés que les zones urbaines. Oh, Iberdrola sera dédommagée, par une « juste rémunération », à la discrétion du pouvoir bolivien. « Nous n’allons pas faire régner l’arbitraire », a déclaré le vice-président Alvaro Garcia Linera.
La mesure, drastique, serait un dérivatif, selon l’opposition. Elle vise à masquer diverses affaires de corruption impliquant des fonctionnaires hauts et bas placés. Ce serait une stratégie pour distraire l’opinion. Le Movimiento sin Miedo (sans peur) se joint à l’opposition pour dénoncer une mesure de diversion.
Toujours est-il que, depuis mai 2006, les nationalisations ont visé Repsol (espagnole), Petrobras (brésilienne), PanAmerican (argentine) et British Petroleum (britannique). Ont suivi l’année suivante Glencore (suisse), Posokini (autre entreprise minière). Les latifundiaires du sud se sont vus privés de plus de 180 000 ha, redistribués aux Indiens guaranis. L’italienne EuroTelecom s’est vue privée de la Empresa Nacional de Telecomunicaciones. Puis c’est la Shell qui, en 2008, a dû abandonner, comme Ashmore (américaine) une filiale de distribution de gaz. En 2009, c’était Chaco, une compagnie pétrolière filiale de l’américaine Panamerican Energy. Puis AirBP (kérosène, filiale BP). GDF Suez a suivi en 2010. Puis des cimenteries mexicaines. La banque Bilbao Vizcaya Argentaria (espagnole) et Futuro (du groupe suisse de Zurich) ont encore suivi.
Bref, on comprend mieux Mélenchon et son attrait pour les chefs d’État d’Amérique du Sud. La dernière nationalisation a été justifiée par des raisons humanitaires : l’humain d’abord. Afin de rétablir la qualité d’un service public sur tout le territoire national. Évidemment, la presse espagnole, en majorité, dénonce le populisme des dirigeants sud-américains. Tiens, il faudrait penser à des tarifs aménagés de gaz et d’électricité pour les entreprises de presse… Qu’en pense la Commission européenne ?