La période de Noël est souvent synonyme de trou dans le budget familial. On doit faire des courses, préparer un menu avec toutes les aliments traditionnels, acheter de quoi décorer son ménage, se composer une garde robe digne des grandes occasions et surtout faire la chasse aux présents pouvant contenter tous les proches. En cette période d’Avent, une ambiance paradoxale nous gagne, d’un côté, l’attitude effrénée des magasins à faire dégueuler leurs étals d’idées cadeaux, et d’un autre, une sorte de douce féerie teintée de coutumes et de traditions. Le mois de décembre semble être un moment de calme, un peu comme si durant 11 mois on se soit tué à la tâche pour que, pendant 30 jours, on puisse s’octroyer un peu de répit. 

 

Les villes revêtent un habit fait d’illuminations, de sapins décorés, de guirlandes électriques, d’attractions en tout genre et de chants, qui à force de pénétrer dans nos oreilles, deviennent facilement irritants. Vous l’aurez peut être remarqué, tellement le phénomène est ancré dans notre subconscient, des marchés de Noel occupent les places vides, provoquant un afflux massif de potentiels acheteurs. Mais d’où vient cette pratique annuelle ? 

 

Les toutes premières notions que nous avons d’un tel évènement se situent aux environs du XIIIème siècle en Allemagne. La première trace écrite remonte, quant à elle, à 1434, à Dresde, avec le "marche de Saint Nicolas". Bien différent du concept actuel, celui-ci se déroula le lundi après Noel et durant une journée seulement. Il existait aussi le marché de la Saint Martin, organisé le 11 novembre. A cette période, l’Europe fut secouée par un bouleversement ecclésiastique. L’Eglise voulant lutter contre la vénération des saints, cette pratique ressemblant à une forme de paganisme, elle instaure un nouveau marché, celui de "l’enfant Christ". C’est a Strasbourg en 1570, qu’il sera lancé. Siècle après siècle, la coutume se développe, si bien qu’aujourd’hui le marché de Noel de Strasbourg attire plus de 2 millions de personnes réparties sur 3 lieux différents, la Cathédrale, la place de Palais des Rohan et le Musée d’Oeuvres de Notre Dame. 

 

La version de 1570 ne durait que 8 jours, du 16 décembre au 24 décembre minuit (faisant foi). On y célébrait la fin des jours où la nuit domine le temps d’ensoleillement et les minutes gagnées par l’astre rayonnant. Le calendrier des foires se terminait également en cette période, Les visiteurs achetaient des "cochonailles’", des mets faits à base de cochon, de produits sucrés et salés, de la bière brassée expressément pour cette occasion et du vin issu des dernières vendanges. Il faut se constituer du gras, comme les animaux, pour passer l’hiver. Les fermiers y venaient pour prolonger le bail de leur exploitation et les propriétaires terriens y trouver, ou renouveler leur confiance, aux agriculteurs. 

 

Le marché de Noel est un évènement qui s’est multiplié dans un grand nombre de pays, outre l’Europe de l’Est, il s’est généralisé en France, en Suisse, en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Italie, au Royaume-Uni ou bien encore au Canada. Des petites spécificités ont fait leur apparition ça et là, par exemple, en Allemagne, on trouve parmi les chalets, des pyramides ressemblant fortement à des tours à encorbellement surmontées d’une hélice. Dans le sud de la France et en Italie, on peut dénicher des santons, ces petites figurines religieuses, véritables spécialités locales que l’on s’approprie pour garnir la crèche sous le sapin. 

 

Les objets mis en vente n’ont pas réellement changé depuis les origines. Outre les douceurs sucrées, on peut mettre la main sur des jouets artisanaux, des vêtements "faits mains", des bibelots taillés dans le bois, des décorations pour la maison comme les couronnes de l’Avent faites de rameaux de conifères cernant 4 bougies représentant les 4 dimanches de décembre. Faire un tour au marché de Noel est une véritable attraction, les plus imposants déploient des patinoires éphémères, des carrousels, des démonstrations pyrotechniques, des spectacles de marionnettes et des petits troquets où l’on peut déguster un bon vin chaud parsemé d’épices et de cannelles avec des fruits secs. Bref, le marché s’est implanté dans notre folklore pour notre plus grand bonheur.