Loto : Le rêve et les taxes.
Il faut faire feu de tout bois en ces temps de budget critique. Et les flambeurs méritent d’être mis à contribution.
C’est ainsi qu’un député PS du « Cher », Yann Galut propose de taxer à 15%, les gagnants de tous les jeux ayant ou non pignon sur rue, encaissant plus de 30 000€.
D’abord autant dire à ce représentant d’un peuple non joueur dans l’âme, qu’avec un tel pactole on ne peut guère se présenter dans une banque en pensant que ce sera un apport suffisant pour emprunter en vue de se loger.
Sans être fan de ces jeux d’argent, je trouve que cette proposition de loi est navrante, même s’il s’agit de solidarité fiscale.
J’espère que l’on peut oublier que, pour ce député, il s’agisse d’une jalousie, d’une envie envers les chanceux. Tant d’argent pour autrui et rien pour moi, ça ressort de l’injustice ! Alors qu’on les taxe, ces gagnants sans mérite, hein, fait passer la rancœur mesurée à l’aune de nos pertes.
Mais puisqu’il s’agit de gros sous, regardons les données sous-jacentes. La FDJ est propriété de l’Etat à 72%. Le chiffre d’affaires (avant ou après impôt sur les sociétés, j’ignore) est de plus de 10 Milliards par an, et le bénéfice annoncé est de 7. Conclusion, si le raisonnement est juste, l’Etat se remplit les poches sur le dos des joueurs. La FDJ ne restitue que 50% aux joueurs.
Ignore-t-il, M. Galut que lorsque je perds 100 euros, l’Etat m’a pris 37,5 euros ? Tout joueur sait (ou peut savoir) qu’il accepte cette contribution volontaire. Si l’on ponctionne les gagnants, qui doivent leurs gains aux perdants et non à qui que ce soit d’autre, on devrait leur rendre l’impôt prélevé sur toutes leurs mises, sinon on les ponctionne 2 fois ?
Ce député prétend que cela rapporterait 1 milliard de « solidarité » fiscale par an. Je doute de ce calcul car les petites sommes restitués sont les plus nombreuses. Ce chiffre doit être revu à la baisse.
Dans le cas des 169 millions de l’Euromillions, une partie du gain du gagnant provient des autres européens qui ont joué. Casse-tête fiscal en vue.
Enfin, les gains des 31 « millionnaires » vantés à la télé, ne seront-ils pas l’année suivante l’objet de taxes diverses, en fonction de l’usage qui en sera fait ? Et cela peut durer plusieurs années. Car ce député ne dit pas que les 15% seront libératoires. On payera normalement sur les revenus chaque année.
A moins de fuir vers un paradis fiscal, les 169 millions du gagnant vont être taxés dès l’année prochaine, avec une rentabilité plus que sympathique pour Bercy. Tout ce que ce veinard fera avec cette somme fera rentrer des impôts et des taxes dans les caisses de l’Etat. N’est-ce pas suffisant ?
Sachant ma chance statistique d’empocher le gros lot, on veut réduire mon rêve de 15%. Est-ce bien le moment de supprimer, de tuer les machines à rêver ? De les taxer ? Quand, en 1946, la décision de ne pas taxer les gains de la Loterie Nationale fut prise, le raisonnement en période de reconstruction avait sa logique et son intelligence. Ce n’est plus le cas maintenant. Et c’est bien dommage.
Je gratte et je rêve, une minute. J’attends l’arrivée des canassons et je rêve depuis le matin avoir les 5 premiers en bon ordre. M. le député n’écorner pas eux qui croient en la chance ! Elle ne peut appartenir au monde fiscal, la chance. C’est notre exutoire, notre monde imaginaire, notre croyance momentanée à une forme de bonheur que vous martyrisez, que vous démontez, que vous souillez sans raison sérieuse et trébuchante.
Au fond, je crains que vous ne soyez sans doute vindicatif contre les heureux du sort.
NB : L’association de Gueules cassées née après la guerre de 14-18, touche toujours des dividendes. Sachant qu’il n’existe plus de poilus, à quelles œuvres va cet argent ?
Bah, on peut aussi demander qu’on verse directement son salaire (et ses gains au Loto et au PMU) directement dans les caisses de l’état, non ?