la Grande Bretagne, les pays du nord de la zone euro, et ceux du sud ?

 

 

Nous sommes à un tournant maintenant que la France a ratifié le Traité sur la Stabilité la Coordination de la Gouvernance non sans mal, que la règle d’or est votée et que le MES est entré en vigueur, que la taxe sur les transactions financières fait son chemin, dix pays dont l’Allemagne y sont favorables, ce sommet du 18 juin devait donc se passer sous des facteurs favorables puisque les exigences des conditions d’une bonne gouvernance souhaitées par Angela Merkel sont satisfaites. Tout laissait penser que l’arrivée de François Hollande dans ce sommet dominé par la droite Européenne, que la ratification des conditions du cahier des charges de la zone euro, établies dans le cadre du Merkozy, conduiraient à des frictions entre l’Allemagne et la France. En outre, chacun s’accordait à reconnaître que le pire de la crise était derrière nous. Et bien non, les deux moteurs de l’Europe se sont affrontés sur l’union bancaire et l’union budgétaire.

 

Réunis pour la mise en route d’une nouvelle étape les 27 pays de la zone euro, dans laquelle la Grande Bretagne, se trouve en retrait, ont cogités tard dans la nuit. La Grande Bretagne qui ne répond plus au cahier des charges de cette zone n’avait rien à y voir, n’étant probablement présente que par politesse, son parti conservateur ne cessant de clamer haut et fort sa sortie de la zone euro. Qu’importe elle n’y était entrée que sur la pointe des pieds, rappelez-vous ce qu’en pensait de Gaulle, mettant les partenaires devant le choix suivant, «ou bien le Marché commun continue et les Anglais n’y entrent pas, ou bien on élargit le Marché commun à la Grande-Bretagne et il cesse d’être une véritable communauté pour ne plus être qu’une simple union douanière».

 

Cela va bien avec le tapis rouge de David Cameron, mais encore plus avec les propos du maire de Londres Boris Johnson, qui s’en est pris à François Hollande durant la première journée de la convention du Parti conservateur britannique à Birmingham. Le qualifiant de tyran sous les applaudissements de l’assistance debout. «Jamais depuis la Révolution française de 1789 il n’y a eu une telle tyrannie ou terreur en France », a-t-il clamé dans son discours, visant la politique fiscale mise en œuvre par le gouvernement socialiste. Ces conservateurs qui insultent la France, en qualifiant le président François Hollande démocratiquement élu de tyran qu’ont-ils à faire dans cette gouvernance ? Jamais non plus un tel affrontement entre ces conservateurs sans scrupules, qui n’ont joués que perso, et les Européens de l’autre coté de la Manche n’a été aussi grand. Comment faire une Europe dans ces conditions ou votre pays «ami», fait tout pour l’évasion fiscale des plus fortunés.


L’arrivée de François Hollande dans le clan du conservatisme Européen a donc créé une onde de choc, au point tel qu’Angela Merkel ne sait plus sur quel pied danser devant l’union bancaire qu’il préconise, quand elle demande une union budgétaire. Ce n’est évidemment pas la même chose, l’union bancaire revient à faire un pot commun des avoirs des banques par leur intégration sous la gouvernance d’un superviseur rattaché à la BCE. Quelques 6.200 banques et caisses d’épargne que compte l’union monétaire seraient ainsi contrôlées et recapitalisées. Cela revient à permettre la mutualisation des taux d’emprunts préconisée depuis toujours par François Hollande pour faire face aux taux excessifs que subissent les pays du sud de l’Europe. Il est évident que si toutes ces banques sont supervisées par la BCE, les taux d’emprunts ne pourront que devenir homogènes pour l’ensemble des pays de la zone euro. Mario Draghi n’a-t-il pas déjà œuvré dans ce sens en apportant la caution de la BCE aux emprunts des banques, réduisant de ce fait ces taux d’emprunts.

 

L’union bancaire ne plait à Angela Merkel.

 

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L’union budgétaire, une vue de l’esprit ? Comme si elle était possible vu les difficultés des pays du sud. C’est maître la charrue avant les bœufs qui est l’union bancaire. Elle reviendrait à faire un contrôle des budgets, donc à en donner la maîtrise à la Commission de Bruxelles. Angela Merkel préconise pour cela de donner au commissaire Européen aux affaires économiques non élu par les peuples de la zone euro, la maîtrise d’œuvre en lui conférant un droit de veto sur les budgets nationaux des États membres, invraisemblable.

 

Un droit d’ingérence inadmissible, de quoi faire la révolution.

 

Pour Angela Merkel, bien qu’elle prétende que la crise de la zone euro sort du tunnel, elle veut encore plus d’efforts budgétaires. En d’autres termes, accentuer encore plus l’étranglement des peuples du sud de l’Europe qui sont déjà à la rupture. Pendant ce sommet, des milliers de Grecs défilaient dans les rues pour protester contre l’austérité ou des violences eurent lieues provoquant la mort d’un sexagénaire par crise cardiaque.

 

Le couple Franco Allemand bat donc de l’aile, le désaccord est profond. François Hollande répondit que ce sujet n’était pas à l’ordre du jour, mais que c’était l’union bancaire. «Le sujet est la mise en place d’une union bancaire. Les autres thèmes ne sont pas à l’ordre du jour». C’est au terme d’une réunion bi latérale, d’une quarantaine de minutes, à 16h30, avant l’ouverture du somment que le couple tenta de s’accorder, en vain.

 

L’autre point de désaccord portait sur le calendrier de mise en place de cette union. Angela Merkel, qui finalement se rangea à l’union bancaire, ce qui prouve que l’on peut lui faire admettre des arguments réalistes, souhaita une mise place progressive à partir de janvier 2013, mais l’exigence de François Hollande était qu’un accord technique soit finalisé avant la fin de l’année 2012. Finalement un compromis comme il y en a eu au cours de cette construction Européenne se fit jour.

 

L’Espagne qui comptait sur cette union bancaire pour recapitaliser ses banques risque de faire les frais de ce report de date. Quant à l’Italie, elle ne veut pas se laisser écraser par Berlin qui imposerait ses conditions dans une politique exagérément rigoriste. Rome est sur la même ligne que Paris, dans une nécessité de rigueur mais aussi de croissance. L’Espagne et l’Italie souhaitèrent donc, comme la France, que cette union bancaire soit adoptée fin 2012. L’Europe de la zone euro se doit de prendre en compte toutes les exigences.

 

L’important fut que les chefs d’État réunis depuis plusieurs heures parviennent à un accord sur ce qui avait été prévu en juin pour sortir la zone euro de ses difficultés, le superviseur bancaire, adossé à la BCE, sera mis en œuvre début janvier 2013. C’est donc au cours de l’année 2013 que cette union bancaire montra en puissance pour devenir effective début 2014. Cela devrait renforcer Angela Merkel pour les élections législatives prévues en septembre ou octobre 2013. François Hollande qui souhaitait que tout soit tout bouclé pour fin 2012 fut contraint d’accepter ce compromis. Ce qui ne colle pas d’après une source de la délégation Française qui clame, «sur le calendrier, il n’y a pas eu de compromis, nous nous sommes retrouvés sur la même démarche, la même position», et François Hollande, se félicitant d’un «parfait accord avec nos amis Allemands qui ont compris que l’union bancaire devait avoir des étapes, et nous aussi ?».

 

Tout le monde y trouve donc son compte, François Hollande d’avoir obtenu la supervision bancaire qu’il souhaitait depuis longtemps et Angela Merkel d’en avoir retardée l’application au maximum. Bien que, pour le moment, le contour de l’accord ne soit pas précisé. Pour Les Echos.fr, les États devront probablement prendre à leur charge les passifs du passé, ne serait-ce que pour assurer leur responsabilité précisait-on dans l’entourage de François Hollande. Reste que la logistique de cette union bancaire risque de se heurter sur la politique a adopter envers les États qui n’ont pas l’euro, il est donc logique d’admettre qu’il faut du temps pour non seulement la construire, mais aussi pour qu’elle devienne effective au début 2014.

 

L’Europe de la zone euro n’est donc pas encore sortie du tunnel, ce qui se passe en Espagne et au Portugal, en Grèce sans évoquer l’Italie risque de tout faire capoter. Plus d’une année d’attente d’une miraculeuse union bancaire qui devrait comporter également un retour à l’équilibre des banques, ce qui ne sera pas aisé sans l’appui de la BCE. La bonne volonté et l’optimisme de certains ne suffiront pas pour arrêter les cris de peuples du sud.