L’ancien premier Ministre n’a pas mâché ses mots pour condamner l’action du Président sur le dossier syrien. Qu’il (François Hollande) « prenne des risques, qu’il abandonne ses postures bourgeoises et atlantistes version guerre froide. Qu’il parle avec la Russie » a affirmé François Fillon dans le Figaro. Une charge étonnante venant du premier des ministres sous Nicolas Sarkozy, ayant davantage brillé par sa discrétion que par son franc parler.

 Fillon en campagne sur le dos des relations franco-syriennes

 

 

 

Nicolas Sarkozy s’est également manifesté sur le dossier, sortant d’un mutisme pourtant bienvenu au moment même où des rumeurs concernant son investissement dans un  palais marocain à 5 millions d’euros resurgissent.  Un signe bien malheureux venant d’un candidat-Président qui, il y a encore 4 mois, prétendait comprendre les problèmes du Peuple et s’adresser à lui. N’était-ce pas Carla Bruni qui affirmait , le 7 mars, vivre avec un homme modeste, monsieur tout le monde en somme ?

 

Ces sorties et ces gestes montrent que l’UMP n’a pas compris les raisons de la défaite sans précédents aux élections de 2012. Le  bling bling est toujours de mise (Fillon en vacances chez le Président de Ferrari, révèle le Canard enchaîné), la France est toujours une excuse aux saillies qui vont pourtant contre l’intérêt national.

 

Il faut en effet rappeler que lors de l’intervention en Lybie, le consensus avait été nationale, ne serait-ce que parce qu’en matière de politique étrangère, la responsabilité politique voulait qu’on s’aligne derrière l’action présidentielle représentant la France, loin des affrontements politiciens.
François Fillon, lui, pourtant, n’hésite pas à utiliser et salir l’image de la France pour faire avancer sa carrière personnelle.  Si l’attaque cible Hollande, elle engage bien plus que ce dernier, elle engage l’action du pays dans un conflit dans lequel il ne peut pourtant, actuellement rien faire.

 

En effet, une intervention franco-française en Syrie serait bien incertaine : le régime est armé, son allié iranien attentif et potentiellement dangereux, et sans le soutien turc – donc américain – la logistique semble être un problème bien moins simple à régler qu’en Lybie.

 

Doit-on préciser que le pays reçoit armement et soutien de la Russie, en plus du blocage au conseil de l’ONU par cette dernière, ainsi qu’un soutien continu de Pékin. François Fillon, plus que personne au courant de ces données est doublement responsable par ces déclarations jetées en l’air : il jette de l’huile sur le feu sur un dossier explosif ; il n’est pas constructif en sous-entendant que ce qui se passe en Syrie est l’unique responsabilité de la France alors que les régimes impliqués sont russes et chinois.

 

 

Comme en réplique à cette vaine sortie, François Hollande a décidé de prendre à bras le corps un dossier abandonné par le gouvernement Sarkozy : la sécurité. Si Nicolas Sarkozy avait été lu sur des promesses de « karchérisation » des quartiers dits sensibles, son bilan en la matière n’a pas particulièrement brillé. Symboliquement, le PS, pourtant jugé angélique de façon fréquente sur ces questions, a fait un geste fort en soutenant l’action du Président Hollande.

 

Il y a fort à parier que l’UMP n’a pas fini d’attaquer le gouvernement sur la politique étrangère. Pourtant, la tactique est périlleuse. Ne vaudrait-il pas mieux pour Jean-François Copé se positionner sur les questions intérieures plutôt que de saper la solidarité nationale ?  Il aurait alors une carte à jouer pour isoler François Fillon, en soulignant l’irresponsabilité et l’opportunisme de ce dernier.