Après quelques années d’éclipse en France, Marks and Spencer, qui avait deux magasins à Paris, a rouvert un établissement aux Champs-Élysées et se manifeste dans des centres commerciaux d’Île-de-France et de Lyon. Mais rien ne va plus à la maison-mère : les actionnaires sont furieux du bonus accordé au Pdg hollandais, Marc Bolland, et la directrice de l’habillement féminin a été remerciée à la suite de remarques insistantes de la clientèle.
J’adorais me rendre dans les magasins Marks and Spencer parisiens proches des Galeries Lafayette et du Printemps ou de l’hôtel de ville…
D’une part pour l’alimentation (anglaise, écossaise, irlandaise…), d’autre part pour le prêt-à-porter masculin.
Avec Burton of London, ou Levi’s aux États-Unis, où trouver à un prix raisonnable des chemises, des vestons, des pantalons avec diverses tailles de manches ou de jambes assortis à la corpulence ? Plus besoin d’ourlets ou de retrousser les poignets…
Mais marcher jusqu’aux Champs-Élysées (et encore moins utiliser les transports en commun pour me rendre aux « Pop Up Stores » éphémères du Chesnay, de Vélizy ou de La Défense cet été), cela tout juste pour faire des emplettes, bof…
Mais on en vient à craindre pour le devenir de la chaîne, et pas seulement hors du Royaume-Uni.
En cause, les ventes fléchissantes, une qualité, au moins pour le prêt-à-porter féminin, voire l’alimentation, en berne.
Les coupes ne sont plus ce qu’elles étaient, l’assortiment des couleurs est estimé douteux (M&S proposant des tenues coordonnées), et en conséquence, Kate Bostock, hier encore en charge des collections féminines, se voit remplacée par Belinda Earl, en provenance de la concurrence.
En 13 semaines, hors alimentation, M&S a vu ses ventes chuter de 6,8 % et les actionnaires veulent du sang. Or, ces actionnaires britanniques sont très souvent aussi des clients qui, au cours du assemblée générale, ont fait part de multiples complaintes. Elles et ils sont d’autant plus furieux que le Pdg, le Néerlandais Marc Bolland, s’est accordé un bonus de près de deux millions d’euros (1,7 M£). Pour l’alimentaire, grâce à des promotions (et des vins provenant de pays « exotiques » à bas prix), la progression du chiffre d’affaires est faible (0,6 %) et ne compense guère la chute des autres ventes (habillement, équipement ménager, &c.).
Évidemment, la météo affligeante n’a pas aidé : il ne cesse de pleuvoir sur tout le royaume, et au nord, la paire de bottes en caoutchouc est de rigueur depuis des semaines, des mois, et cela risque fort de durer encore. Mais pour les actionnaires, ce n’est pas l’essentiel.
La communication est aussi pointée : M&S a fait appel à des célébrités (Danii Minogue, l’ex-mannequin fétiche des années 1970, Twiggy, &c.), mais ce n’est guère crédible. D’autant que, certes, le style « mémé » très sobre (enfin, version britannique…), trouve toujours preneuses, mais les Britanniques quelque peu mûres ne sont plus aussi prêtes à l’adopter avant le quatrième âge. Mais trop de robes sans manches déplait aussi aux post-quinquagénaires.
La concurrence (notamment la chaîne Next, et pour la clientèle féminine la plus jeune, Zara et H&M) rogne des parts de marché. Bref, lors de la crise de 2008, Marks and Spencer avait fermé des magasins à l’étranger. Pas seulement en France… La marque est présente dans 42 pays (700 points de vente en Grande-Bretagne et Ulster, 360 hors Royaume-Uni).
M&S avait renoué avec la France en novembre 2011 et promettait de s’étendre, sous sa marque ou celle de sa filiale alimentaire Simply Food.
La marque propose aussi de la vente en ligne, mais hors alimentation (prêt-à-porter, équipement de la maison, décoration, bagagerie). Mais, même soldés (30 %), les produits ne sont pas vraiment à des prix franchement attractifs. Évidemment, le lot de « trois tasses à verser » (tasse de 237 ml, demi de 118, et quart de 59) est so British!
Et sans doute utile pour respecter les proportions indiquées sur un site de recettes britanniques (qui vous indique les quantités en cups et tablespoons ou teaspoons, du genre one tablespoon and half a teaspoon unsalted butter, 1/3 cup and two tablespoons thinly sliced potatoes… Bon, le site allrecipes.com propose aussi une version “metric”, ce qui nous donne 15 g de beurre et 70 g de pommes de terre émincées).
Bref, payerait-on l’emplacement du magasin, sur l’avenue commerçante la plus chère de France ?
Et au train où vont les choses, faudra-t-il se contenter bientôt du seul site ? La question n’est pas encore posée, mais attendons la prochaine assemblée générale de M&S…
Bien évidemment, impossible de traiter un tel sujet sans y glisser une dose de publicité (puisque le nom de la marque est correctement orthographié). Mais je n’ai été absolument pas sollicité par quiconque.
En revanche, messieurs, à 15 euros l’ourlet (donc 30 au total, à Paris, chez un retoucheur indépendant) pour un pantalon, Burton of London ou M&S sont de bonnes adresses. Bonnes enseignes pour votre porte-monnaie ou… vos doigts…
Mon conseil du jour : faites vos ourlets avec du fil synthétique transparent. Un peu moins facile à manier, certes, mais cela peut « pardonner » un certain manque de pratique.
À ne pas tenter de faire : remonter une fermeture Éclair™ de braguette de jean ; d’expérience, cela prend des plombes (et c’est rageant quand vous placez le jean dans un bagage que vous oubliez dans un train par exemple, ce qui m’arriva fort malencontreusement sans jamais avoir porté de nouveau le dit pantalon…).