Malgré la volonté du gouvernement chinois de venir à bout des avortements sélectifs condamnant les filles, la Chine reste le pays du monde avec le plus grand déséquilibre de genre, un pays où l'on enregistre la naissance de 119 garçons pour 100 filles, c'est-à-dire bien au-dessus de la moyenne mondiale qui est de 107 garçons pour 100 filles.
Mais si les avortements sélectifs sont déjà interdits en Chine depuis de nombreuses années, la justice chinoise manque cruellement de moyens et de dispositions légales pour faire respecter la loi. C'est pour cela que les autorités chinoises ont programmé le vote, cette année encore, des amendes et des pénalisations applicables contre tous ceux participant à ce genre d'activité. Ces nouvelles dispositions légales pourront aussi être utilisées contre les autorités locales et la manière dont elles font appliquer la loi contre l'avortement sélectif.
Il faut espérer que la justice sera ferme, mais elle devra faire face à une société, qui est restée rurale dans sa majorité, où la tradition donne encore la préférence aux garçons. Il y a un abîme entre les coutumes et les lois chinoises. Il ne faut pas oublier non plus, que le nombre d'avortements sélectifs à exploser depuis la loi de 1979 interdisant aux familles chinoises de donner naissance à plus d'un seul enfant, et ce, pour lutter contre la surpopulation du pays.
Pourtant, l'heure est grave, à l'heure actuelle la population masculine chinoise dépasse déjà de 37 millions de personnes la population féminine, ce qui a provoqué une explosion des mariages illégaux (entre membres d'une même famille par exemple), du trafic de femmes, de la prostitution, de l'enlèvement de femmes dans les villes où les pays voisins, …
Parmi tous les problèmes que connaît déjà l'Empire du Milieu, ce déséquilibre des genres est potentiellement le plus préoccupant, et il me fait penser au très bon livre de Amin Maalouf : « Le Premier Siècle après Béatrice » dont je vous recommande la lecture.