In the mood for love est, à bien des égards, remarquable. Ce film est d’une beauté saisissante, d’une virtuosité sans pareille, et d’une émotion qui prend au coeur. Une petite merveille. Un joyau, non pas à l’état brut, mais finement travaillé par Wong Kar-waï.

Le temps se suspend. Il flotte dans l’air et nous entraîne dans une danse infinie. Le charme nippon opère. Sons et couleurs se mêlent dans une parfaite harmonie. Les non-dits fusent et font probablement toute la force de ce film.

Le scénario en lui-même est plutôt simple. Deux êtres trompés, déçus, cherchent un peu de réconfort et basent leur relation sur des suppositions. L’art visuel et esthétique est au service de l’histoire, offrant un rendu tout simplement magnifique.

Le film se joue tout en retenue. Rien n’est explicite, rien ne s’impose vraiment. Les acteurs sont très talentueux.

Le secret de sa réussite réside dans sa mise en oeuvre. Soignée, scrupuleuse. Des personnages sensuels, des jeux d’ombre et de lumière, toujours cette même musique qui vous ensorcelle… In the mood for love est un chef-d’oeuvre.

Il n’est pas évident de traiter au cinéma d’une histoire d’amour. Celle-ci, pleine de charme, de sensualité et de mélancolie, reste loin des recettes toujours identiques que nous ressert inlassablement le septième art.

Plongé dans le Hong-Kong des années 60, Wong Kar-waï dresse ici deux portraits touchants, mais loin des larmes que l’on attendrait presque au tournant.

In the mood for love est une histoire comme elles se font de plus en plus rares sur nos écrans. Troublante, raffinée, retenue, esthétique. Il jaillit de ce film cette élégance propre aux films hollywoodiens des années 40. Rien n’y est accessoire. Monsieur Chow et Madame Chan savent pertinemment qu’une éventuelle liaison serait impossible. Mais, dans ce jeu qu’ils installent entre eux, Monsieur Chow voit évoluer ses sentiments pour sa confidente.

Ce film est une petite rareté dans son genre. L’aspect émotionnel est bien retranscrit grâce à la musique et aux deux acteurs, dont le jeu ne sort absolument pas du contexte.