En 1988, le peuple français fait de nouveau confiance au candidat socialiste. Le parti est comme une fourmilière où cohabite, de façon forcée parfois, des tendances, des notions et des courants semblables sur le fond mais fâchés sur des détails anodins. Jean Luc Mélenchon et Julien Dray ajoutent une pierre à l’édifice. La mouvance dont il gère la direction, se prononce contre une ouverture du gouvernement à des hommes de droite, contre la guerre du Golfe, pour le traité de Maastricht
En 1997, les socialistes doivent se trouver un chef, ainsi débute une course pour devenir Premier Secrétaire. Malgré un discours fort en émotion et resté dans les annales où il y cite des paroles qui lui aurait confessé Mitterrand, il échoue face à François Hollande. Un coup porté qu’il ressentira comme une blessure qui ne peut cicatriser. Il apprend à se méfier du socialisme.
En 2005, l’Europe réfléchit à l’instauration d’une Constitution. Un texte qui établirait les bases d’une réelle union aussi bien économique que politique. Un referendum doit avoir lieu et comme à l’accoutumée, les personnalités du monde politique se doivent de donner des consignes de vote à leurs sympathisants. Jean Luc décide de faire bande à part en ne se ralliant pas à la décision prise par le PS. Il se dit contre et commence sa lente, mais réelle, migration vers les franges extrémistes de la gauche.
Il vit ses derniers moments parmi ses camarades socialistes et n’arrive pas à se déterminer sur le choix du candidat pour les élections de 2007. Après avoir supporté Fabius, plus apte et plus expérimenté pour défendre les valeurs de la Rose, il décide finalement de se tourner vers Ségolène Royale. L’idée de créer son propre parti fédérant les forces de Gauche, comme le souhaitait Mitterrand, le contraint à claquer la porte du PS. Il ne se reconnait plus dans ses valeurs et se sent comme un étranger dans cette formation politique.
Le 1er février 2009, sur le modèle allemand du Die Linke, il crée le Parti de Gauche, un regroupement de toutes les gauches partageant les mêmes idéaux antis capitalistes, antilibéraux, rêvant d’une révolution par les urnes et pensant que le Grand Soir va bientôt tomber. Des courants fédérés désirant appliquer une gestion des affaires publiques similaires à celle mise en place par Hugo Chavez et par Evo Morales. La sublimation du socialisme grâce au soutien du peuple et des leviers de l’Etat.
Premier combat et première victoire personnelle, il réunit assez de voix pour s’asseoir au Parlement Européen. Très vite, il se rend compte qu’être député européen n’est pas un moyen pour pouvoir compter et changer le monde de demain. Les prérogatives sont trop limitées tout comme le temps de parole. Les députés ont une minute pour convaincre, on pourrait penser le concept d’un nouveau jeu télé mais ce n’est malheureusement pas le cas. Comment persuader vos paires avec un texte structuré, argumenté et cohérent en 60 secondes à peine ?
Ainsi, il vise la présidence de France et se présente à l’élection. Progressivement, des alliées le rejoignent, le plus prestigieux étant le PCF. Le Parti Communiste au glorieux passé, les heures où il parvenait à mobiliser des millions de personnes dans les rues sont bien loin. Une époque révolue, les poings levés, les petits livres rouges, les théories avancées par la Glorieuse Mère Russie sont rentrés dans l’Histoire. Des pharamineux 30% lors des élections jadis, il ne reste plus rien, des miettes aspirées par le socialisme. Le rouge s’est décoloré, la tâche de Mélenchon est de lui redonner tout son éclat.
Personnage médiatique, il aime prendre position sur des questions épineuses. Il se prononce contre le régionalisme et les langues locales, trouvant inepte cette forme de régression alors que l’idiome du pays est le français. Apprendre une autre langue peut être une richesse culturelle mais d’abord évitons de massacrer celle de Molière. Jean Luc Mélenchon est également par son malsain avec les journalistes. Un « je t’aime moi non plus » où d’un côté, les reporters sont jugés comme incapables et manipulés et de l’autre, un homme politique considéré comme populiste et traquant sans cesse les caméras de télévision.
Populiste, il l’est certainement, populaire, assurément, il suffit de voir les milliers de personnes se déplaçant dans des zéniths archi-combles et fondant de grands espoirs dans ce candidat. Un personnage haut en couleurs et qui n’a pas sa langue dans sa poche. Belle plume et grand orateur, il pèsera de tout son poids pour rappeler à l’ordre les hommes de gauche qui pourraient se perdre dans les chemins de la droite.