L’adoption par le parlement Grec des nouvelles réformes d’austérité a mis le feu aux poudres dans les rues d’Athènes dans la nuit de dimanche à lundi.

 

 

 

Tard dimanche soir, le parlement Grec a adopté, à 199 voix pour et 74 contre, le nouveau plan d’austérité prévoyant une diminution des dépenses de 3,3 milliards d’euros. 43 députés de la coalition ont voté contre et ont été, comme prévu, poussé dehors. Ces réformes étaient souhaitées par les bailleurs de fonds, la troïka (UE, BCE, FMI), en vue d’un deuxième plan de sauvetage du pays de 130 milliards d’euros. Il ne reste maintenant plus que l’accord des trois institutions qui devrait intervenir mercredi. Le même jour, un accord avec les créanciers privés du pays à propos de la restructuration de la dette, pourrait également être annoncé. Une décote d’environ 70% des titres de dette grecque détenus par les banques devrait avoir lieu. 100 milliards de dette grecque seraient ainsi effacés. Le but est de faire passer la dette du PIB de 160 à 120% du PIB d’ici 2020, un objectif qui pourrait tout de même être adouci autour de 125%. Ce nouveau plan d’aide permettra surtout à la Grèce d’éviter un défaut de paiement le 20 mars prochain, date à laquelle 14,5 milliards de dette obligataire arrivent à échéance. 

 

En contrepartie, le pays s’engage à 3,3 milliards de réduction de dépenses. Pour financer cette somme, l’Etat prévoit une réduction du salaire minimum de 22%, une réduction des effectifs de la fonction publique (15 000 postes supprimés), la réduction de leurs salaires de 10%. Les retraites seront elles aussi rabotées et le gouvernement va assouplir les conditions de licenciement. Les jeunes pourraient également être ciblés.

 

L’Europe se satisfait de ce plan mais ne semble pas tout à fait convaincue de sa mise en place rapide et craint semble-t-il un soulèvement massif du peuple. De plus, l’UE réclame 325 millions d’économies supplémentaires dans le budget 2012. La Grèce pourrait les trouver dans le budget de la Défense, le plus important de la zone euro en raisons des tensions récurrentes avec la Turquie.

 

Ce plan évite la banqueroute, ou tout du moins, la repousse. Mais il ne résout rien des problèmes qui touchent la Grèce dont la dégringolade semble sans fin. En janvier, les recettes fiscales auraient du augmenter de 9%. Elles ont chuté de 7%. Le pays connaît aussi une récession qui dure depuis 4 ans maintenant. 

 

Et si ça ne marchait pas ? Le premier scénario envisagé est une rémission complète de la dette et donc le placement en défaut total. Le second serait une sortie de la zone euro. Mais la Grèce n’exporte pas beaucoup (22% de son PIB). 

 

Outre l’aspect économique, cette adoption des nouvelles réformes a déclenché une nuit d’émeutes dans les rues d’Athènes. Les pompiers et policiers ont été mis lourdement à contribution. Les premiers luttaient contre les cocktails molotov des manifestants à coup de grenades et de gaz lacrymogènes. Certains casseurs ont profité du chaos ambiant pour incendier des bâtiments et piller des boutiques. Les Grecs se sont réveillés avec des pierres partout et des débris de verre à même le sol. Des violences se sont également déroulées à Thessalonique, la deuxième ville du pays mais aussi en Crète ou dans l’île de Corfou. Des touristes effrayés ont du se réfugier dans les halls d’hôtels.

 

Le premier ministre grec, Lucas Papademos, a dénoncé ce vandalisme et appelé les Grecs à se serrer la ceinture tout en reconnaissant que la pilule allait être dure à avaler.